La glotte de Lascault
Déconcertant et réjouissant. Toute une année, Lascault, cherchant « au fond de (lui) ce qui pouvait faire surface », est sorti de sa grotte pour nourrir sa glotte. Dès qu’une idée lui traversait l’esprit, il en tirait trois quatre vers, parfois plus. Et son esprit est souvent traversé d’idées. Au final ça se nomme Haïku pour la beauté du vocable, pour sa sonorité. Et comporte soixante titres ! Dans ce fatras de mots, foirefouille du verbe, il y a à boire et à manger : banales considérations, simples observations, parfois l’amorce de colères et d’indignations quand les expulsions ou les attaques contre les roms s’invitent… L’écoute, on le devine, est différente d’un autre disque, la notion de chanson plus abstraite, quoique. C’est autre chose, rôts de mots, ronds dans l’eau, fulgurances, incongruité fruitée, avec parfois des traits plus lumineux que d’autres. Selon, on sera irrité ou totalement séduit, suffit d’y entrer, parfois d’en sortir. Tel est Lascault qui, depuis une décennie, s’aventure en des expériences singulières, négligeant souvent son propre chemin d’écriture. Mais écriture il y a, aux sources même. Qu’un excellent quatuor de cordes (le Quatuor Atlas, en fait le même Lascault qui aime à se couper en quatre et musiquer ses mots !) vient surligner, en adoucir le rugueux, faire délicieux contrepoint.
Michel Lascault, Haïku, 2011, autoproduit. Le site de Lascault, c’est là. (Ce billet est une version augmentée d’une chronique parue dans les colonnes du Petit format du Centre de la Chanson).
Voilà au moins quelque chose qui se démarque de la production convenue et bien formatée.. Donc à suivre, et à écouter. Dans le genre créatif foisonnant, une découverte Frédéric Recrosio, et un retour flamboyant, Elisabeth Wiener avec les Callas Nikoff, vues et entendues hier soir, si ça vous dit, il y a quelques lignes ici
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