Paroles et Musiques 2013 : Volo vole haut
Volo, 31 mai, Palais des spectacles de Saint-Etienne,
C’est bien d’offrir à Volo l’audience d’une très grande salle (c’est, du reste, leur volonté). Je leur préférerais néanmoins le confort d’une jauge bien plus modeste, plus naturelle pour ce qu’ils nous chantent, il me semble. Imaginez-vous, hier : bien trois mille spectateurs, la plupart venu pour un autre groupe qu’eux. Cette masse humaine donc et eux deux (Frédéric et Olivier Volovitch, les frères Volo, certes avec leurs trois complices de scènes, à la guitare, à la basse, à la batterie) à engager une chanson non intimiste mais qui est, plus que toute autre, l’intime, le fort intérieur, le ressenti de dedans, la quasi confidence. Par rapport à la société, à la politique, aux amis et aux autres, à la famille, à la femme qu’on a aimé, à celle qu’on aimera. Volo est une recherche intérieure, une plongée au cœur de soi, une psychothérapie, une analyse. Devant mille et mille personnes.
Il y a dans le chant de Volo une mélancolie forte, la tristesse, la soumission et le regret. Même la joie y est triste. Volo c’est un parlé chanté, c’est un monologue à deux, une souffrance partagée, la rare complicité entre deux frangins, en tous cas à ce point.
C’est tant le désir d’amour et le besoin de copuler (« C’est pas tout ça mais quand est-ce qu’on baise ? »), le trop plein même (« Ils ne font plus l’amour tous les jours »), l’analyse politique et sociale (« Quand j’srais membre du Médef », « Allez-tous vous faire réguler… », « On assume / Aucun doute j’ai un copain de droite »…), la difficulté de vivre ensemble (« Fiston ça va le faire / On va s’organiser / On va s’en sortir / Fiston j’aime ta mère / Elle va réaliser / Elle va revenir »), le regard sur soi (« Quand je croise un ado, je me fous de ma gueule »), sur les autres (« C’est le temps qui passe qui fait qu’on se connait »)…
Une chanson de Volo est par nature bavarde, qui prend le temps de développer une situation, de l’analyser. C’est l’intelligence même. Portée par deux voix presque plaintives, douloureuses et terriblement musicales à la fois. L’exercice de Volo est inédit dans la chanson, surprenant. Là, c’est étalé devant tout ces gens, dans l’impudeur du nombre, chanson-réalité qui éclaire leur dedans tout en questionnant le nôtre. Et c’est fou ce que le temps passe vite en la compagnie d’Olivier et de Frédo ! C’est pas qu’on plane mais, quand même, Volo vole haut !
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