Marcel ne chauffe plus (ça jette un froid)
Il ne faut pas nécessairement être historien de la chanson pour faire référence au fameux « Chauffe Marcel ! » de Brel, lancé en direction de l’accordéoniste Marcel Azzola lors de l’enregistrement de Vesoul. S’il est une expression passée dans le langage courant, c’est bien celle-ci. Et dieu seul sait combien de fois Marcel et son Orchestre l’ont entendu, cette expression ! Et bien c’est fini, plus de chauffage pour nos Marcel ! Clap de fin, ultime mais copieux double disque d’adieu et tournée ad hoc il va de soi.
Après vingt-deux ans d’activité, neuf albums studio, deux live et un dévédé, pas mal de participations à des compilations aussi, nos ch’tis de Boulogne-sur-Mer raccrochent les gants, remballent leur ska-punk-rock un tantinet musette, mi festif mi revendicatif, rentrent aux vestiaires pour, on l’espère, d’autres aventures, d’autres formats.
Quelle idée d’abord de se nommer ainsi : « On trouvait amusant de prendre volontairement le nom le plus handicapant possible, le plus potache, juste pour voir jusqu’où cela nous conduirait dans ce monde du paraître et de la frime. » Ça les a conduit loin, grosses tournées, scènes enviables, fans échauffées, « tubes » fameux et langue qui n’est pas restée dans leurs poches. Leur rock relooké carnaval a mis à mal pas mal d’institutions, cloué au pilori musical autant de comportements. « Ce qui nous est arrivé est mille fois au-dessus de ce que nous avions imaginé. En démarrant cette aventure à la toute fin des années quatre-vingt, l’idée était juste de trouver les moyens de ne pas trop s’faire chier. » Quitte à quitter la scène, les Marcel le font en fanfare. Foin d’austère austérité, ils nous font un gros et bel album : deux cédés (pour le prix d’un), 27 titres (dont la moitié relève de l’auto-détournement) pour une galette en acoustique, l’autre plus électrique.
C’est un double album complet, comme on le dirait d’une pizza : avec tous les ingrédients, et plus encore. Retour aux sources à la recherche du Graal qu’est le rock’n’roll d’origine des sixties, affirmation de repères (Les Singes de Brel en sont la belle illustration), des textes parfois forts en gueule qui n’ont rien à envier à la chanson engagée (A qui cela profite, Je ne sais pas faire autrement…), des textes qu’on se gardera de prendre au premier degré (qu’à l’Ump on prendra au pied de la lettre, persuadé que la sainte parole de son candidat se trouve là !,) la tendresse qui côtoie la virilité, la bonne humeur, grosse déconnade, la fête, largement en fait de quoi mouiller son marcel rien qu’à l’écoute. Ce disque d’adieu est une totale réussite !
Marcel et son Orchestre, Dans la joie jusqu’au cou… et Tous les coups sont permis !, 2012, L’Autre distribution. Le site des Marcel, c’est là. En concert le 23 février à Lille, le 6 mars à Nancy, le lendemain à Limoges…
Ouh là j’ai eu peur « Marcel ne chauffe plus » puis Vesoul, j’ai cru à une mauvaise nouvelle concernant Azzola, que j’ai vu tout fringant récemment à L’Improviste (péniche jazz)… dans ce contexte, il faut bien une double dose d’orchestre « à la Marcel » pour se remettre..
Allez et que ça chauffe avec jubilation…
Réponse : Rien n’est jamais acquis et il faut, même sur le net, même (et surtout ?) pour NosEnchanteurs, attirer le chaland qui passe et faire des titres qui accrochent, qui retiennent l’attention, qui donnent envie de lire, de découvrir. Je ne suis pas toujours bon en titre mais convenons que celui-là fera son effet. Gloire aux Marcel et son orchestre ; longue vie à Marcel Azzola ! MK
Ils me font penser au groupe « Ramon Pipin (prononcez Pi-pine) et ses Mouillettes » des années… houuuuu !
Chris
Ben moi aussi, j’ai eu un sursaut en voyant le titre ! Est-ce bien raisonnable de nous faire peur comme ça ? Marcel, qui a accompagné les plus grands noms de la chanson française, Yves Montand, Barbara, Juliette Gréco, Gilbert Bécaud, le grand Jacques et bien d’autres, et enregistré des centaines de musiques de film, Marcel qui m’a fait danser aussi… Chauffe Marcel, réchauffe nos souvenirs, et étonne nous encore de ta joie de vivre communicative… Avez-vous remarqué que tous les accordéonistes ont un sourire radieux quand ils jouent ?
Danièle, pas tous, le sourire radieux !
Mais Franchin joue tellement bien !
Que franchement on lui pardonne !
Allez chauffe Marcel… AZZOLA !
Oui Odile, j’aime bien les Marcel, mais quand j’ai vu le titre de l’article, c’est au Marcel que j’ai pensé tout de suite. Mais si mais si, les accordéonistes rient en jouant et jouent en riant, les violonistes ferment les yeux, les pianistes ont souvent de drôles de tics, etc.