C’est du Joyet ce joyau !
On n’écoute pas les disques tous de la même façon. Celui-là ne se télécharge pas. On l’extrait délicatement de sa pochette pour le poser sur la platine : il se déguste comme le meilleur des vins. Ne le cherchez donc pas au rayon gros rouge et autres piquettes. Et puis ce n’est pas fréquent un Joyet. Le précédent millésime date d’il y a quatre ans, celui d’avant de 2001, une éternité. Alors…
Joyet c’est, à l’égal des très grands, la totale maîtrise du mot avec la simplicité qui sied au vrai talent.
Oh, Joyet ne révolutionne pas la chanson : il lui donne simplement quelques de ses plus belles pages et un peu beaucoup de sa fierté. Lui qu’on ne connaît vraiment qu’en duo avec la Miravette, en duette avec la Miraveau, a mis sa musique en tenue de soirée, musique de chambre que dirige un certain Didier, Romain, signature habituelle pour ce qui relève de la grâce. Un quatuor classieux, une pianiste facétieuse… « Tes mots tellement me disent / De saveurs et de gourmandises / Que le piano fait un festin / Et mes doigts suivent leur destin. »
C’est peut-être avec Djamila, un de ses vieux titres, qu’il reprend ici, qu’on voit l’habillage, l’impeccable et soyeuse tenue : de la haute-couture, pas du prêt-à-porter. Oui, ça s’écoute en sommelier, on mire d’abord les chansons avant de bien les écouter, avant qu’elles s’offrent à nous, avant de les pénétrer. « Vous m’avez agréablement déçu » ose-t-il pourtant chanter… Ben non, il n’est que franche satisfaction. On ne vous listera pas ici les chansons ni les sujets : Joyet n’est pas le tarif-album de la Manufacture d’armes et de cycles de Saint-Etienne. Non. Son art de l’écrit explore le profond, sonde les sentiments, fait ses gammes d’émotions, narre l’indicible. C’est de toute beauté, c’est un joyau, c’est un Joyet.
En même temps que ce nouveau disque, Bernard Joyet rassemble toutes ses chansons en un livre copieux, malheureusement d’une typographie (corps de caractères trop petit) et mise en pages peu agréables : on est loin, là, des exemplaires imprimés de Christian Pirot. Ce n’est malheureusement pas l’écrin que méritaient de tels textes ! Reste que lire les chansons de Bernard Joyet, c’est déjà lire. Non des vers orphelins de notes, simplement des textes joliment cousus mains, brodés de perfection. Rien que pour ça, l’ouvrage est utile. Il est nécessaire.
Bernard Joyet, Autodidacte, 2012, Tacet/L’Autre distribution. Le visuel du disque est tiré d’une photo de Chantal Bou-Hanna, une des chevilles ouvrières de NosEnchanteurs et ça nous rend pas peu fiers. Le livre éponyme sort chez Christophe Chomant éditeur. Le site de Bernard Joyet c’est ici. Bernard Joyet chante à L’Européen (à Paris) le 29 mai 2012. La chanson sur la vidéo ci-dessous est antérieure à ce nouvel album.
http://www.dailymotion.com/video/xhz9v5
Ah Joyet !
On n’en parlera jamais de trop et aussi bien, merci Michel.
Il faut le voir sur scène, vous émouvoir et vous faire rire.
Quel talent !
A écouter sans modération, et je vais vite me procurer son dernier CD, en attendant qu’il passe près de chez nous…
Je ne me souviens plus exactement de la date, mais c’est un grand souvenir de radio, une nuit, entre les bacs de révélateur et de fixateur, un duo fulgurant, étincelant, Joyet et Roll Mops .. et coup de chance je crois que j’ai assisté à un de leurs derniers tours de piste en duo, au Loup du Faubourg si j’ai bonne mémoire. Depuis, il est en haut de l’affiche vrtuelle de mon music-hall personnel. Et pour quelques chansons de plus, allez quérir le « Tranches de scènes numéro 9″ avec toute sa bande de copains d’abord, et de copines de bonne compagnie, pour « un moment autour de Bernard Joyet » … Merci Bernard, merci Eric Nadot, merci beaucoup pour ce très bon moment… Et vivement le 29 Mai..
Il y a de la Miravette et ses doigts qui courent sur le clavier. Et le joli duo de « La note et le mot ». Du haut de gamme !! Bonjour Michel et merci.
Merci pour cet article que j’aurais aimé pouvoir écrire !!! Je partage cet enthousiasme, ayant une admiration absolue pour la beauté des textes, des musiques, la tendresse, l’humour et la gravité, l’absence totale de prétention ou de « prise de tête » de ces deux perles (la magnifique Miravette vaut aussi le détour).
J’oserais dire que ces deux-là (et quelques autres de leurs amis, bien sûr) me rendent la vie beaucoup moins grise.
J’ai les papilles qui frétillent dans l’attente de ce nouveau CD. Les chansons de Joyet se dégustent comme un bon vin… J’en salive déjà ! Si, en plus, le sommelier s’appelle Romain Didier…
Jacques L.
Réponse : C’est effectivement un grand cru, Jacques. On lèvera les vers ensemble… MK