Liz Cherhal, artiste à sang pour sang
Liz Cherhal, 31 janvier 2013, Espace Jemmapes, Paris
« Il est arrivé quelque chose… » A la sortie de son premier album, j’avais osé titrer à la manière d’un quelconque France-Soir, d’un vulgaire Rance-dimanche : « Cherhal killer », tant cette artiste-là aime à dégommer dans ses chansons, en venir au sang, au sans, au sens de plus rien. Un peu comme une Landru au féminin, une femme au poêle. Remarquez bien sur son accordéon : les touches sont toutes noires (oui, je sais, j’anticipe, ça viendra…). Liz Cherhal est une récidiviste qui, sur chaque nouvelle scène, déglingue à qui mieux mieux. Certes c’est une femme adorable mais c’est un K, ajouterait, perfide, l’HK. Une qui a dû voir tout Chabrol, qui lui-même tenait pas mal de choses d’Hitchcock : chaque chanson est une mini-dramaturgie qui va crescendo dans le dos, avec le tranchant du couteau. Une psychose. Car « en amour je comprends que dalle. » Avec Liz l’interprétation est volontairement en retrait : c’est la compassion, l’angoisse, le suspens qui font relief. C’est mené tambour battant, avec ses deux collègues musiciens (l’un à la contrebasse, l’autre aux guitares, elle parfois à l’accordéon), plaisant, dynamique… Et, d’un rien, elle dérape ! Tiens, d’un repas de famille : suffit du rituel « Tu vas bien nous chanter une chanson ? » pour que ça devienne vite insoutenable, pression, presque torture. Suffit d’une anodine balade en bord de routes pour que s’affiche au compteur le nombre de tués sur la route : c’est aussi cruel que mortellement désopilant et, là, on suspecte Cherhal de faire son beurre avec le budget de la Prévention routière (on croque les sous, on croque les morts). Ça et autres choses encore, comme cette petite handicapée qui appelle la mort, l’attend… Le ton est souvent grave chez Liz avec cependant, parfois, ses digestes traits d’humour, mais pas toujours. Aux mots elle joint les gestes, heureusement décalés : ceux d’une chanteuse sexy-rock, de celle qu’on imagine bien dans un répertoire futile, braillant des textes qui en se soucient de rien sinon à faire du bruit. Tel n’est pas le cas, on le sait, mais c’est la soupape. Même quand elle rend hommage, c’est risqué. Comme quand elle chante, sans doute pour saluer son aînée présente dans la salle, le Pour jouer avec maman d’Anne Sylvestre. Qui plus est admirablement. Là encore les mots jouent à cache-cache… Vraiment Cherhal est singulière. Pour se distinguer d’une chanteuse homonyme ? Elle n’en n’est alors que plus proche d’une marque de viande sous vide, elle la tueuse, la killer, la superbe Attila de la chanson. Une artiste vraie, à sang pour sang.
Notons que ce soir-là la scène était partagée avec Jeanne Garraud. Dont NosEnchanteurs a souvent parlé. La dernière fois c’était là.
Le site de Liz Cherhal, c’est ici. Liz Cherhal sur NosEnchanteurs, c’est ici et ça vaut le jus.
Liz Cherhal, c’est une belle découverte il y a quelques années, au Café de la Danse, seule à l’accordéon, une sorte de mini festival avec des invités seuls en scène, il y avait aussi Bab’X, et je me souvient bien de son numéro avec la maison des Ronchonchons, un très bon moment.
Liz me trouble.. je me souvienS aussi qu’elle m’avait accordé un entretien impromptu, il y avait aussi Camille Bazbaz… Si quelqu’un se souvient du nom de ce mini festival « seul en scène » ??
Je l’ai découverte il y a deux ans sur une petite scéne à Toulouse.C’est de la dynaminte,un petit pain de TNT.Elle a un vrai univers.Je l’a trouve bien supérieure à sa soeur Jeanne qui elle au bout de 10 ans de carrière tourne en rond et a dèjà l’air blasé.