Alexis HK, nettement au-dessus du lot
Alexis HK, 22 novembre 2012, Le Quarto à Unieux, festival Les Oreilles en pointe,
Selon l’instant il est ou carrément folk-song ou solidement rock. Même, avec un plaisir certain, un peu moyenâgeux, dans la forme comme dans l’intonation et le verbe soyeux, tel le ménestrel qu’il est de ces temps incertains, faim du monde mais soif de vivre. On a même voulu voir en lui un rapeur, un slameur, alors qu’il n’est que chanteur, à simplement envisager son art en toute sa dimension, en toutes ses fonctions, à le nourrir de mots à foison, jamais rassasié, soucieux de la mastication du verbe, de ces mots lettrés et populaires faisant cause commune sur de mêmes portées. Alexis HK est un mystère au dos duquel on a du mal à coller une étiquette, encore moins un code-barres. Il est comme un raffinement de la chanson, nettement au-dessus du lot, luxueuse et magistrale excroissance de son art aux vers surnuméraires. Longtemps à la marge de la reconnaissance publique, Alexis HK s’est finalement bâti une jolie réputation. Il est L’homme du moment. Il fait en conséquence salles combles et, fort d’une relative aisance financière, peut augmenter son staff scénique. Quatre musiciens à présent, dont la voiture-Ballet (Matthieu, qui a signé de nouveau la réalisation du nouvel album), pour une traversée fiévreuse où chacun donne son dû et plus encore, dans une belle complicité : ça se sent, ça se vit.
Le concert est fait essentiellement du nouvel opus, Le dernier présent. Et en autres présents quelques fameux standards (Coming out, C’que t’es belle, Comme une vierge, La maison Ronchonchon…) tous aussi bavards et de bon sens. Prestation impeccable d’un chanteur classe, stylé (« chef de file de mon style »), aussi soucieux du vocable (le sens comme l’effet) qu’il l’est de son public. C’est dire.
Il y a en HK une constante recherche. Sur lui, sur nous en ce monde. Qui est-il, qui sommes-nous ? « Fils de hippies, fils de centristes, fils des enfants de mai 68, fils de l’idéal du Général / Fils errant dans l’ère Mitterrand / Fils de la bière et du néant… » Où allons-nous, une fois passée la proche fin du monde ? C’est plein de sentiments. Plein d’histoires aussi, sordides, stupides ou truculentes c’est selon, écrites à la manière de fables. Un nain volant par ci, une fille de fossoyeur par là, des minables qui ronchonnent, l’Alexis se plait à conter sur ses doigts qu’il pose là où ça chatouille, parfois gratouille. L’un dans l’autre, c’est d’abord une mélancolie heureuse qui irradie sans mal le public. Beaucoup ne le connaissait pas ici et c’est bien là l’intérêt d’un festival ; mais tous, toutes, finissent debout, le temps de plusieurs rappels, d’une générosité sans fin. Alexis HK est de ceux qu’on n’oublie plus après l’avoir vu en scène.
Le site d’Alexis HK, c’est là.
Alexis HK, une certaine idée de la chanson …Et le clip est génial !
à la 2Deush à Lempdes, le 11 décembre . J’espère pouvoir y aller .