Dréano, le suburbain du slam
Médias et convenances nous ont depuis longtemps dressé le portrait-robot du parfait slameur, jeune à la casquette rivée, à la rébellion attestée, bien comme il se doit pour le paraître, pour le J.T. de 20 heures. Dréano le suburbain est lui aussi slameur et ne correspond pas à ce stéréotype. A soixante ans, ce prof d’éducation populaire pratique cet art de la parole depuis des lustres au contact de ces Hommes sensibles des quartiers, qu’il portraite tout au long d’un disque avide de rencontres, de transmission, de fidèle restitution. Pour vous donner une juste idée de Dréano, c’est un peu le timbre de Bühler, tout aussi causant d’ailleurs, mais sur un schéma slam (qui parfois tire sur la chanson). Tout aussi puissant d’ailleurs, Michel Dréano étant comme envoyé spécial, journaliste investi au milieu en terrain d’hommes sensibles. Ici pas de fausses colères comme le pouvoir et le bizness aiment faire leur beur : Dréano n’en fait pas des tonnes, c’en est que plus juste, plus édifiant. D’une diction superbe, c’est toute la poésie des grands ensembles, tous ensemble, qui se répend. Kora et fender, accordéon et beat-box, choeurs et sanzas, harmonica et kalimba surlignent de beauté ce chant intéressant.
Michel Dréano, Hommes sensibles des quartiers, 2012. Le site de Michel Dréano c’est ici. (Ce billet a été préalablement publié dans les colonnes du Petit Format du Centre de la Chanson).
http://www.dailymotion.com/video/xkp3gf
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