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Christopher Murray : la belle traversée

Enrichi de multiples collaborations, de projets collectifs et d’expériences scéniques diverses dont la dernière en trio, Christopher Murray nous revient avec un quatrième album pour un étonnant voyage d’un océan à l’autre, d’une rive à l’autre, d’un univers à l’autre. Rien d’étonnant d’ailleurs pour ce stéphanois qui a un pied de chaque coté de la manche. Mais cette belle traversée musicale est loin d’être une course en solitaire. Il a comme équipiers des auteurs tels que Lalo, Gil Chovet, Bruno Ruiz ou Philippe Cléris… et une foule de musiciens, de choristes, véritable armada dont les nombreux instruments sont capables de nous emmener dans des contrées musicales aussi diverses que le folk aux accents celtiques, le rock ou le baroque (Hymne à la croissance). On savait Christopher Murray artisan appliqué, compagnon du tour de chant et ce disque est témoin de cette trajectoire à l’instar de l’œuvre accomplie avec le souci de la perfection et le savoir-faire accumulé au fil du temps, au fil de sa traversée.
C’est en sifflotant que Christopher ouvre cet album, comme pour en donner le ton. Ce voyage, pourtant si grand d’un océan à l’autre, sera d’abord celui de l’intime, du rêve, de la mémoire. Il y a ce rêve étrange avec ces « robes de velours » qui dansent au rythmes mêlés des percussions orientales et d’un rock celtique. Et, comme en écho, ce quotidien froid et désincarné (Parking-Brouillard) qui égrène son rythme régulier et monotone, qui résonne, au fil de la musique, comme un appel au large, à l’espace, ce quotidien dans lequel on s’installe avec son  enfance dans sa poche, « Comme des p’tits cailloux qui ricochent / Des fossiles. » Elle est pourtant là, bien vivante et présente, l’enfance puis l’adolescence avec l’évocation de le Rue Désiré, premiers je t’aime, premières rengaines, premières clopes écrasées. Entre nostalgie et regard ironique jeté sur les renoncements et les petites trahisons (Post-it), Christopher n’oublie pas de nous rappeler quelques-unes de ses convictions, que ce soit avec malice (Si tu n’es pas boursicotable) ou, évoquant avec subtilité le chef indien Taureau assis, quand il s’insurge avec poésie contre ce monde ou l’homme n’a qu’un credo : « Mais toujours plus il faut qu’il possède / Il sait si bien faire depuis si longtemps / Et c’est toujours la même cause qu’il plaide / Investir, gérer, croissance, bilan. »
Du bel ouvrage pour ce voyageur, baladin aux « pieds nus » qui nous embarque avec son « chant d’homme » sur son « chemin d’homme », cet assoiffé d’humanité qui le clame avec justesse empruntant les mots  de François Villon (« Je meurs de soif au bord de la fontaine »). Une bien belle traversée !

Christopher Murray, D’un océan l’autre, autoproduit, 2012. Le site de Christopher Murray, c’est ici. Nous reviendrons très vite sur Christopher, par le concert de présentation de ce nouvel opus qu’il vient de donner au Chok-Théâtre à Saint-Etienne.

 

 

Une réponse à Christopher Murray : la belle traversée

  1. Norbert Gabriel 24 novembre 2012 à 11 h 23 min

    J’ai un faible pour sa chanson « géométrique » avec les amours impossibles des parallèles .. et aussi « mon autre pays » …
    Une visite chez le marchand s’impose … ou sur le site … Petit papa Noêl, prends des notes…

    Répondre

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