Anne Sylvestre, juste un disque de femme
Il y a eu son jubilé et le raisonnable lot de galettes le célébrant, puis, il y a peu, un disque de reprises, Parenthèses de son œuvre où elle nous dévoilait deux titres de son nouvel opus alors en gestation. Que voici, six ans après Bye mélanco, son dernier album original. Nous en connaissions aussi deux autres chansons : Juste une femme et Je n’ai pas dit, étrennées lors de ce formidable Carré de dames partagé avec les Bihl, Miravette et Daniel (lire ici la chronique de scène de NosEnchanteurs).
Même et surtout si elle clôt l’album, la chanson-titre (qui déjà s’inscrit dans la longue liste des classiques de notre chanteuse) donne le ton de ce présent opus, l’entérine, en pointant le constant harcèlement fait aux femmes, le traquant, le dénonçant : « Mais c’est pas grave / C’est juste une femme / C’est juste une femme à saloper / Juste une femme à dévaluer. » Même jaune, l’humour de la dame accentue la gravité d’un propos qui n’appelle aucun commentaire sinon la condamnation. Malgré d’autres pièces d’importance, c’est ça qu’on garde, cette colère, au terme d’un album qui ne parle fondamentalement que d’amour et de liberté. Et, d’un vers à l’autre, d’absolue dignité.
Comme pour Violette, cette vieille dame qui ne supporte plus d’être raillée, qu’on lui casse les pieds et le dit haut et fort. Dignité revendiquée. Ou pour cette Lettre d’adieu dont on ne modifie pas le terme, l’histoire étant si belle… Amour et liberté. Parfois Malentendu comme cette presque fable éponyme si belle et rassurante, sur un « amour » banal, limite fade, mais un amour qui tient, qui a tenu. Car « Les sentiments sont fatigants » dit L’habitant du château, affirmation qui ça semble partagée sur d’autres plages du disque même si Sylvestre contrecarre carrément, avec la grâce d’une pirouette : « Je n’ai pas dit mon dernier mot d’amour / Il était là posé en filigrane. » L’amour se dispute, se discute, s’interroge, doute et s’affirme en ce disque. Un disque de femme, juste un disque de femme.
Saluons l’élégante formation musicale de cet opus : Nathalie Miravette au piano, Chloé Hammond aux clarinettes et Isabelle Vuarnesson (juste des femmes…). C’est cette formation qui accompagnera Anne Sylvestre ce mois-ci au Casino de Paris.
Anne Sylvestre, Juste une femme, EMP/Universal (2013). Anne Sylvestre sera le 15 mai sur la scène du Casino de Paris.
La recette des » Calamars à l’harmonica », je la connais par coeur . C’est normal, je suis « Juste une femme » . Mais je n’ai pas mis « les topinambours et les chansons d’amour aux oubliettes » .
Merci Anne de chanter encore pour notre bonheur . » Juste une femme » et toutes ces choses pleines de tendresse, d’amour et de colère du » p’tit sac à dos » je les ai reçues reçu 5/5 , jusqu’au dernier mot d’amour …