Gauchy 2013 : les pointures se pointent chez Lapointe
« Mon fils tu as déjà soixante ans / Ta viell’ maman sucre les fraises / On ne veut plus d’elle au trapèze / A toi de travailler il serait temps / Moi je veux jouer de l’hélicon / Pon pon pon pon. » Connait-on, tonton, tout son Boby, bibi ? Ben non. A revisiter Boby Lapointe, le « repiquer » comme ils disent, comme on le ferait tant d’un clou que de boutures, sa petite-fille Dany (productrice de ce spectacle) et Yéti, Dimoné, Presque Oui, Evelyne Gallet, Imbert Imbert et Roland Bourbon font oeuvre de salubrité publique. Non qu’ils dépoussièrent Lapointe, le dérouille (le natif de Pézenas est un des plus repris qui soit), mais ils l’envisagent sur toute son œuvre, dans l’humour et les calembours qu’on sait, certes, dans le reste aussi. C’est tout Boby, ou peu s’en fout. Si des avanies et framboises des Aragon et Castille, sont ici occultées (manque de place, trop connues), d’autres arrivent comme neuves à vos oreilles, des tendres comme pas permis et d’autres, euh… curieuses : « Hmm, arrêtes arrêt’ / Hmm, ne me touch’ pas / Je suis une idole et tu n’es qu’une enfants / hmmm ! »
Six sur scène, si différents. Troupe improbable, ici probante, addition d’arts et d’approches. Chacun fait c’qu’il lui plait, c’qui lui convient. Chacun prend sa part de Boby et le fait sien. De fait, Gallet fait du Gallet (« Depuis l’temps que j’l’attends mon prince charmant / Voilà j’arrive mon aimée / Fais sécher tes culottes au mépris des méchants »), Dimoné du Dimoné, Imbert Imbert de l’Imbert Imbert, Yéti de l’Homme des neiges, Defever du Presque Oui… Et Bourbon agréable ivresse, un rien déjanté, décalé comme il faut, trône à sa batterie, avec sa tenue des plus seyantes, blouse et slip.
Chacun son bout de Boby, dans l’excellence de son art. Le décomplexé pour Evelyne, le tendre pour Thibaut, l’incongru pour Yéti, le précis pressant pour Dimoné, le quasi lyrisme pour Imbert dont la voix fait corps et vibration avec l’instrument. La joie est autant sur scène que dans la salle. Ailleurs même : « La joie de ton chat se lit dans tes prunelles / Je sais bien qu’il n’est pas repu d’si peu / Mais je vois dans tes yeux qu’il est heureux. »
Tous fanfarent et fanfaronnent, tous fêtent Lapointe qui n’a sans doute jamais connu telle fête. Que des bons, que des pointures ! J’vous l’jure : y’a pas d’bobo, Léon !
Prochain « Boby Lapointe repiqué : Comprend qui peut ! » le jeudi 7 février au festival « Les Poly’Sons » de Montbrison (42).
De ce spectacle très en pointe sera bientôt tiré un disque. Pour lequel on peut souscrire dès maintenant. Cliquez ici : Souscription Comprend qui peut
Boby Lapointe , un de mes chouchous , le seul qui a mis de la poésie jusque dans les mathématiques . Et avec tous ceux là, il a trouvé chaussures à son pied (de nez) .