Allain Leprest « Le temps de finir la bouteille »
Le temps de finir la bouteille
J’aurai rallumé un soleil
J’aurai réchauffé une étoile
J’aurai reprisé une voile
J’aurai arraché des bras maigres
De leurs destins mille enfants nègres
En moins de deux, j’aurai repeint
En bleu le coeur de la putain
J’aurai renfanté mes parents
J’aurai peint l’avenir moins grand
Et fait la vieillesse moins vieille
Le temps de finir la bouteille
Allain Leprest
Paroles d’Allain Leprest, Musique de Nathalie Miravette. Extrait de « Donne-moi de mes nouvelles » (2005)
Quelques vers en passant, Aragon et Ferrat, et la conclusion à Leprest,
Au bout de mon âge
Qu’aurais-je trouvé
Vivre est un village
Où j’ai mal rêvé
Au printemps de quoi doutais-tu?
Au printemps de quoi rêves-tu?
D’une autre fin à la romance,
Au bout du temps qui se balance,
Un chant à peine interrompu
D’autres s’élancent,
Au printemps de quoi rêves-tu?
D’un printemps ininterrompu
Pont Mirabeau Pont des Soupirs
A l’endroit ou à rebours
S’enlacer se départir
pour le pire et pour le pire
Un vol aller sans retour
Que vivent les morts d’amour
Il y a aussi
Un an déjà que tu es mort mon ami
où tu es, est ce qu’il fait chaud
Toi qui aimais tant la chaleur
il fait froid chez nous,le poêle est mort.
Où est-cc qu’il est notre chauffeur de fournaise
de Félix Leclerc, la suite :
Merci à Huguette Létourneau…
Le temps d’écouter ta chanson …Tu as rallumé mille soleils, réchauffé mille étoiles, reprisé mille voiles …Ravivé mille blessures au plus profond de moi …Le temps d’écouter ta chanson, je veux croire qu’un jour on retrouvera tous ceux que l’on a tant aimés …Le temps d’écouter ta chanson …
Leprest n’a plus besoin de tunes pour payer son bistrot. Là-haut la lune bat le briquet pour son réchaud, a mis une chaise pour l’Allain-pierrot.
Qui nous dira comment c’était dans son bardo, s’il faisait gris, s’il faisait beau. A-t-il fait bon voyage ?
Déjà les étoiles s’allument et le voilà à destination, quai numéro zéro, débarque avec son barda.
Barda, bardo, faut savoir poser son fardeau.
« Il faut tirer l’ancre qui nous empêche et toutes voiles dehors / Traverser les zones qui recouvrent / Le soleil intime enfin passer la porte d’or / Elle est déjà là elle s’ouvre … »
(Michel Jonasz, La vie sans mort, album Pôle Ouest »)
Ici -bas, tard dans la nuit brille encore la fenêtre du bistrot.
Et nous, le nez au ciel, contents qu’il soit bien arrivé on le devine (si, si, on assure qu’on a vu quelque chose !) on se dit qu’il papote avec la lune.
« Patron , remets-nous un Leprest !»
Merci Michel.
Le sang coagule, l’encre sèche et les larmes roulent.
Heureusement plus vivace que la chair, la pensée d’Allain n’a pas fini de nous traverser…
Merci à tous ceux qui l’éternisent !
Oui, ici-bas on connaît encore Leprest et on n’a pas fini de le chanter. Sacré poète, tellement usé qu’on lui voyait l’âme, plus que jamais et son regard attentif à nos paroles lors de l’après-concert nous faisait oublier que, peut-être, il aurait du mal à rester encore longtemps. Aussi avons-nous tous été si surpris de sa disparition. Et lorsque j’avais vu l’article de Michel l’an passé, c’est avec joie que je guettais quelques nouvelles d’un futur projet d’Allain pour la saison 2011-2012. Las ! Allain était parti. Respect pour son dernier geste d’homme libre. L’album symphonique tourne et tourne sans fin, dévoilant au fil des écoutes la subtilité d’un vers, la pertinence de l’orchestration, le détail d’une envolée de notes. Et puis l’intro du piano de Romain sur la valse pour rien en gouttelettes rafraîchissantes sur la cicatrice encore vive. Oui, merci à ceux qui chantent le poète et perpétuent son oeuvre.