Souad Massi, paroles de femme orientale
Souad Massi, 3 mars, salle Daquin à La Ricamarie,
C’est un concert décontracté. Avec des guitaristes qui prennent du plaisir et le montrent, heureux d’être ensemble, prêts à toujours plaisanter, à rivaliser d’audace et de talent, à rire, à chambrer leur patronne même, même si le répertoire de Souad Massi, entre mélancolie, tristesse et espoirs, ne porte guère à ça. Il n’y a vraiment que le « vieux », Rabah Khalfa, percussionniste, virtuose de derbouka s’il en est (son solo à cet instrument est un très grand moment) et ombre vocale de la chanteuse, qui semble réguler, un peu, cette presque cours de récréation, cette scène enjouée et productive, d’une bienveillante attention.
Souad Massi est une des plus intéressante folk-singer actuelle. Elle ne serait pas sans faire songer à Joan Baez si son chant était un peu moins intime, s’il se mettait à observer les soubresauts du monde. A hausser le ton. Mais telle est Souad Massi, dont la voix offre un merveilleux écrin aux sentiments, à la nostalgie, aux regrets et aux souffrances. Reste que, sous ses mots délicats, parfois entre les mots, c’est une autre idée de la femme orientale qui se profile, une posture, une attitude qui fait de son chant réel engagement.
Depuis une décennie qu’elle se produit sur scène, le suave chant de Souad fait référence et nombre de ses chansons sont déjà des grands classiques. Raoui, Yemma nekdeb aalik, Mesk Ellil, Ya ssi Hmed… qu’ils soient folk oriental ou chaabi, c’est un chapelet de succès, presque une anthologie déjà. Et tout est miel (j’ai dit miel, pas mielleux), admirable partage. Sur scène comme avec le public. Moment précieux, oui, entre tous.
Un titre en français, un seul, que lui a écrit l’ami Cabrel. Sauf à être né de l’autre côté de la Méditerranée, on peut donc ne pas comprendre le traitre mot. Mais on sait, par intuition ou pour en avoir lu des traductions, l’orientation de la belle. Son chant nous est alors pages blanches sur lesquelles nous projetons nos images, nos représentations, nos tendres rêves, des paysages et des visages, une idée du bonheur et ce qu’il faut faire pour y arriver. Son chant est étonnamment parlant pour qui ne parle pas sa langue. D’autant que ses sonorités empruntent tant à l’arabo-andalou qu’à une musique plus universelle encore car teintée d’une sono mondiale folk où sont une partie de nos repères.
Intimiste mélancolique et mélodieux, c’est sans doute dans sa langue maternelle qu’elle exprime le mieux ses émotions . J’avais eu l’occasion de l’entendre chez des amis à Alger qui avaient juste une cassette , elle a fait un bout de chemin depuis, et ses chansons me touchent beaucoup .
Souad chante plusieurs styles de chant, dans plusieurs langues, elle est très sincère sur scène … elle donne tout avec une voix d’or et dans une ambience qu’elle rend conviviale avec sa complicité avec le public et ses musiciens …. merci souad