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Leny Escudero à l’apprentissage de la vie

Leny EscuderoJe ne suis pas souvent satisfait des autobiographies des chanteurs. Ils sont souvent meilleurs dans leurs chansons que devant leur miroir et je ne parle pas de celles qui sont écrites par un nègre (pour les jeunes lecteurs, je ne parle pas d’un homme d’une autre couleur, mais d’un auteur anonyme prêtant son talent à un handicapé de l’écriture).

Non. Le chanteur ordinaire raconte le plus souvent des banalités sur son enfance et sa jeunesse, puis la chance qu’il a eue de rencontrer Machin et une succession d’anecdotes identiques ou peu s’en faut d’un auteur à l’autre.

Lorsque j’ai pris en main Ma vie n’a pas commencé de Leny Escudero, je savais que ce livre échapperait au cliché susdit. D’abord parce, que pour avoir croisé l’homme quelques fois, je savais qu’il ne pouvait tomber dans le discours banal, que le nombrilisme n’est pas sa qualité première et enfin que j’allais forcément y retrouver la trace de cette humanité qui nous échappe peu à peu dans un monde où l’image passe avant la réalité. Ensuite parce que le parcours de Leny est suffisamment atypique pour apporter au lecteur autre chose qu’un témoignage de plus sur les coulisses du show-business.

J’ai pris tout le temps possible pour le lire, comme on fait durer sur les papilles la saveur d’un met délicat. La forme s’y prête : des chapitres brefs comme des fables, colorés de détails essentiels et la verve populaire, jamais vulgaire, qui ne trompe pas ; c’est bien le même Leny Escudero que celui des chansons. Ce livre est en fait une suite de chansons en prose, la musique est en kit, vous la monterez vous-même au rythme de vos émotions.

On y retrouve la vie avec ses drames et ses facéties et les leçons qu’elle donne à qui veut la comprendre. De la boue des canalisations parisiennes en construction aux lumières de la scène, le décor évolue, les usages changent, mais l’homme reste debout, fidèle aux valeurs qui l’ont fait tel qu’il est ; il n’y a pas de compromis possible avec la dignité. L’homme du bâtiment qu’il fut, pour gagner son pain, a appris dans la sueur et la douleur les règles de la construction ; il ne les oubliera pas en construisant sa vie, contre vents et marées, refusant les apparences trompeuses, évitant les pièges de la facilité, parce que la liberté s’apprend dans l’intelligence et qu’elle n’a pas de prix pour lui.

Héros inconnus, voyous sympathiques, braves gens au coeur immense, militaires attendris, stars fragiles, riches ou pauvres, les rencontres de Leny sont toujours passées au crible de leurs actes qui les grandissent ou les rapetissent à nos yeux sans jugement a priori. Untel peut être un salaud avec élégance et tel autre un crétin de génie. Demain je crois que j’observerai mes voisins avec un regard différent.

J’ai refermé le livre, oubliant la morosité de l’actualité. J’attendrai le tome 2 le temps qu’il faudra…

Leny Escudero, Ma vie n’a pas commencé, Cherche-midi éditeur (2013). On lira aussi la chronique de Fred Hidalgo sur son blog « Si ça vous chante » : c’est ici.

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Une réponse à Leny Escudero à l’apprentissage de la vie

  1. Norbert Gabriel 20 mai 2013 à 9 h 48 min

    C’est un de ces hommes qu’on croise une fois, et qu’on oublie plus,.. Je l’associe souvent à Pierre Rabhi. Des porteurs de lumière comme il y en a peu .

    Répondre

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