A mort le Français ! (lettre ouverte à Geneviève Fioraso, Ministre)
« Si nous n’autorisons pas les cours en anglais, nous n’attirerons pas les étudiants des pays émergents comme la Corée du sud et l’Inde. Et nous nous retrouverons à cinq à discuter de Proust autour d’une table, même si j’aime Proust. » Ainsi Geneviève Fioraso, actuelle ministre de l’Enseignement supérieur de la recherche, en annonçant qu’on pourrait, désormais, en France, faire des cours et écrire des thèses ou des mémoires en anglais, va bien plus loin que tous ceux qui, avant elle, ont porté de sales coups à notre langue : elle revient, sans que cela ne semble choquer quiconque (pas la moindre Frigide Barjot n’a, me semble-t-il, manifesté de Bastille à Nation ; et Harlem Désir ne s’en est pas plus étouffé), sur la primauté et l’exclusivité du français dans la vie publique de France. Cinq cents ans d’Histoire sont ainsi foulés du pied (lire ici ce qu’est l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539) : si ce n’est déjà le coup de grâce, c’est au moins un mauvais service rendu à notre langue française, un jour de deuil pour le coup national.
C’est aujourd’hui, mercredi 22 mai 2013, que son projet de loi sera débattu à l’Assemblée nationale. Peu importe que cette « mesure » ne soit qu’une partie d’un plus vaste projet de loi, c’est bien ça d’ailleurs qui est grave : glisser, comme une banalité, une virgule, un quelconque paragraphe, la mort voulue, actée, de la langue française, subrepticement, est crime de faux-cul, d’irresponsable. Si madame Fioraso n’accorde que si peu d’importance à sa langue maternelle, qu’elle aille se faire naturaliser ailleurs !
Remarquez que cette brave dame ne fait que poursuivre les obsèques programmées de notre langue. Prenez le truc le plus inutile qui soit, la chanson, qui est quand même la forme artistique, culturelle (nous l’avons maintes fois écrit ici) qui nous est la plus fréquente de toutes (pas un seul jour sans que nous y soyons, de plein gré, de mauvais gré, confronté) : notre dénominateur commun. Qui se meurt, qu’on laisse crever. Quand on pense que notre plus grande émission de chansons, celle dont nous serions les plus fiers, serait Taratata, certes née jadis par et pour la chanson d’expression française, mais qui n’offre plus que des plateaux internationaux, des assiettes anglaises.
Prenez les plus grands festivals de chanson dans l’Hexagone… Tiens, Bourges ! Né par et pour la chanson française. Voyez comment et pourquoi il a viré.
Nous venons de vivre (façon de parler, on l’avait oublié celui-là) le Grand prix Eurovision de la chanson. L’essentiel des nations qui s’y convient ont abdiqué leur langue pour passer à l’anglais pour y être (sans blague) plus compétitives, plus attrayantes, moins ringardes : c’est effrayant ! Signalons toutefois que, cette année, la France y a chanté en français. Pas franchement dans l’air du temps…
De Carcassonne ou des Mureaux, de Rive-de-Gier ou de Mulhouse, le moindre petit con qui se met à chanter le fait désormais dans la langue de Thatcher. C’est pour le son, c’est pour le fun, pas pour ce qu’il dit, mais le dire est si peu important.
Oui, madame Fioraso, que me chaut que vous aimiez Proust. Que même vous aimiez Aznavour, Bécaud, Clarika ou Florent Pagny. Vous portez un mauvais coup à ce qui fait votre identité. Voyez comme notre langue, donc notre culture, notre pensée, notre unité, notre identité recule. Pour participer à la mort de votre langue, vous trouvez les plus mauvais justificatifs qui soient. Que Monsieur Universal fasse le choix de l’english pour ce qu’il lui reste de production discographique, je l’entends. Mal, mais je l’entends. Mais vous, ministre de la République, tout de même…
Allez, pour vous, aujourd’hui, je vous offre ma colère et ma sincère indignation. Et une chanson, une seule, mais en anglais. C’est la Marseillaise. Qui, comme hymne national, par vous je crois ne vaut plus rien.
« … L’Anglais, ne se contente pas de son rôle de langue commerciale, il lui faut s’imposer comme langue universelle à plus ou moins long terme. Confirmation de l’hégémonie américaine, sans doute illusoire, dans un futur pas si éloigné ? Peut-être. Mais aussi, plus subtilement, VOLONTÉ DE SOUMETTRE LE SENS A LA FORME.
… La poésie avec son aura d’imaginaire et de création mentale perd la majeure partie de sa force dans la traduction. Imposer une langue étrangère dans une expression littéraire, c’est CONTRAINDRE AU MINIMUM LE RAYON DE LA PENSÉE. Pire encore s’imposer ce choix comme le font d’ambitieux écervelés, à la conquête du marché international c’est de l’automutilation.
La colonisation, qu’elle soit ibérique, anglaise, française ou autre a toujours procédé de cette façon. Les langues autochtones qui expriment des connaissances particulières et des idées fortes ont ainsi disparu d’Afrique et d’Amérique du Sud. Des civilisations riches d’humanité ont été laminées et leurs richesses anéanties…
…Ceux qui trahissent leur langue dans leurs chansons se livrent à une transaction commerciale, ils ne peuvent prétendre à la dimension artistique sauf dans de très rares exceptions. Ils prennent aussi la responsabilité de la destruction culturelle, au profit d’une aliénation au mercantilisme. LA PENSÉE RÉDUITE OUVRE LA PORTE AU POUVOIR DE LA CONSOMMATION. C’est ce que souhaitent nos nouveaux maîtres. Les chanteurs français anglophones sont les « bons nègres » de la colonisation mondialo-libérale.
Résister à cette aliénation et retrouver simplement la saveur cachée de la liberté n’est pas une grâce qui tombe du ciel. Dès le plus jeune âge, on apprend à marcher, à parler, puis on apprend à lire, à écrire, à compter, à nager, puis encore à conduire. Pourquoi n’apprend-on pas à penser ? » (La Chanson de Proximité, chapitre « Le pouvoir des mots », éditions l’Harmattan)
(Les parties en majuscules ont été mises à dessein pour ce commentaire)
Quand à la Marseillaise on peut se permettre : le God Save the King des Anglais a été à l’origine composé par Lully et écrit par la duchesse de Brinon pour remercier Dieu d’avoir guéri Louis XIV d’une fistule !
Quel humour ces anglais … un hymne national dérivé de la fistule de Louis XIV, ça donne une nouvelle approche de la dignité de la cérémonie, chaque fois que je vais entendre l’hymne, j’aurais du mal à garder mon sérieux …Queen Elisabeth, je pense à vous …
» La langue de Montaigne n’est plus celle de Rabelais, la langue de Pascal n’est plus celle de Montaigne, la langue de Montesquieu n’est plus celle de Pascal. Chacune de ces quatre langues, prise en soi, est admirable, parce qu’elle est originale. Toute époque a ses idées propres, il faut qu’elle ait aussi les mots propres à ses idées. »
…Et la langue de Yann Queffélec n’est pas la même que celle de Proust …
» C’est en vain que nos Josué littéraires crient à la langue de s’arrêter ; les langues ni le soleil ne s’arrêtent plus. Le jour où elles se fixent, c’est qu’elles meurent. — Voilà pourquoi le français de certaine école contemporaine est une langue morte. »
Victor Hugo
Et le français n’évoluera plus si les étudiants écrivent leurs thèses en
anglais, ce sera bien en effet une langue morte .
Allons nous sacrifier des siècles de richesse culturelle sur l’autel du mercantilisme international ?
Mes amis, Michel (X2) …Cher Norbert, fidèle Danièle, je ne saurais laisser passer cette lettre ouverte sans me joindre à votre concert qui pour le coup n’a rien pour nous enchanter !
J’avoue qu’en ce moment , en ce détestable mois de mai qui nous refuse sa lumière, son soleil tant espéré, en cette période où j’essaie de digérer la décision prise il y a un mois d’abandonner le projet d’un 11ème festival, quand France Inter s’apprête à condamner au silence « Sous les étoiles exactement… » j’aurais envie de crier, de vociférer, de me laisser aller aux pires injures…mais je vais juste me contenter d’espérer que nombreux seront ceux qui consulteront Nos Enchanteurs, qui laisseront un commentaire pour que nous trouvions l’espérance et l’envie d’écrire dans notre belle langue de chez nous sur ces artistes de la Chanson ici …et ailleurs !
Si vous saviez le bonheur d’encadrer un atelier d’écriture …si vous saviez ce qui se partage dans ces lieux là …
Allez, pour moi , c’est demain matin , comme chaque semaine …
Cette déplorable décision renvoie à un temps que je n’ai pas vraiment connu, ou si peu, le temps des collabos qui se soumettaient aux hégémonies envahisseuses, et qui rajoutaient des codicilles que l’occupant n’avait pas pensé à imposer. C’est comme Monsanto, avec ses semences OGM qui ne feront pas parler les tomates en anglais, mais c’est tout comme !
Le chant des partisans, c’est bien par Léonard Cohen, mais c’est encore mieux par Anna Marly. En français !
C’est l’aboutissement d’une société ou l’on zappe devant des écrans et ou la littérrature et l’art sont réduits à portion congrue……Il semble que cette mesure en discussion aujourd’hui soit réservée aux filières scientifiques (et soutenue semble-t-il par de nombreux scientifiques qui utilisent l’anglais pour etre publiés ) mais il y avait dans le journal un texte trés intérressant et trés clair de personnalités étrangères qui expliquaient qu’évidement la perte du Français ne favoriserait nullement la France , que le problème etait ailleurs dans les tracasseries administratives que subissent les étudiants étrangers et que ce serait une perte également pour eux car la langue porte une pensée; et que nous ne devions en aucun cas aller dans ce sens-là.
Que la langue Française, notre langue.
Qu’elle soit la plus misérable possible.
Elle est mienne depuis que je suis né.
Mes premiers mots étaient maman, papa
et des je t’aime balbutiés avec cœur.
Alors même si elle ne fait pour vous
aucune lumière pour la considérer poésie futur
Moi, je ne la porterais pas sous mon bras
sous une ombre et avec honte, mais en la brandissant
haut et fier car elle est simplement, dignement, mienne!
Les pygmées ne parleront plus Aka, mais anglais
si un jour…
A moins que la Chine bouleverse le monde ?
Alors messieurs dames grands penseurs
Devons nous nous préparer à s’agenouiller d’une façon
anglaise ou chinoise ?