Monsieur Bidon, envolée vers l’utopie
Monsieur Bidon, festival Paroles et Musiques, Saint-Etienne, 19 mai 2012,
Vol 7774 de l’Utopia Airlines, le pilote est Bidon. Monsieur Bidon, pour être précis. Mais Bidon ne l’est pas, loin s’en faut. S’il a connu diverses formules, diverses fortunes, il s’est lentement mais sûrement mué en probant folk-singer. Là, comme jadis Béranger survolant les anciennes terres des Afrikaners, Monsieur Bidon fait grande traversée : « Je vous invite à voler / Au-dessus des idées basses / Qui vous brouillent l’esprit / Et n’en valent pas le prix. » Comme une vigie haut perchée, Bidon explore et scrute le monde, avec grande crainte : « Tout au bout d’une ligne droite / J’ai peur qu’un ordre nouveau m’épingle (…) Qu’on dénoyaute Le Temps des cerises / Pour qu’hélas tout s’uniformise. » Monsieur Bidon ne chante pas pour simplement passer le temps. Quitte à tenir un micro et avoir un public, il fait dans l’utile qui sied à l’agréable. A Shangaï comme dans l’Hexagone, rien ne lui est étranger. Il restitue, souvent par fable affable : comme cette histoire, qui n’est pas sans faire songer au Lily de l’illustre Pierre Perret, de la petite Cendrillon venue du pays des grillons pour atterrir en ce pays où Voltaire n’est pas si candide : « C’est un pays sordide où t’apprends à te taire (…) Ta vie est une gajure au pays des sans-papiers. » Tenant bien le manche, d’avion comme de guitares et d’ukulélé, Monsieur Bidon fait escale là où se joue le sort du monde et la dignité très souvent bafouée des hommes. Comme à Lampeduzza, où s’entassent les réfugiés candidats à l’espoir. Même dans ces plantations copyrightées : (sur l’air d’une chanson de Renaud) « La morale de cette p’tite histoire / C’est qu’si tu veux bouffer bio / Y’aura toujours un malin pour / Te refiler du Mosanto ! » Certes, Bidon chante l’utopie, mais une utopie raisonnable, celle de corriger les torts et les tares de l’Humanité, de cette poignée d’irresponsables qui la dirige. Le stéphanois qu’est Monsieur Bidon (Didier Homminal dans le civil) panse le monde d’aujourd’hui et pense celui de demain, jolie fonction, vraiment, de la chanson.
Le site de Monsieur Bidon, c’est ici. Didier Homminal se présente là.
Monsieur Bidon n’est pas bidon, je suis en train de l’écouter, et oui, » petit fils de Brassens et cousin des têtes raides », ça lui va bien …