Favennec chante Jacob : émoi et lui
EDF. Ewen, Delahaye, Favennec. Nos amis bretons sont désormais inséparables, mus par l’incontestable succès de leur trio entre tous décapant. Pourtant nos trois compères viennent de faire chacun un nouvel album, les trois disques sortant simultanément, à l’enseigne de la même crémerie il va de soi. On en parle ici, mais séparément. Nous avons récemment commencé avec Patrik Ewen, voici Melaine Favennec. Et Gérard Delahaye prochainement…
L’un est natif de Quimper, l’autre de Quimperlé. L’un fut le poète, romancier, essayiste, épistolier et peintre que l’on sait ; l’autre est ce folksinger breton, lui-même peintre, qui jadis prêta ses traits à un troubadour éponyme dans une bédé médiévale de François Bourgeon. Leur géographie les a fait certes proches mais la proximité va bien au-delà de cette terre nourricière, de ce Finistère. A écouter cet album, on s’imagine la complicité entre le parolier et le compositeur-interprète.
Ce n’est certes pas la première fois qu’un chanteur se met en bouche la poésie de Max Jacob. Avant Favennec, il y eu Jacques Douai, Michel Vivoux, Serge Bouzouki ou Bernard Ascal (1). Mais c’est, à ma connaissance, la première fois qu’un album en entier (seize titres) lui est consacré. Et pas à la manière d’un hommage dû à un classique de la rime, un de nos grands auteurs. Non, ce disque-là ne sent pas la typographie des mots, le papier imprimé, le présupposé littéraire, la codification d’un bibliothécaire, sa place précise sur l’étagère. Il fleure bon la ballade, la déambulation, la rencontre naturelle entre celui qui écrit et l’autre qui chante. Il y a osmose, en toute simplicité, sans académisme aucun qui, du reste, ne ressemblerait pas à Melaine Favennec. Ballades, oui, aux consonances folk, aux intonations parfois rock non dans la forme mais dans l’esprit. On dira blues celte et c’est sans doute ça, « où zigzaguent entre les lignes Dylan Thomas, Donovan, Lennon et (of course) Bob Dylan » précise le prière d’insérer du disque. Seul à la guitare, Favennec nous emmène en de riches déambulations, gorgées de mots dont on sait, de lectures ou d’intuition, le bel agencement, même quand ils lorgnent la chanson populaire comme l’est La chanson de Marianne. Cet Émoi des mots est émoi tout court, ce disque associe le modeste au superbe. Il conjugue Max Jacob au présent et ce n’est pas la moindre de ses qualités.
Le disque se clôt par un long, drôle et passionnant entretien de Per-Jakez Helias (celui du fameux Cheval d’orgueil) qui a connu Max Jacob et nous en parle.
Melaine Favennec chante Max Jacob, Émoi des mots, 2012, Dylie/Coop Breizh. Le site de Melaine Favennec, c’est ici.
(1) EPM a édité en 2005, dans sa collection « Poètes et Chansons » un volume sur Max Jacob, reprenant des interprétations de Jacques Douai, Michel Vivoux, Jean-Luc Debattice, Serge Bouzouki, Maya, Bernard Ascal…
Qui mieux qu’un artiste complet, peintre, dessinateur et breton comme lui pouvait chanter Max Jacob avec plus de complicité ? Mes deux dernières « rencontres » avec ce poète, l’une due à Gérard Sire sur France Inter, il y a longtemps, . l’autre à l’occasion du film télé, il y a quelques années : » Monsieur Max » , avec Guillaume Galienne, puis Jean-Claude Brialy dans le rôle de Max Jacob. Ce disque fera l’objet d’une nouvelle approche de ce poète …
Je viens de publier ton article sur mon facebook et je mets un lien sur mon site. Superbe ! Bravo. Bien à toi, Michel.
Meline