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Au « Cabaret de la Méduse » des Deux figurants

Les Deux figurants (photo Festiv’Art)

Le 16 novembre 2012

Depuis leur rencontre insolite en l’an 2000, dans un casting de figuration pour l’Opéra de Bordeaux ces deux là, Claude Clin, pianiste compositeur et Fred Guerbert, auteur et comédien, ne se quittent guère. C’est donc Mozart et la Clémence de Titus qui les ont  réunis et leur ont inspiré leur nom de scène, ce qui  souligne déjà la poésie et l’autodérision dont ils ne se déparent jamais. Les voici qui débarquent au Centre Léo Lagrange de Foix en avant première du Cabaret du Rire (rendez-vous de pas mal d’hurluberlus sous la houlette de Patrick Viac, mon partenaire en scène, le samedi 17…) C’est un amusant clin d’œil de leur vie d’artiste car c’est là qu’ils ont été hébergés en 2006, lors de leur passage sur la scène du tremplin Festiv’Art.

Le temps de métamorphoser la salle à manger en petite salle de cabaret, de déplier, assembler le piano  vintage Yamaha CP80 (un avant –goût du spectacle !) de faire les réglages son et lumières avec les moyens du bord et surtout le dévouement des bénévoles…de troquer les tenues de voyage pour les tenues de scène (c’est important et Fred et Claude ne l’oublient jamais !) la magie du spectacle vivant peut opérer !

Mais pour qui ?

Nous sommes jeudi, la petite ville de Foix ne dort pas encore mais la population étudiante du Centre Universitaire tout proche est plutôt dans les bars…peu de chance de les voir s’intéresser à cette soirée Chanson largement annoncée. Et pourtant quelques adolescents sont là… Je m’en étonne mais j’apprendrai  qu’ils s‘agit d’élèves du Centre d’Apprentis qui logent là… quelques amis, quelques visages connus de Festiv’Art… Finalement un public plus éclectique que d’habitude en Chanson …C’est bien !

Et voici que commence le spectacle. Même si Fred et son mètre 92, son accent de parisien des faubourgs, arrive sur le ton de la galéjade, même si Claude s’installe au piano avec sa bonhommie coutumière et ses yeux toujours prêts à rire derrière ses petites lunette rondes, la première chanson   sur la cinquantaine Je crois que je file un mauvais coton… / Fatigué le pur sang arabo andalous…n’incite pas vraiment à sourire… Et je me prends à craindre pour le public des ados !! Mais dès la deuxième chanson Germaine la danse, c’est parti pour cette galerie de portraits que ce duo a l’art de dessiner. Ah ! Cette Germaine on ne résiste pas à ses gambettes, elle nous entraîne dans ce Paname de cinéma, dans ces cabarets louches où traînaient les maquereaux, les truands et les apaches, le tout pas riche ! … C’est ainsi que se poursuit le concert, nous baladant aux accents du  piano de Claude qui se joue de tous les rythmes, de tous les styles, se jouant aussi de quelques sons électro sur son sampler.

Les textes sont oniriques, tendres, érotiques (quelle savante audace ce tango bolivien qui ne flirte jamais avec la vulgarité !) parfois délicieusement obscurs, comme cet ange déchu tombé du ciel ou cette belle Emma qui se languit du peu de talent de ses amants, émouvant ce Dimanche qui traîne, Il y a des jours on dirait des semaines, ce corbillard cahotant qui avance Au bout du chemin qu’est ce qu’il reste / Trois ifs écrasés de soleil  …Mais l’humour, la dérision, la satire, la franche comédie viennent aussi offrir une respiration attendue : Fred et sa soudaine métamorphose en ballerine (si, si ! un triple saut de carpe !), la parodie des slows langoureux des années 60, et es personnages évadés d’un mauvais sitcom. Ce sont sans doute ces chansons là qui ont valu aux Deux figurants d’être invités au Cabaret du Rire. Mais bien sûr c’est un rire qui dénonce : la bêtise, l’impudence des nantis comme cette reprise reggae de la chanson de Bruant Ah ! Les Salauds, l’enfance pas toujours heureuse avec ce garçonnet qui met des fourmis dans son slip pour vaincre son ennui dans le jardin de grand-mère  ou  la désespérance d’une vie sans âme mais qui fait dire A part ça je crois qu’ça va… Et toi ? Et que dire enfin de cette chanson évoquant les perdants de ce monde de la chanson qui cantonne les artistes dans les seconds rôles : Nous sommes les troisièmes couteaux/ ceux qui l’ont toujours dans le dos/ les radiés de la radio/ les recalés de la télévision… les Poulidors de la chanson… Et ce terrible constat : On avance en zigzaguant/ On se plante et l’on s’échoue/ A la mode de chez nous… 

Est-ce là l’explication du nom de leur spectacle ? S’agit-il de la méduse échouée sur le sable ?  L’association Festiv’Art, elle, n’adhère pas à l’image. Après leur passage sur la scène de l’Ourdissoir à Lavelanet pour le Printemps des Poètes 2011 avec « Vagabondages » un concert spécialement créé pour l’occasion, en 2013 ils animeront le prochain atelier d’écriture pendant le festival.

Le site des Deux figurants, c’est ici.

 

 

 

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