François Perrot : tournevis et vice de forme
Attention homonymie si vous le demandez sur un moteur de recherche ! François Perrot est tant le blaze d’un homme politique que celui d’un acteur. Et, en ce qui nous concerne, celui de cet auteur, compositeur et interprète. Qui, pas certain d’être un jour disque d’or, fait imprimer digipack et livret de cette couleur-là, façon lingot. Son Gratte-cul à lui, cul bordé d’or ? Non, la chanson-titre fait référence à l’un des noms de l’églantier et d’une plage, juste en face d’un chemin de halage, banal épisode de jeunesse, scène de gamins, comme un bout de film super 8 qu’on se projette des décennies après, avec l’émotion qui va avec.
Il y a un peu de Brassens dans ces chansons-là, tant dans l’inspiration (certains thèmes) que dans la narration, même si ça gagnerait en épure, en concision. Et parfois du Lapointe qui n’enfonce pas le clou mais en exhale le parfum, comme dans Le plus grand séducteur du monde.
Perrot anime des vitrines, fait son routinier petit-déjeuner, panthéone aux morts, fait ode au tournevis (sur une valse qui tourne, tourne), chante l’amitié et mesure l’amour dans le ciel des yeux, négocie son vote au gré de ses besoins, fait grâce aux prisonniers, subit lui-même faux témoignage et enfermement… Et nous fait leçon de pratique au lit (Le saut d’la fourmi), avec vocabulaire ad hoc, bien plus technique que ne le fut, jadis, La leçon de gymnastique du professeur Dutronc. « A vous bientôt les stratosphères / Les inédites voluptés / Mais pas d’à-coups, du velouté / Sinon, bordel… c’est à refaire ! » Ainsi donc est Perrot, aussi précis que franchement coquin.
Le temps de s’accoutumer à sa voix qui ne sait rien du sirupeux et tient plutôt de la rocaille, et nous sommes dans le monde courtois, généreux, fraternel, osé, parfois ronchon, de ce pianiste de jazz. D’où la couleur musicale de ce premier album (piano, guitare, batterie, contrebasse, clarinette) où Perrot franchit sur le tard mais avec élégance le Rubicon de la chanson, servant à son public les vers qui depuis longtemps grouillent en lui. Ç’eût été dommage de les taire plus longtemps.
François Perrot, Gratte-cul, 2012, distribué par les Editions du Tournevis (02.41.72.65.19). Le site de François Perrot, c’est ici.
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