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Pauvre Martin : du coeur à revendre

Pauvre Martin (photo d’archives, DR)

Trio Pauvre Martin, 3 novembre 2012, Le Bijou.

C’était samedi dernier au Bijou – à Toulouse faut-il encore le rappeler ? - le rendez-vous des (bons) copains. Un coup d’œil panoramique a eu tôt fait de me le confirmer… La grande silhouette et la tignasse frisée de Manu Galure se détachent au fond, et tout près de lui, Chouf, alias Simon et ses musiciens, tous venus, rappelons-le, sur la scène de notre Festiv’Art.

Ils sont là pour Lucas Lemauff (piano, flûte traversière), Adrien Rodriguez (contrebasse, guitare) et Florent Gourault auteur et interprète… mais c’est bien un trio que l’on entendra au chant dans cette ultime version (un batteur les rejoint dorénavant). Que de trouvailles, d’ingéniosité dans ce concert pour alterner, assembler, conjuguer leurs voix, pour créer des rythmes insolites comme celui du jeu de cartes qu’Adrien et Lucas, assis à une petite table, font défiler dans leurs doigts ! Je mesure le travail accompli depuis leur passage à notre édition de 2011. D’emblée ces trois-là m’avaient séduite, comme ils avaient séduit Philippe Pagès, ce découvreur de talents, et pareillement le public des Découvertes du festival Alors Chante… Deux ans seulement…

D’ailleurs je m’interroge : comment pourrait-on leur résister ? Florent empoigne le micro avec une telle envie d’en découdre avec son public qu’il ne lâche pas des yeux. Lucas souvent penché sur les touches de son piano en tire  des effets de  jazzman averti et Adrien offre à sa contrebasse un rôle de premier plan. Et toutes les chansons défilent sans que jamais ne se répète la même configuration scénique. On assiste à un spectacle de toute évidence construit, minuté, cadencé… mais sans rien qui pèse, jamais.

La bonne humeur est là, la connivence et surtout la générosité. Ça ne trompe pas !  Ces trois gars sont vrais comme ils le sont dans leur vie, liés par leur amitié qui a pris sa source dans le Lot de leur enfance. Ce  lien intime, ils l’offrent comme une chance, un cadeau pour nous, le public.

L’originalité de leur interprétation ne peut pourtant pas faire oublier la force percutante de certains de leurs textes. Car c’est sur ce point  que je reste perplexe. Comment de si jeunes gens peuvent-ils, savent-ils  approcher avec tant d’efficacité l’écriture et le choix des thèmes ? Rappelons qu’ils n’ont pas trente ans ! A rendre jaloux les plus mûrs d’entre nous qui un jour ont prétendu écrire !

Le concert s’est ouvert sur  La marche des commères… sur la parade des on-dit, c’est sans concession, comme lorsque Florent aborde la sempiternelle question de l’amour, cette mauvaise farce du jeu du chat et de la souris (« Il ne tient qu’à toi de mourir dans ses bras »)ou cet Eric en proie à ce banal et terrifiant chagrin que nous connaissons tous (Le jour où la fille se barre / Tout les Eric de la terre / Ont dans leur cœur un grand désert…) ou ce personnage du peintre Pablo, sa galère, à laquelle tout artiste peut s’identifier « pendu sur le même cintre / cloué sur le même poteau. » Quelle bouleversante séquence aussi que cette reprise du  Pauvre Martin de Brassens chanté par Lucas pendant que Florent égrène les mots d’un texte sur le temps, précieux comme le feu de Prométhée !  Et puis, bien sûr, ce douloureux Boxer, lutter contre soi-même… Que dire enfin de ce texte d’une beauté incroyable sur le moment de  mourir : « Je me divorce/ je vivrai mieux sans mon corps » avec cette émouvante image finale : « Je danse avec les feux follets… » ?

On comprend mieux, alors l’engouement du public  si on y ajoute les moments légers, la simplicité, l’humour comme dans une version relookée du faut pas s’en faire… être cool, c’est de la noblesse, ou bien l’évocation du sosie de Claude François, qui sévit dans tous les bals des villages de chez eux… Avec quelle joie, le public a scandé alors barracoudi, barracouda, geste à l’appui, bien sûr !

Pauvre Martin prépare un nouvel album qui sortira en 2013, pile au moment du Printemps des poètes… heureuse coïncidence ou choix ?  Mais c’est surtout en scène qu’il faudra les revoir poursuivre leur histoire en chansons !   

Le site de Pauvre Martin, c’est ici. Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Pauvre Martin : du coeur à revendre

  1. Danièle 6 novembre 2012 à 23 h 55 min

    Du coeur et du talent à revendre .  » La valeur n’attend pas le nombre des années » . Merci pour cette belle découverte et à suivre .

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