Barjac 2012 : C’est pour l’amour, pas pour la gloire
Sauvé dans En scène, Festivals
Tags: Allain Leprest, Barjac 2012, Francesca Solleville, Gérard Pierron, Jehan, Jofroi, Léo NIssim, Loïc Lantoine, Mouron, Natacha Ezdra, Yves Jamait
Peut-on, doit-on toujours écrire sur lui, nous donner de ses nouvelles ? L’été dernier, il était encore parmi nous. Enfin… pas tout l’été justement. L’Allain l’a tout tourneboulé cet été-là et le 15 août fut le 11 septembre. Quelle drôle d’idée vraiment de faire hymen avec la mort, de se passer la corde au cou…. Mais faut pas pour autant jouer Ferré et son Il n’y a plus rien, parce que ce n’est pas vrai, parce que la chanson, même ainsi amputée du totem que fut à son insu Leprest, est et reste la chanson. Et que toujours on chante Leprest, plus même…
Automne, hiver, printemps et de nouveau été : cela fait quatre saisons qu’un peu partout on célèbre Leprest, à la juste mesure d’une émotion de puits sans fond. Il était évident, indispensable, que ces « Chansons de parole » saluent l’Allain. Aussi sûrement que Mont-Saint-Aignan ou qu’Ivry-sur-Seine, Barjac fut un de ses épicentres de vie. La mort rôdait pas loin de là, attendant son heure en affutant sa faux.
Cours du château, donc, plat de résistance s’il en est de cette édition 2012. On va à Leprest, on fête le copain. Étrange communion qui longtemps nourrira les conversations. Alors, heureux ? Oui, à l’évidence, mais… Comment vous dire… C’est simplement dommage cette impression de bâclé, de pas répété, ou pas suffisamment, ces ratés sur scène (le Sacré coco partagé entre Francesca Solleville et Loïc Lantoine fut pitoyable) et ces feuilles de pompe parce qu’on ne connaît pas ses chansons : ça, c’est pas une manque de répétition, en bon professionnel on apprend ses textes à la maison, on les fait siens. Comme l’a fait Mouron, formidable interprète qui (qu’elle me le pardonne) n’a hélas pas toujours des textes à sa hauteur, qui là les avaient et les avaient appris, comme il se doit, respectant et le défunt et le public. Magnifique Mouron ! Un spectateur, plus tendre que perfide, de me dire que, sans feuilles à la main, les trous de mémoire auraient rendu plus encore hommage à Leprest…
Sur scène donc, Francesca Solleville, Loïc Lantoine et Mouron déjà cités, mais aussi Jamait, Jofroi, Jehan, Gérard Pierron, Véronique Estel et Natacha Ezdra. Le « grand orchestre » de Léo Nissim (en ordre de marche, lui). Et, en ouverture, un attendrissant maire de Barjac, Édouard Chaulet, qui nous relate son Leprest à lui, fait d’amitié et d’anecdotes, du Peppone et don Camillo apaisés sur l’hôtel de Je ne te salue pas. L’édile se mue en conteur, mais que ne ferait-on pas pour l’Allain qui a si souvent déambulé dans les rues enchantées de sa commune ?
Des grands moments, il y en a eu, largement de quoi repartir satisfaits, nourrir les conversations, tant qu’on n’en fera pas la liste et surtout pas le palmarès. Disons cependant le Saint-Max par Jamait, monument d’interprétation comme il est rare. Le fond de la bouteille ou La Gitane par Mouron, Mont-Saint-Aignan par Jofroi, Tous les proverbes nous emmerdent par Jehan et Lantoine, Quand Jo joue par Pierron… Et Sarment par Francesca, et… pas mal d’autres vraiment. Quand c’est le coeur qui parle et chante, ça donne un surplus d’émotions, la chair de poule, les poils qui se dressent et parfois les larmes qui perlent aux paupières, qu’on essuie discrètement par peur du ridicule : dieu qu’on est bêtes ! Ce n’était pas un concert, pas même un récital, non. Simplement une soirée autour d’Allain, comme pour un rappel, un chanteur qu’on bisse, qu’on ter, qu’on déterre et qui, le temps d’un tour de piste, nous revient de son long voyage. Et c’est vrai : en guise de rappel, dans la presque pénombre, devant ses copains, ce fut Leprest, le vrai, lui et sa Bilou. Leprest qui chantait et ce fut là le grand, indiscutablement le meilleur moment de cette belle soirée. Non qu’ils furent mauvais, loin s’en faut, très loin. Mais c’est l’Allain, bien une pointure au-dessus. A ceux qui n’y étaient pas, me croirez-vous : j’ai entendu chanter Leprest sur la scène de Barjac.
Décidemment, Loïc, tu es un peu à l’Ouest… pour Aubercail, tu te goures de jour, là, tu sais pas ton texte … Enfin, bon, qui aime bien chatouille bien, n’est-ce pas ?
Sinon que dire ? Les copains lyonnais de Matthieu Cote ont tous mis une de ses chansons à leur répertoire, espérons que ce sera pareil pour Leprest, passé le temps des soirées hommages et des festivals. Il y a de quoi faire son miel, et il y a pas mal de chansons encore peu connues…
Merci de tous ces belles pages concernant le festival « Chansons de paroles » , j’y étais et ce fut un beau festival cette année encore !. A propos du concert hommage à Allain Leprest vous saluez le talent de Mouron mais de quels textes de chansons parlez vous lorsque vous écrivez : « n’a hélas pas toujours des textes à sa hauteur » ?
Réponse : Les siens, ceux que nous avons entendu la veille. Beaucoup de pathos, mais des textes parfois mal foutus, sans grand intérêt. Ainsi cette chanson sur la mort de sa mère… MK
Je respecte votre avis, mais je trouve qu’une chanson sur sa mère (sa vision d’enfant) a un intérêt certain ; ou encore des chansons comme « Amar et Antoinette » et « Fais moi valser » qui dégagent une vraie émotion que n’a pas manqué de ressentir le public de Barjac, et pas seulement …
on a raté beaucoup de choses on dirait ! beaucoup auraient aimé être là pour savourer tout ça !!!
stéphanie