Cet anglais qui chante en v.o. les vers de Verlaine
Si, dans l’Hexagone, nombre de p’tits jeunes pas encore guéris de leur acné n’imaginent bêtement la chanson que dans la langue pratiquée à London, vaguement assimilée durant leur scolarité (lire notre billet d’hier), il existe Outre-Manche des artistes qui font l’exact chemin contraire. Ainsi John Greaves, soixante-deux ans, qui fut le fondateur du mythique groupe pop anglais Henry-Cow aux côtés de Fred Frith puis de Robert Wyatt. De nombreuses collaborations ainsi que des albums solo émaillent la carrière de ce bassiste et compositeur britannique. Collaborations inclues, il est à la hauteur d’une quarantaine d’albums. Et voici que, pour la seconde fois, pour un deuxième album (le premier remonte à il y a à peine quatre ans), John Greaves met l’accent sur Paul Verlaine. Douze poèmes sur lesquels il a composé des musiques folk-rock (sauf un texte déjà mis en musique par Gabriel Fauré). Faut-il préciser que ces interprétations sont… en français, langue chantante s’il en est, Greaves ne semble pas dire le contraire. C’est sur un rock apaisé, mélodieux, que reposent les vers de Verlaine, dans une intonation qui fait parfois songer à Arthur H. Accordéon, concertina, banjo, harmonica, violin, alto, piano, bandonéon, guitares et sobre batterie font chorus au chant de Greaves, lui-même à la basse, au piano au fender rhodes et à l’orgue. Un écrin, un vrai, pour de superbes poèmes qui pourraient gagner, là, sinon de nouveaux lecteurs, au moins des auditeurs passionnés.
John Greaves, Greaves Verlaine 2 : Divine ignorante, 2012, Cristal records/Harmonia mundi distribution. Sortie le 3 avril. Le myspace de Greaves, c’est ici. En vidéo, La lune blanche de Paul Verlaine, chanson qu’on retrouve sur le précédent disque de John Greaves.
Très mélodieux en effet, merci pour cette belle découverte, ça fait plaisir de voir que certains de nos amis d’outre-Manche apprécient et pratiquent la poésie française avec autant de talent. Nous avons aussi Julian Barnes en littérature, un amoureux de la France (Le perroquet de Flaubert, La table citron, Love, etc). Il y a le meilleur et le pire partout, et dans toutes les langues.
Heureusement, tous les artistes français ne font pas que des Cocooneries en simili anglais… Si vous voyez passer dans votre région « Je rigole » ne les ratez pas, ce trio c’est un alliage scintillant de poésie enflammée et de musiques riches, c’est « la chanson et le free jazz, l’intime et l’Apocalypse, Lisa Portelli et les purges de locomotives anciennes, le flamenco et la symphonie shamanique, Leonard Cohen et le Velvet Underground,… » (B Louis)
Et un coup de chapeau aussi à Carmen Maria Vega, et Jérémie Bossone, qui n’ont pas besoin de se planquer derrière ds artifices pour faire sonner la langue, vive et verte, tonique, et française.
(Il y a en pas mal d’autres, dont on a parlé ici… voyez les archives si vous avez raté le début)
Réponse : Je confirme pour tout. Et notamment pour Je Rigole, que je viens de chroniquer pour le prochain numéro du Petit format du Centre de la Chanson. C’est très intéressant, très proche d’ailleurs de Romain Dudeck que j’apprécie particulièrement. MK
Je ne voudrais pas passer pour un vieux malengroin qui médit des djeuns, voici donc ce qu »a déclaré à Télérama en juillet 2008, Mark Daumail,(Cocoon) : « Les chansons me sont toujours venues en anglais, j’ai biberonné à cette culture musicale. D’ailleurs, la première fois que j’ai écouté du Brel ou du Gainsbourg, j’ai trouvé ça bizarre, carrément laid. J’ai même pensé que c’était un crime de chanter en français. »
No comment !
Lundi j’ai découvert « Je rigole » …. avec éblouissement..
Quelques notes et images ici
http://resistancechanson.hautetfort.com/
et c’est en français !!!
Tiens j’ai reconnu Fay Lovski (au son de son drôle d’instrument) qui est avec les Primitifs du Futur…
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