Monsieur Poli, sa Sève, un surfer et quelques souchonneries
Monsieur Poli et Sève, samedi 12 janvier, Bussy-Saint-Georges
Sans être star, Monsieur Poli est, là-bas, au coeur de la vieille ville de Bussy-Saint-Georges, une vedette. Tant qu’on vient de monter toute une soirée autour de lui. D’abord des amateurs de la commune pour une solide mise en bouche : des interprétations chantées, des adaptations théâtrales de chansons de Gérard Poli, le Monsieur de la chanson. Oh, bien sûr, de telles reprises, qui plus est en collectif, touchent rarement l’émotion mais proposent une lecture autre, intéressante, pour le coup pas encore vue. Comme cette (formidable chanson) Garde des sentiments, si ingénieuse dans l’approche… Et encore « S’il faut une chute / Approche-toi là / Tu tombes très bien / Que je m’accroche à ta chute de reins » qui, par les mystères de la réinterprétation, finira en… chute de rien !
Bon, la vedette s’appelle quand même Monsieur Poli. Et Sève. Poli et Sève tant il est vrai qu’ils sont désormais inséparables. Lui au micro se promenant dans ses chants ; elle à la harpe qu’elle caresse autant qu’elle combat. A la voir on penserait presque à l’ami François Pierron (l’alter-égo de Loïc Lantoine) livrant ses nocturnes combats avec sa contrebasse.
Permettez-moi cette facile expression : Monsieur Poli a la politesse du talent. Il vous narre de petites choses finalement, qui toutes rejoignent nos grands rêves, nos grands sentiments, l’essentiel, l’universel. Pareillement à l’Alain, Monsieur Poli souchonne et rejoint à sa manière, avec ses mots à lui, le chant des foules sentimentales. Le personnage le plus emblématique de son univers (c’est le cas de le dire) est sans doute Le Surfer d’argent, ce super-héros cosmique peint à l’aluminium et englué d’ultra-moderne solitude et d’incompréhension. Comme ce Poli qui, face à la séparation de deux amis, étudie ce que doit être La Garde des sentiments. Solitude, amitié, compassion empathie, solidarité, événements minuscules et émotions majuscules, l’intime et ses contours, les codes de la consommation, un « vernis de culture générale » aussi, le répertoire de Poli trempe ses pinceaux dans ces couleurs-là qui teintent l’air du temps. Lui ne regarde pas sous les jupes des filles, car Les filles sont nues sous leurs vêtements et c’est avec des lunettes aux rayons x qu’il les mate : y’a-t-il vraiment choses plus essentielle dans la vie que ces filles-là qui nous mènent le monde et nos vies agitées ? En cette soirée d’anthologie, on retrouve bien sûr l’essentiel du dernier album de Monsieur Poli (Les chutes, Pompidou…) qui date déjà. Mais, nouvelles orchestrations, en ce duo étrange énigmatique, hypnotique presque, entre cette harpe sui se dandine, se dodeline, et cette voix, juste en équilibre sur les cordes. Ça fonctionne à merveille. Il y a aussi ses nouveaux titres qui se languissent d’un futur album : la même veine, toujours, « Si tu connais le bonheur / Par hasard / Passes-lui le bonjour / De ma part. » Il est temps que Monsieur Poli nous revienne sur des scènes enviables, en des festivals, qu’il fasse entendre sa douce voix éraillée, cette poésie étrange et chaleureuse qui le caractérise. C’est période de vœux et on lui souhaite un bel album à venir et les concerts qui vont avec. Vous découvrirez alors un chanteur précieux au-delà des mots, indispensable même.
Le site de Monsieur Poli (pas très à jour, hélas…), c’est ici.
C’est vrai qu’il y a un peu de la nostalgie désabusée de Souchon dans les chansons de Monsieur Poili, avec ses mots à lui, et cet accompagnement particulier à la harpe . Un duo qui fonctionne à la perfection . Il me tarde d’en découvrir plus sur eux, on a pas grand chose sur leur site .