La chaleur des Becs Bien Zen (et de Tournée Générale)
Le nom renvoie à cette espèce de chalumeau de laboratoire utilisé pour chauffer les cornues dans lesquelles on a touillé des mixtures que la chaleur dudit bec va transformer en quelque chose d’attendu, ou d’inattendu, voire d’imprévu quand le mélange explose en feu d’artifice ou en gaz semi asphyxiant. Un accessoire classique des TP estudiantins qui se terminent parfois très bien. On va vérifier que le nom n’est pas usurpé, question chauffe de la salle.
Pour la sortie de leur album Peau d’homme, les Becs Bien Zen ont invité « Tournée Générale » en première partie. Un groupe dans la mouvance du rock urbain de la Rue Kétanou, textes incisifs, punch et belle musicalité, on ne chante pas que pour passer le temps, mais pour faire danser les mots sur des carmagnoles revisitées par l’air du temps des années 2000. Et c’est dans cet élan qu’ils incluent dans leur tour de chant pulsé par la révolution permanente, une formidable reprise des 400 coups de Léo Ferré, une de ces chansons de scène qui porte le public vers une liesse jubilatoire, et qui s’inscrit en parfaite symbiose avec les compositions du groupe. Et le vieux Léo aurait été content d’entendre ces 400 coups magistralement mis en majesté par «Tournée Générale » quatuor dont vous pouvez avoir une idée plus complète ici.
Un des points communs entre les deux groupes, est qu’ils chantent en français, des textes pêchus qu’ils savent faire balancer aussi bien que les grands classiques anglais du rock, et c’est très bien écrit, bien meilleur « qu’un autre monde où la terre serait ronde Où la lune serait blonde Et la vie serait féconde. » Ils font la démonstration éclatante qu’on peut chanter en français des mots qui tonnent sur des musiques qui sonnent, sans concession à des facilités d’écriture quasi indigentes, et à des compositions sommaires, mais rythmées. Il y a de la vraie musique.
Dans le carrousel énervé des Becs Bien Zen, on retrouve des moments qui rappellent l’ironie acide et les envolées musicales lyriques des Doors, je n’imaginais pas dire ça un jour d’un groupe français mais dans les 6’30 de «Je me félicite » j’ai eu l’écho des guitares de Robbie Kieger (le guitariste des Doors) et des incantations de Jim Morrison dans ses réquisitoires au vitriol sur les dérives des sociétés en perte de repères humains. D’ailleurs, « Le Roi Lézard » n’est sans doute pas là par hasard.
Il n’y a pas que la rage des révoltes il y a aussi de purs moments de tendresse et de sensibilité « Nous sommes des singes étranges qui rêvent des anges, sommes nous des étrangers… » (Peau d’homme) ou L’aventure, chanson d’amour sans guimauve, ou Faut du courage aux accents orientaux pleins de sortilèges, mais aux phrases bien ancrées dans le présent. Avec un violon diabolique et exalté.
Il y a un autre point commun aux deux groupes, l’accordéon qui jazze, comme au bon vieux temps de Gus Viseur, un des premiers jazzmen, mais avec un instrument qui a intégré des évolutions modernes pour élargir son chant, et qui tient bien sa place face une Stratocaster ou une Fender déchainées, ou un violon voltigeur enragé.
Ce concert était une vraie réussite, et pourtant ce ne sont pas les désagréments liés au contexte de la salle qui pouvaient mettre dans de bonnes disposition. En résumé une salle avec bar, et un public dont une bonne moitié est venue surtout pour boire un coup et jacasser entre copains. Si on se place près de le scène, on est sous les enceintes, et un repli s’impose, sauf si on a prévu des protections auditives, et si on se réfugie au fond, on est dans la moitié de la salle où la moitié du public est à moitié éméché(e), et à cet endroit, personne ne pouvait entendre les subtilités d’une chanson comme Peau d’homme par exemple. Quand le chanteur s’exprime en douceur, les jacasseurs en profitent pour monter le son des bavardages… Dommage…
Néanmoins, c’était un excellent concert et une très belle découverte, à prolonger avec l’album Peau d’homme dont on fêtait la sortie parisienne ce 17 octobre. Les Becs Bien Zen avaient invité l’étonnante Claudine Lebègue et Florent Vintrignier (de la Rue Kétanou) : c’était la fête…
Le site des Becs Bien Zen, c’est ici.
oui deux groupes bien sympa comme je les aime également : paroles incisives et en français !!!! je ne sais plus grâce à qui je les ai découvert .. ah oui si c’est pas « nos enchanteurs » ou « si ça vous chante », c’est levaillant sur france-inter … qui d’autre ? .. si ce n’est le bouche à oreille … une petite préférence pour les becs bien zen, vraiment une belle découverte, longue vie à eux dans de meilleures salles, je déteste aller au ciné depuis que ça ne sert plus qu’à décortiquer des popcorns géants …. alors si le spectacle c n’est plus que ça, dommage…. merci MK de toutes ces découvertes.
Si vous avez aimé, vous aimerez aussi le « Groupe vendeurs d’enclumes » et « Weepers Circus » qui sont dans les mêmes chemins, des textes et des musiques qui sonnent, et une sacrée présence en scène… Vous étiez au Nouveau Casino ?
euh non je n’étais pas au nouveau casino (pas sur région parisienne …) je connais un peu vendeur d’enclumes, et je vais tenter d’écouter weepers circus si c’est dispo sur deezer, qui je l’avoue est ma base expérimentale préférée depuis ma province (Provence) merci pour les précieuses infos distillées chaque jour
Petite rectification pour les liens
Le lien vers le site internet du groupe n’est pas bon…. c’est http://www.becsbienzen.com.
Voir aussi : http://www.youtube.com/watch?v=0QRo4NHXbIw