Emanuel Bémer, l’effet papillon

Certes, il y a comme indice la calvitie naissante, mais c’est pas pour ça qu’on fera le parallèle entre Emanuel Bémer et Gérard Morel. Non, suffit de les entendre chanter tous deux, d’écouter ces paroles rutilantes de sonorités (tant que, là, pointe Boby). C’est même plaisir. « Anathème, Anna thème / Anna, t’es ma nana / Mon anathème / Anna t’es ma théma / T’es mon thé ma thématique / Arithmétiquement matée / Mon thé ma t’es ma thématique. » Bon, vous aurez compris que ce lorrain de Bémer lubrifie ses mots, les culbute et tire au but, joue aux billes avec ses rimes, fait coup double, parfois les égare mais jamais ne perd ses vers (ça c’est de moi !). En fait, si : il insiste même, poursuivant l’exercice sur les chansons d’après. C’est doucement drôle et tendrement intéressant. Ce n’est pas nouveau dans l’art de Bémer mais c’est chaque fois renouvelé avec cet indéniable talent pour liant. C’est là qu’on se dit que le livret du disque est bien utile pour suivre l’écriture, pour n’en rien perdre. Pour s’essayer aussi à son tour à de telles vocalises, de telles syntaxes, de tels improbables vers qui pourtant grouillent en lui. Ceci dit, précisons que les chansons de Bémer ne sont pas qu’une suite de jolies sonorités, que le son fait sens et que son présupposé d’écriture accouche de textes solides, stylés, d’un raffinement qui n’appartient qu’à lui.

Bémer, Minute papillon, autoproduit (ce billet fut initialement publié dans Le Petit journal du Centre de la Chanson). Le myspace de Bémer, c’est ici. En vidéo, un titre antérieur à ce cédé, juste pour mieux faire connaissance avec le bonhomme. http://www.dailymotion.com/video/x79klu