La complainte de Soan
Soan, festival Paroles et Musiques, Saint-Etienne, 18 mai 2012,
Nettement à surévaluer, le Soan. On ne s’attardera pas plus longtemps sur ses origines, sur le pourquoi de son succès : ici ou ailleurs, il faut bien être né quelque part. On restera plus longtemps sur ce qu’il est, sur ce qu’il fait. Et là, respect. Bon, Soan fait dans la dramaturgie au kilomètre. Pourquoi pas ! Un long chant déchirant, pleuré comme chez Francis Lalanne, hurlé comme chez le Mano Solo des débuts (dont Soan reprend, avec grand talent, le « A pas de géants »). Avec une voix trop haute perchée, éraillée comme il faut pour suggérer l’âpreté de la vie. Une voix forcée, façon Brel, mais ce n’est pas désagréable, au contraire. Avec son look si particulier, sa barbe de toujours quelques jours, son chapeau, sa chemise qui pour peu ferait robe, ses baskets, ses tatouages, sa bière à la main et sa taille petite qui tranche avec sa si grande énergie… Un personnage attachant, Soan, dont les chansons s’ébrouent dans le mal d’être, mal de soi, maux d’amour. Se noient dans l’alcool, s’échouent dans la dope, en de belles fresques qui témoignent d’une écriture, une vraie patte. Bémol, et il est de taille : la difficulté de tout bien comprendre, les quatre musiciens (basse, guitare, batterie, clavier) prenant parfois le pas sur les mots qu’il faut alors déchiffrer, fouiller au sein des notes mêlées. Et c’est épuisant. Soan et sa complainte ne déparent pas, loin s’en faut, dans la grande famille de la chanson. On le reverra avec égal plaisir.
Superbe plume, bonne énergie sur scène et personnage attachant : j’adhère !