Barjac 2012 : Lebelâge, en toute bienveillance
Sauvé dans Catherine Cour
Tags: Barjac 2012, Nouvelles, Pierre Lebelage
Jour après jour, le carnet de route de Catherine Cour Jeudi 2 août, la canicule règne une nouvelle fois sous le chapiteau. Mais pas question de manquer Pierre Lebelâge ! J’avais pu apprécier l’immense talent de ce tout jeune homme en juillet 2011, sur la place d’Antraigues, en première partie de l’hommage rendu à Jean Ferrat par Francesca Solleville et François Mathouret. Il y faisait un froid polaire mais j’avais pourtant énormément apprécié l’apparente simplicité des textes et l’humour de ce jeune artiste. Je déteste comparer un chanteur à un autre, et je sais que tout le monde doit déjà lui dire qu’il tient énormément de Georges Brassens. Bon, il est des filiations pires que celle-là, et le fait de chanter en s’accompagnant à la guitare aide davantage encore à trouver des similitudes.
Et puis c’est aussi l’inspiration de Pierre qui fait trouver le lien : pas de chansons d’amours contrariées, pas de récits familiaux : on part tout de suite pour une heure d’humour fin et subtil, avec de beaux textes, ciselés, dans le genre de ceux où on ne peut pas changer un mot, tant ils sont bien choisis et collés sur une musique qui semble « évidente », mais dont je crains fort que ceux qui voudront s’y risquer ne galèrent pas mal avant de trouver les accords exacts…
Je n’ai pas pu tout noter, tant chaque chanson fourmille d’invention et de jeux de mots. La première, Con comme la une, nous présente un fait-divers qui se passe à Orange, où un commissaire de police de Béthune subit un sort funeste. La conclusion : « La prochaine fois, sans rire, mes chacals / Tâchez donc de mieux lire le journal / Avant de tuer les gens pour des prunes / Si ça n’est pas vous d’mander la lune.«
C’est ensuite le danger des maisons de retraite (Mais quelle mouche a piqué Mémé ?), Un funambule sur le fil du rasoir, une Histoire d’assassinat, un magnifique hommage à Francesca Solleville (C’est pas demain la vieille), les Méditations philosophiques de la dame pipi (dont, entre autres, un Les médias nous carottent aux petits oignons qui vaut son pesant de cacahouètes !), La dame aux caméléons, un superbe texte tendre et rythmé (Ma métisse m’amadoue), une rupture avec l’être aimé (Je déménage), ne désopilante visite guidée dans les modernes tours de Babel que sont les HLM, avec la présentation des locataires des différents étages et comme refrain « C’est un sacré bordel / Dans la tour de Babel / Enrage un vieux rabbin / qui en perd son latin / Gueule un imam furieux / Qui en perd son hébreu / Jure l’abbé abêti / Qui en perd l’appétit / Mais comme dit ma mémé / Bon Dieu, Allah, Yahvé / V’là une éternité / Nom de Dieu, montre en main / Qu’on trouve pas mieux pour tuer le temps entre voisins.«
Les textes sont ciselés, peaufinés, inventifs, avec des figures de style que ne renieraient pas des poètes chevronnés. Bien sûr, il reste du travail à pour étoffer son répertoire et éviter le recours trop systématique à certains procédés comme les coupures des mots en leur milieu –ce qui fait la rime- et dont la fin est déportée au début du vers suivant. Tonton Georges en usait… il ne faut point en abuser ! Mais mis à part ce léger reproche, j’ai adoré tout le récital et je pense ne pas avoir été la seule ! Le regard de ce jeune homme sur le monde qui l’entoure est fraternel, décalé, malicieux, tendre. Les mots qu’il trouve pour nous faire partager sa vision sont impressionnants de maturité et d’humour. Il manie le Français comme peu d’auteurs sont capables de le faire.
J’attends avec impatience un premier CD annoncé par Tacet au début de l’année prochaine… et des spectacles à aller voir, même à plus de quatre heures de route de chez moi !
Franchement, je serais bien en peine de hiérarchiser les « premiers spectacles » programmés sous le chapiteau, tant ils m’ont plu. Dans des genres différents Camel Arioui, Audrey Antonini, Jérémie Bossone, Pierre Lebelâge… ils ont tous des choses à dire, des façons différentes de le dire, des univers à nous faire partager. C’était vraiment une belle programmation que ce Barjac 2012. Merci Jofroi ! et merci à toute l’équipe : Anne-Marie, les bénévoles, les techniciens (ceux du son, de la lumière, mais aussi les acrobates qui se promènent, montent et démontent toutes ces structures), la mairie de Barjac, pour l’aide et le soutien qu’elle apporte. Il y a juste l’ADAMI qui mérite un coup de sifflet : déjà qu’elle participait ridiculement peu, voilà qu’elle n’a même pas renouvelé son aide au « Prix Jacques Douai ». C’est d’un mesquin !
Très belle découverte que ce Pierre Lebelâge , je l’ai revu à Aizac, quelques jours plus tard et ça m’a donné envie de le re-revoir…
Moi aussi j’ai découvert Pierre Lebelâge cet été à Barjac un peu forcé par ma fille je dois le dire qui l’avait déjà entendu et ça été une belle surprise.J’ai d’abord été sceptique, limite agacé pour dire la vérité, par la présentation du festival.
« une plume à la Brassens…un auteur nous arrive… » et toutes ces foutaises qu’on nous ressert depuis la mort de tonton Georges pour nous vendre de nouveaux chanteurs qui n’ont hélas pas grand chose à voir avec notre poète à moustache préféré.On nous avait fait le coup dernièrement avec Renan Luce et le pauvre a terminé sa carrière à servir sa gentille soupe FM aux restos du coeur.
Ce que j’ai aimé, et ce qui change de ce qu’on entend depuis un bon moment, c’est qu’il ne se regarde pas le nombril.Il est nature et ses chansons sont marrantes et bien écrites.Tout le monde en prend pour son grade pendant trois quart d’heure.Il a aussi des chansons tendres.Une très belle en particulier sur la mort d’un clochard.
Brassens 2012 !
salut j’ai aussi rencontré Pierre vers Castres lors d’une soirée slam ou il était venu en curieux, puis dans une scène ouverte que j’anime auPOt Ethique à Mazamet…On lui a proposé de venir jouer deux soirs par la suite…il voulait se refaire la main sru scène avant de partir jouer
Et si on doit faire des filiations avec brassens
ce sont des chansons ultraciselés comme le Mr
(mais est ce le seul..?)
Il y’a de l’humour et de la tendresse comme chez le Mr
(mais est ce le seul?)
C’est surtout ces éléments mélangés à un accent du sud (aveyronnais je crois), présent mais pas mis en avant, qui fait qu’on pense spontanément à Brassens…
Jerome
M