Gauchy 2013 : Arthur H, le baiser de la lune
Arthur H, 4 février 2013, festival Les Voix d’hiver, Maison de la Culture et des Loisirs, Gauchy,
« La nuit nous amène au baiser de la lune… » Un piano tout noir, un chanteur vêtu de noir, cheveux en bataille, barbe de quelques jours, décontracté. Une soirée comme une nuit fatiguée, qui s’étire en son cœur, des histoires fantaisistes, fantasques, fantasmées, quand la parole s’affranchit de toute réalité et s’en va explorer d’autres confins, que le vrai s’accoquine avec le faux, que sur l’écran de ses nuits blanches on se fait son cinéma : « Est-ce que tu aimes / Dans les westerns ? » Jamais le chanteur de la nuit qu’est Arthur H ne sera aussi bon, aussi vrai que dans son rapport seul à seul avec son piano. Deux touches une portée et il est à Los Angeles, deux blanches une noire et c’est New York : l’Amérique à portée de doigts ! C’est voluptueux, c’est beau, beau comme Bo Derek. Le coeur et le corps du chanteur vagabondent. L’esprit s’égare dans la mélancolie, dans le regret. Puis vaque à l’aventure, à la recherche d’une pépite, lui le chercheur d’or : « Oh ! Marie (…) Ici ça va, ici c’est bon, ici c’est chaud / Je suis sauvé ! » Ici on erre à Luna Park, là… On rêve, les yeux mi-clos. La nuit est lourde et légère à la fois. On se laisse bercer. Parfois le chanteur nous sort de notre torpeur, le temps d’un clin d’œil, d’une complicité, presque d’un baiser : « Je voudrais nous souvenir de nos baisers et de nos vies… » Entre une tournée de groupe pour partie achevée et un autre travail de longue haleine (« L’Or noir », avec Nicolas Repac), Arthur H a fait cette pause piano bien venue, hors du temps mais dans le tempo, à revisiter parmi ses plus belles chansons. Du lent, du langoureux, du parsemé d’étoiles : « Pourquoi la vie est si belle ? »
Oui, Michel que cette pause piano est bien venue …! je me régale en ce moment de son double album. Cet homme est un cadeau pour ce monde que nous partageons, celui de la chanson qui nous prend le coeur et nous entraîne dans tous ses émois, émotions.
Vu hier Arthur H, piano solo, accompagné par David Walters, cristal et percussions Baschet, plus un instrument à bouche non identifié (?) dans le cadre du festival Avec le Temps à l’Espace Julien à Marseille. Autre pause dans la tournée l’Or noir, où Arthur revisite son répertoire, avec des chansons de l’album Baba Love comme de plus anciennes. Une voix toujours incroyable, de la poésie, de l’humour, du métissage, des improvisations très jazz qui n’en finissent pas (et on en redemande), une générosité absolue (plusieurs retours sur scènes après les rappels, chaque fois avec 3 ou 4 chansons). On est sortis « épuisés mais heureux »à 23h30 après 3 heures debout, piétinant et dansant sur place (début concert 20h30 avec trois quart d’heure de l’excellent chanteur allemand, Mellow Mark au répertoire lui aussi métissé tant par le style que par les langues qu’il chante).