Camel Arioui, tailleur de pierres et ciseleur de mots
Retour sur Camel Arioui qui fut cet été, pour beaucoup, l’un des violents coups de coeur du festival « Chansons de parole » de Barjac…
Le tailleur de pierres est devenu un maître ciseleur de mots. « Quand c’est bien pensé, ça ricoche pareillement à travers les siècles » se plaît à dire ce consciencieux artisan qui, avec grand soin, sculpte les émotions, les unes au tranchet et à la marteline, les autres à la plume et sur ses cordes de guitare. Après cinq années de travail et l’école de la scène faite de plus de 300 concerts (dont les premières parties choisies de Jacques Higelin, Sanseverino, Olivia Ruiz, la Rue Kétanou, Ridan et pas mal d’autres du même tonneau), voici la première pierre d’un bel édifice en construction. La Java des anges nous révèle l’artiste Camel Arioui et c’est, pour ceux qui ne le connaissaient pas encore, un choc, une découverte rare.
On ne fait jamais que se raconter en chantant. Et cet album est, au moins pour partie, touchante autobiographie. L’écriture de Camel Arioui est vertueuse qui allie le respect des anciens à celui de l’Histoire, qui unit le populaire au lettré, dans le respect évident de sa langue d’adoption. La voix fait aussi calligraphie ; l’accent finit les arabesques qu’accompagne une musique qui souvent emprunte au passé, à ses amis gitans espagnols, aux effluves arabo-andalouses.
Quel étonnant destin de Camel… Il joue un peu de guitare, a déjà un rythme qui louche sur Paco de Lucia, stimulé par d’autres musiciens gitans, comme lui derrière les barreaux. « Là-bas, on a tout le temps pour aller au fond de soi / On creuse le vernis. » Le destin est facétieux, fait de rencontres. Jean-Louis Foulquier en visite à l’atelier musique, le remarque et l’encourage. Puis vient Pierre Soler, directeur de la Maline, salle sur l’Ile de Ré, alors intervenant à l’atelier théâtre de la Maison Centrale : « Si tu veux, je te lance dans la musique!» Et c’est un premier concert, en novembre 2006, seul à la guitare, à la Maline, presque à l’ombre des hauts murs, où Camel Arioui montre « ce qu’il sait faire » et, au propre comme au figuré, enchante : succès et billet de sortie : « La musique est passée au travers des murs : j’ai revu la lumière ! » Pierre Soler va plus loin, qui associe à sa démarche d’autres salles, celles de La Scène atlantique et de son réseau.
Voici Camel pleinement artiste qui, chaque soir, fait montre de son talent. Et, sans mal, fait oublier une biographie que chérissent les télés, pour imposer son incroyable poésie de mots, ses chansons imagées, très cinématographiques (« J’ai toujours rêvé d’être un acteur / Depuis que j’suis minot / Donner la réplique à Al Pacino / Et à De Niro »), qui fourmillent de vie, de chaleur.
Si Camel Arioui sait avec rare précision de quoi sera composé son second et prochain opus, il n’en célèbre pas moins avec bonheur ce premier, La Java des anges. Le disque rend pleinement justice à cet étonnant artiste. C’est à la fois passé, présent et avenir, dans un discours prospectif, volontairement positif. Même quand il évoque le toit de sa cité, c’est pour le profiler dans un futur apaisé. Avec lui les mots tournoient, parfois foudroient, et se posent avec une infinie délicatesse : Arioui a la politesse d’un infini talent.
C’est désormais en quintet qu’il va faire vivre La Java des anges au gré des salles, des publics : contrebasse, violoncelle, guitare folk et percussions pour concerts acoustiques, intimistes, comme quand on se chuchote à l’oreille mille confidences, autant de souvenirs et plus encore de lendemains qui chantent.
Camel Arioui est ailleurs. Dans une chanson racée comme rarement, intime et universelle à la fois, qui parle autant de lui que de nous.
(Ce texte est la biographie officielle de Camel Arioui que j’ai eu l’honneur de rédiger. MK) Le site de Camel Arioui, c’est ici.
Un bel artisan tailleur de mots puisés aux carrières de sa vie, des mots qui font naitre de belles images, comme au cinéma, sur des musiques flamboyantes . On a envie de s’y attarder, et de le suivre . C’est en allant au fond de lui « creuser le vernis » qu’il va au fond du coeur des autres …
CAMEL ARIOUI interviendra le VENDREDI 7 SEPTEMBRE vers 16H15 en Direct par Téléphone dans ma prochaine émission « COM’ça m’CHANTE » sur RADIO PLUM’FM (Radio Locale Morbihan Centre-56) http://www.plumfm.net
Merci de votre écoute !
J.LUC HERIDEL
J’ai eu l’occasion de voir et entendre Camel, il y a quelques mois.
J’ai vraiment apprécié, la voix, les textes et la gentillesse de ce chanteur !
Si vous aimez la musique de Camel, il vous offre la possibilité de participer à la production de son second album. Vous pouvez contribuer à partir de 5 €.