Prémilhat 2012 : Yvan Cujious, l’amour en éclats (de rire)
Pas d’interview, non ! On n’osera pas poser de questions à Yvan Cujious sur sa vie sentimentale et ses déboires conjugaux, des fois que la réalité dépasse ses frictions. Car « L’amour, pour qu’il revienne / Il faut faire quoi ? » Cujious est artiste et, sur scène comme en disque, joue un personnage, en partie inspiré de son vécu, en partie seulement. Le reste c’est l’entourage, l’environnement… Il a le look d’un VRP prêt et prompt à vous fourguer du meuble et de l’électroménager, de l’énergie recyclable et de l’amour recyclé. Un type en mal d’amour, éternel looser du cœur, gueule cassée rescapée du front des sentiments. A quelques titres près, il ne chante que ça et s’il prélève un titre à autrui, à Brel précisément, c’est Quand Maman reviendra et c’est pas rien, sans doute pas innocent. Dans une tonalité décontractée, joyeuse, limite hilarante, Cujious fait merveille, même si les ficelles sont grosses, même si parfois manque un peu de finesse. C’est rentre-dedans et ça fait du bien. Sa cible est énorme qui se chiffre en part de marché, en potentiel commercial : rendez-vous compte, tous les cocus et divorcés, les floués de l’amour, les privés de cœur et de cul. « L’amour ça s’en va où / Quand ça s’en va ? » Cujious c’est la maladroit de l’amour, toujours le ventricule gauche. Quand il déclare sa flamme, c’est au lance-flammes, brûlant les étapes : « J’attire les pires ennuis / Je fais de la pyromanie. » Cujious est un pyromaniaque ! Elles partent toutes, le congédient : « Lise, je m’enlise / Depuis que t’as fait tes valises. » Tant qu’il rumine, ronge son frein : « Rends-moi mon rein » lance-t-il au copain à qui jadis il a offert son organe et qui vient de lui piquer sa femme. « Organe de toi » chanterait Jean-Michel Piton, pas Cujious, plus jamais Cujious ! « Toi et moi quand on fait l’inventaire / On se rend compte qu’on a rien inventé. » L’ancien prof défroqué de physique-chimie qu’il est (il en tire une chanson… instructive) cultive l’art et l’appétit des mots qui cognent, des sonorités qui s’entrechoquent, du calembour toujours en embuscade, comme la fleur à la boutonnière du clown qui vous envoie son jet d’eau à la figure. Même du tragique, il en rigole. Lui et son comparse, son musicien, excellent Florent Hortal, qui gratte aussi sûrement qu’il joue la comédie (étonnante scène de ménage entre lui et son Cujious, sur fond de revendication salariale).
La rumeur s’était propagée depuis longtemps d’un Cujious redoutable et doué, même NosEnchanteurs s’en était fait l’écho par la fine plume de Claude Fèvre. Le toulousain est effectivement épatant, à soulever l’enthousiasme du public. Si d’aventure, il vient conter et compter ses malheurs conjugaux dans votre coin, allez-y ! Même paré de cornes, vous rirez sans doute à vos dépens tant le miroir que vous tend Cujious est franchement irrésistible.
Le site d’Yvan Cujious, c’est ici.
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