Prémilhat 2012 : Morel, chauve qui peut (l’avis)
C’est « Un bon gars / Pas dégueu » qui investit la salle et la scène, au préalable aménagées avec soin. C’est que l’homme est raffiné et que, même si ses vers doivent froisser le Vatican et La Mecque, les mecs coincés et les nanas frigides, il tient à montrer, par l’exemple, qu’il est de bon goût et fort aimable. Là, il est version « tout seul » en scène. Et sans sono, juste pour montrer qu’il a du coffre, rien que pour l’épate, comme on dit chez Panzani. Pas speedé, non, prenant son temps pour introduire ses chansons et deviser entre elles. Morel fait dans la chanson d’amour, avec une sélection de mots délicatement choisis. Avec son look de bonze, de moine tibétain pas cloche, de pelé pas laid, de glabre puissant (les dames disent de lui que c’est un « chauve qui peut »), il versifie le dardillon pour mieux lubrifier la matrice, unit en un même massif le Mont-Chauve au Mont-de-Vénus, sort son service-trois-pièces pour un délicieux festin dont, dit-on, les dames raffolent : « Je piqu’nique / Sous ta tunique / Sous la gaine / Je cass’ la graine / Je me gorge / De ta gorge / Et je te bouffe / La touffe. »
Si on a comparé nombre de ses confrères à des artisans, des ébénistes du mot, lui ne connait du bois que le nœud, du chêne que le gland. Il ne fait vraiment que dans la mécanique de précision : tourneur-phraseur, il est à lui seul l’énergie thermique du moteur à explosion. Il usine ses pièces huilées comme pas deux, il fait dans l’alésage et dans la bosse, l’extrados et l’embrèvement, le tenon et la mortaise, la fraisure et la languette, la nervure et le macaron. Du grand art à faire vrombir un moteur, à réparer la moiss’bat’ de son beau-frère pour un prochain tour du monde, à carrosser et caresser le corps féminin.
Le Gégé, c’est le juste-au-corps de nos désirs, de nos touchantes révérences. Il n’est que tendresse, souvent malicieuse certes, mais tendresse. Et bon sens, intelligence et amitié. Tout ça habite ses chansons et fait du Morel un homme au poil, sans en avoir le moindre sur le caillou (le nu lui va si bien…). Sur cette scène de Prémilhat, il invite son copain Michel Grange et nos deux amis entonnent Brassens en une superbe Marche nuptiale et créent ensemble une chanson de circonstance qui ne sera jamais chantée qu’ici, Le chromophyle, dédiée au collectionneur d’affiches qu’est leur hôte Jean-Michel Tomé. Que d’l’amour, que du vrai. Morel nous gratifiera encore d’un inédit pour faire bon poids, un truc tiré du marigot des échines coincées comme il dit, Le tango du lumbago écrit un jour où le Morel n’était pas au beau fixe. Ah ! Gérard Morel ! On a déjà tout dit de lui, d’une prose qui arrive difficilement aux chevilles de ses vers : il est une subdivision de la chanson qui paradoxalement rassemble, tant il est vrai que de l’avis (général) il est la vie dans toute sa truculence.
Le site de Gérard Morel, c’est là. http://www.dailymotion.com/video/xsjpe6
Merci pour ces chaleureux échos de Prémilhat . Les cures de Gérard Morel devraient être remboursées par la sécu, elles sont d’utilité publique .
Comme le Gégé est bien décrit! merci, je me réjouis de l’avoir bientôt à domicile à Volvic.
je souscris au commentaire précédent , cure de Gérard Morel obligatoire!
à Volvic ? Où quand ? J’y cours j’y vole …
Ah Gégé, je te reconnais bien là ! Je suis pour la cure obligatoire, et remboursée par la sécu. Ce serait de belles économies pour notre pays, tellement c’est bon pour le moral.
Merci Michel.
Michel Grange ? Michel Grange… ça me dit quelque chose ! N’aurait-il pas assuré magnifiquement la première partie de cette soirée ?
Réponse : Oui, et nous le saurons dès demain matin en se précipitant sur NosEnchanteurs à l’heure du laitier… La publication des articles ne correspond pas forcément à l’ordre de programmation du festival. MK