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Made in Grenoble, in Isère (qui sera le dernier à chanter en français ?)

Little big djü, de la Cuvée grenobloise (DR)

Au courrier d’hier le volume 11 de la « Cuvée grenobloise », compilation discographique portée par l’association Dynamusic, financée en partie par la Ville de Grenoble et le Conseil général de l’Isère. Cette compilation annuelle a pour but « la promotion des artistes émergents de la scène grenobloise et iséroise des Musiques actuelles ». « Vitrine représentative mais non exhaustive de la diversité musicale locale, la compilation est avant tout un outil de promotion pour les artistes et d’image pour la scène grenobloise auprès du grand public, mais également auprès des professionnels, médias, diffuseurs, festivals, etc. Le vivier local est riche et productif, la Cuvée Grenobloise constitue un moyen efficace de véhiculer cette image au plus grand nombre » lit-on sur la documentation jointe.
Dix-neuf artistes ou groupes sont présents sur cette vitrine de l’Isère. Que je détaille : deux instrumentaux à l’intitulé anglo-saxon, deux chansons en français (dont une de Yoanna), douze en anglais, une mi anglais mi français inaudible, une en allemand, une en espagnol. Recherche sur le net des éditions précédentes : même topo ou à peu près, il semble que d’années en années l’anglo-saxon gagne du terrain.
Où va-t-on ? Qu’on ait envie de chanter en anglais, en suédois, en javanais même, ce m’est pas mon problème, c’est histoire de liberté où chacun peut prendre son pied. Mais que des collectivités territoriales (ici, une ville et un département) financent un produit très majoritairement en langue(s) étrangère(s) au titre (je suppose) de « l’image pour la scène grenobloise », l’image d’une ville, l’image d’un département, là je m’étouffe. Je pouffe. Où va-t-on ? Quand tout le monde (au rythme où ça va, on y arrive vite) chantera en étasunien, en londonien, histoire que ça fait bien, que c’est in, que c’est à la mode, que restera-t-il de notre langue ? J’ai bien peur que les pouvoirs publics se tirent une balle dans le pied en encourageant de tels projets… Le sujet n’est pas nouveau que NosEnchanteurs a déjà exploré (lire « Je chante faux en français », l’article ainsi que tous les commentaires).

Le ministre de la culture que nommera le nouveau Président de la République en mai prochain sera bien avisé de prendre, en toute urgence, ce dossier en considération. Il sera bien avisé aussi de prendre attache avec le Conseil francophone de la Chanson, qui vient de créer un site, « Francoloupe » (Un oeil sur la musique francophone, deux doigts sur son pouls) pour faire le point sur l’expression chantée en français. Un premier article de Philippe Renaud, journaliste québécois, est mis en ligne ( « Qui sera le dernier à chanter en français ? » ) dans l’attente d’autres interventions : « FrancoLoupe cherche d’abord à rallier la communauté de musiciens, artisans de l’industrie de la musique et amateurs de musiques exprimées en français, avec comme but de susciter une conversation servant à mieux cerner les défis auxquels les francophones doivent faire face dans un marché musical à prédominance anglophone. FrancoLoupe est la première étape d’une vaste réflexion portant sur la santé et l’avenir des musiques populaires en français; dans un contexte technologique, économique et sociologique en transformation, la place – et l’importance – de l’espace francophone paraît fragilisée. Nous espérons que cette réflexion débouche sur un agenda permettant d’assurer sa pérennité. »

11 Réponses à Made in Grenoble, in Isère (qui sera le dernier à chanter en français ?)

  1. Jean Lapierre 21 février 2012 à 9 h 43 min

    Rappelons simplement qu’à Grenoble est né Jean Dréjac, chanteur, auteur-compositeur. On lui doit « Sous le ciel de Paris », « Le petit vin blanc », « L’Homme à la moto », « La cuisine », « La chansonnette » et bien d’autres chansons

    Réponse : Michel Fugain aussi… MK

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  2. Norbert Gabriel 21 février 2012 à 9 h 46 min

    Et pourtant, il y a des gens qui chantent en français avec un formidable talent, avec des musiques pêchues, que pourrait saluer Bruce Springsteen, des textes que Rimbaud ou Hugo salueraient volontiers, comme ce trio que j’ai vu hier soir à La Manufacture Chanson « Je rigole » ou comme Carmen Maria Vega… Et heureusement qu’il reste quelques uns de ces résistants dans les traces de Thiéfaine, Higelin, Véronique Sanson ou Balavoine pour montrer que le français est aussi une langue qui résonne et qui sonne… Mais il est vrai que devant ces pseudos english-yaourtophones, ça donne envie de sonner le tocsin.
    Certains arguent qu’ils chantent faux en français, mais ça fait bien rigoler les anglophones qui lisent leurs textes, et qui les comprennent, eux…
    Je leur dédie, à ces néos colonisés de l’oncle Sam, cette phrase extraite des textes de Je rigole :

    « L’innocence, c’est l’inconscience du mal qu’on fait »

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  3. Norbert Gabriel 21 février 2012 à 10 h 04 min

    Post Scriptum : si je chante faux en français, ça ne veut pas dire que j’écris juste en anglais… aurait pu dire Michel Simon (en clin d’oeil à cette réplique grandiose, « je chante faux mais j’entends juste ». C’est dans L’Atalante, si j’ai bonne mémoire…)

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  4. Danièle Sala 21 février 2012 à 10 h 37 min

    Il y a une pléiade de jeunes chanteurs qui chantent très bien en français, ceux qui osent se mettre à poil et ont des choses à dire, et il y a aussi de bons chanteurs anglophones, italiens et de partout . Le problème vient juste des chanteurs français qui chantent en anglais pour habiller l’indigence de leurs textes de rythmes anglo-saxons . Et quand on écoute une rediffusion de la soirée des Francofolies du 14 juillet 2011 à La Rochelle entièrement en anglais, ça pose problème !
    ( cf Radio days and French folies . Poste-scriptum . Norbert Gabriel) sur le sujet .

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  5. GRUFFAZ 21 février 2012 à 11 h 19 min

    Bien vu !!
    Ils ont la cuvée, on a le vécu !!!
    GRUFFAZ
    (tritureur de mots isérois, trop politiquement incorrect pour être un jour sur cette compilation…)

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  6. Léo Artaud 21 février 2012 à 11 h 32 min

    Quand on me dit « Ah oui ? tu fais dans la chanson française ? » je réponds « NON ! je fais de la chanson en français… Si j’étais espagnol j’en ferais en espagnol ! Mais j’ai trop de respect pour les poètes espagnols ! Alors je fais de la chanson en français car c’est la langue dans laquelle je pense ! Pas seulement celle avec laquelle je parle. »

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  7. Alain Tremblay 21 février 2012 à 11 h 49 min

    J’aime bien certains textes engagés de Grand Corps Malade. Il a une plume qui percute, un peu à la Renaud. Qu’en pensez-vous ?

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  8. André 21 février 2012 à 13 h 49 min

    Toujours désolé, comme après « Je chante faux en Français ». Mais on tient bon. Allez Gruffaz, tu l’auras ta chronique sur NosEnchanteurs, ne désespère pas, mais continue à chanter en français.
    Michel, va voir sur http://www.gruffaz.net !

    Réponse : Je vais y aller, André. Et c’est vrai que Gruffaz aura un jour un billet sur ce blog. Quand ? Je n’en sais rien. Je ne sais jamais ce qu’il y aura sur le blog le lendemain. Demain, ça peut être Juliette Gréco, pour son autobiographie assez captivante. Ou John Greaves, un anglais qui sort un album entièrement en français sur des poèmes de Verlaine. Ou… je ne sais. Mais, Gruffaz, un de ces quatre, oui ! MK

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  9. Chris Land 21 février 2012 à 14 h 56 min

    Je pense spontanément à un artiste majeur (pour moi) de cette scène grenobloise mais quasi abandonné faute de lisibilité : Jean-Luc Schwartz.
    D’autre part, je reçois régulièrement la compile de la ville de Montpellier. C’est du même tonneau…

    Réponse : J’ai bien peur que les activités scientifiques de Jean-Luc Schwartz aient définitivement pris le pas sur son exercice artistique. Le découvrir sur son myspace : http://www.myspace.com/jeanlucschwartz MK

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  10. YANN LEM 22 février 2012 à 17 h 04 min

    En guise de commentaire je réédite celui que j’avais mis sur FRANCOLOUPE le 21 janvier dernier:

    De bien beaux échanges, moi qui suis saltimbanque et qui ne chante qu’en Français depuis plus de 30ans, parce que je ne maitrise pas du tout la langue de Shakespeare et qu’en plus pour moi la chanson est le moyen de transmettre des idées, des points de vue et pour ça il faut être compris du plus grand nombre. .
    Je suis revenu à mes premiers amours, le Blues, il y a 5 – 6 ans, fin 2010 j’ai sorti un album qui m’a valu un bonne presse, le PRIX DU MEILLEUR ALBUM FRANCOPHONE DE L’ANNÉE, LE PRIX DU MEILLEUR ARTISTE FRANÇAIS, mais j’ai un mal fou à tourner. Une grande partie du public Blues en France ainsi que les programmateurs, estiment que le BLUES c’est l’Amérique et en Anglais dans le texte, il préfère écouter : ”Ma gonzesse c’est tiré et j’me suis saoulé au whisky” sans le comprendre plutôt qu’un texte qui dénonce les injustices.
    La faute ne vient-elle pas aussi de nos décideurs ; on apprend aux jeunes générations que la langue internationale c’est l’anglais, on n’étudie plus des chansons à l’école (comme à une certaine époque on étudiait Prévert) et nous en tant que parents avons nous fait le nécessaire ?

    Dans tous les cas je vais continuer à me battre et je remercie tout ceux qui œuvrent et ouvrent des pages comme celle ci, nous “les artistes” avons besoin de nous sentir protégés et soutenus.

    Pour ceux qui veulent me découvrir :
    http://www.deezer.com/fr/music/entre-blues-et-granit/yann-lem-1471838

    YANN LEM

    http://www.youtube.com/watch?v=E6-xoDuCBrQ

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  11. Joel ISSADJY 23 février 2012 à 9 h 39 min

    Bonjour à toutes et à tous. Dans notre Limousin, à Limoges plus exactement, nous avons un collectif  »les tréteaux de la chanson » qui ouvre tous les deux mois les dimanches après midi en entrée libre  »des scènes découvertes » afin de faire connaitre à un large public des artistes auteur-compositeur-interprète amateurs ou semi-pros qui chantent uniquement en FRANÇAIS. Cette idée remonte en 1975 a Yerres dans l’Essonne où avec Ramon Finster et une bande de copains nous avons fait naitre les  »TRÉTEAUX DE LA CHANSON ». Déjà 35 ans que nous battons pour que la chanson FRANÇAISE ET NOTRE LANGUE (LA LANGUE DE MOLIÈRE MAIS AUSSI DE BRASSENS, BREL, FERRAT etc.) survive. Nous n’avons aucune subvention, aucune aide pour pouvoir mettre en place une plaquette et un cd POURQUOI ?? me direz vous !! Tout simplement NOUS CHANTONS EN FRANÇAIS ALORS QUE NOS COUSINS QUÉBECOIS, AVEC NOUS ENVISAGEONS DES ÉCHANGES, DÉFENDENT DEPUIS LONGTEMPS LEUR LANGUE, NOTRE LANGUE !!!  »Les tréteaux de la chanson » sont ouverts à toutes et a tous sans cotisation, sans prise de tête. La seule demande : CHANTE FRANÇAIS amis artiste!!!!!! contact lestreteauxdelachanson@hotmail.fr ou tel 06 46 10 75 12
    MUSICALEMENT les statuts de l’assoc a votre demande

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