Je rigole, choc de la chanson

Drôle de nom mais qu’au moins on retiendra, car il nous faut le retenir. Son vrai blaze ? Andoni Iturrioz, je rigole pas. En voici un qui tranche dans l’actuelle chanson, celle qui frappe à la porte de la reconnaissance, Je rigole est comme fleur de sel, dessus du panier, cerise sur le gâteau. L’oreille exercée, attentive, pourra y reconnaître plein de gens, de voix, de l’excellent Romain Dudek (c’est d’une rare évidence à  l’écoute de « Crève la France ») à Thibault De Rien, de Da Silva à… Plein ! J’y vois comme la synthèse, la transcendance d’un courant, d’un état d’esprit, d’une façon d’être et de chanter. Il y a en Iturrioz comme un Le Forestier qui débuterait à présent, mariant pareillement la tendresse et la critique du temps présent. C’est ancré dans un bain commun et tout à la fois s’en échappe. Et c’est agréable, pas un titre n’est de trop, tant qu’à la fin on en redemande. Avec, malgré le sérieux du propos, la distance nécessaire, le contrepoint d’humour presque à chaque maille, à chaque note aussi. C’est un free-folk, un jazz-song qui va librement (calme ou carrément déjanté), sûr de son art, à oser des mots qui seront autant de victoires s’ils franchissent (ce qu’on lui souhaite, évidemment) le filtre frileux, sectaire et conservateur des médias, pour se répandre. « Andoni, c’est le vent du voyage, l’âme des semelles de Rimbaud à l’aube du XXIe siècle. Fils de Chris Marker et fou de Louis-Ferdinand Céline, il vous dessine une chanson comme le Petit Prince caresse un mouton… qui ne rentrerait pas dans le rang » en dit l’ami Eric Guilleton. Je ne saurais dire mieux.

Je rigole, Qui chante le matin est peut-être un oiseau, 2012. Le myspace de Je rigole, c’est ici. (Ce billet est une version augmentée d’une chronique parue dans les colonnes du Petit format).

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