Barjac 2012 : Le son monte !

Nevchehirlian (photos Chantal Bou-Hanna)

Reconnaissons d’emblée qu’il était pertinent de programmer à la suite l’un de l’autre Jérémie Bossone et Frédéric Nevchehirlian. Outre leur jeune âge, ils ont pour point commun le projet artistique d’une parole engagée, d’un regard sur ce monde fou qui nous broie et nous éloigne de l’essentiel et la musique qui va de pair. Ces deux là ont envie de crier et ils le font en scène. Ils sont vivants, vibrants  et moi j’aime ça !

Frédéric se positionne dès les premières notes en rocker face à son batteur. La guitare est électrique, très électrique ! Le son monte sous le chapiteau. Le ton est donné avec ce Cortège, énumération quasi surréaliste comme les affectionnait tant Prévert. Et déjà nous saurons qu’il dit non avec la tête mais qu’il dit oui avec le cœur. Tout est dit dès le départ. Prévert  le rebelle, Prévert l’insoumis dès l’enfance, Prévert du Groupe Octobre, mais Prévert  le tendre aussi …Il faut acheter le disque de Frédéric Nevchehirlian : Le Soleil brille pour tout le monde ? Découvrir la précieuse plaquette et ses documents iconographiques, lire la page éditoriale signée de Frédéric pour découvrir combien cette rencontre du musicien et du poète est pertinente et belle. D’ailleurs je me suis laissé dire que l’album en question est quasi épuisé et qu’il y en aura un nouveau avec d’autres titres.

Frédéric Nevchehirlian, la puissance des mots, la détermination du texte

La petite fille de Jacques Prévert a fait un bien beau cadeau à Frédéric avec cette lettre émouvante de Jacques au front, avec « Citroën » texte violent, qui pourfend celui qui abuse des ouvriers, qui leur prend l’or, le temps, la vie…avec « Marche ou crève »… Et dire que c’est avec Il dit non avec la tête / mais il dit oui avec le cœur qu’une flopée de spectateurs s’est levée et a quitté ostensiblement le chapiteau …Faut-il y voir une peur devant la puissance des mots ? Il paraît qu’il s‘agit seulement d’une incapacité à supporter la puissance du son…Est-ce si sûr ? Pour ma part, quand j’ai découvert cette interprétation j’ai pensé immédiatement au superbe The Wall de Pink Floyd… Même martellement sonore pour dénoncer l’abrutissement des cerveaux. Et malgré cette force, cette détermination du texte, Frédéric ne s’est jamais départi de son sourire, de sa bonne humeur. Bravo l’artiste ! 

Peut-être n’aura-t-il pas assez de dates (bien que le succès soit assuré et que les concerts s’ajoutent  aux concerts pour 2013), assez de temps pour qu’avec l’aide d’autres comme lui un jour le soleil brille pour tout le monde ? Grâce à ces jeunes talents, comme Jérémie, comme Frédéric, le rêve reste vivant.