Oxmo textuel
Oxmo Puccino, festival Paroles et Musiques, Saint-Etienne, 19 mai 2012,
C’est un colosse chauve, à la peau d’argile et de terre. Un slameur praticien d’une langue entre toutes raffinée, presque chanteur. La frontière est ténue et ça n’a du reste pas grande importance : Oxmo Puccino enchante, et le mot est faible. Il est là, en ce Magic Mirrors où, si on se déplace, on a soucis de ne pas faire craquer le bois sous ses pas. C’est silence qui naturellement s’impose : on écoute l’artiste, respectueusement, presque religieusement. Il a certes un micro mais se produit en acoustique, avec deux complices : un guitariste (Édouard Ardan), un violoncelliste (Vincent Segal). Du dehors de ce Magic, on ne peut savoir ce qui se passe ici : on n’entend rien. La chapiteau de toile et de bois retient la voix, retient le souffle, garde à lui l’étonnant secret de ce récital d’exception. Le verbe est haut qui, en une monotone mélancolie, une tristesse revendiquée, parle d’abondance de la vie, de la mort. Avec cette voix si douce, si belle, sans excès. Le relief est dans la diction et l’addiction dans le mot. Oxmo revisite ses classiques (L’amour est mort, Lipopette bar, L’arme de paix… et, en primeur, quelques titres de son « Roi sans carrosse » à venir) par ce tout autre éclairage, autre et savoureuse gangue de langue. Avec des accents jazzy et manouches, musique tout aussi reposée mais brillante qui fait chorus avec ces flopées de mots, cette poésie ancrée dans le quotidien qui se fait sagesse, philosophie.
Il fallait y être pour prendre la juste mesure de la faveur, du bonheur. C’était l’avant-dernier concert de cette précise formation (la dernière le fut hier, aux Nuits botaniques de Bruxelles) par nature éphémère, ce hip-hop de chambre, avant le retour à une autre et coutumière logique, un prochain album (en septembre) et la tournée qui s’en suit, en amplifié il va de soi.
Le site d’Oxmo Puccino, c’est ici.
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