Alunissons à l’unisson !
Photos de Chantal Bou-Hanna
« La nuit promet d’être belle car voici qu’au fond du ciel apparait la lune rousse… » Quel aréopage que celui réuni par Pierre Margot le 30 janvier dernier au Vingtième Théâtre pour « La première nuit de la pleine lune » !
Avide de curiosité et rempli d’envie, je ne pouvais que courir écouter/voir les Claire Guyot, Annick Roux, Francesca Solleville, Anne Sylvestre, Sara Veyron, Georges de Cagliari, Philippe Catoire, Henri Courseaux, Romain Lemire, Gérard Morel, Franck Vincent et consorts. Et le moins que je puisse écrire, c’est que je n’ai pas été déçu ! À sa façon d’arpenter la scène de long en large dès l’entame, notre hôte d’un soir, Pierre Margot, met ses petits pas dans l’écran pour nous proposer une veillée de partages et d’échanges, sans chichis ni flonflons. L’acteur-metteur en scène, dont on n’oublie pas qu’il a déjà commis deux disques contenant quelques petits bijoux, n’a ménagé ni sa monture ni ses efforts pour nous faire voyager loin dans ses délires et ses désirs. En effet, quand on a droit à 42 oeuvres écrites par Francis Blanche, Georges de Cagliari, Romain Didier, Jean Ferrat, Jacques Higelin, Alain Leprest, Roger Riffard et les présents ci-dessus nommés, il est hors de question de bouder son plaisir ! Couplets ciselés inédits et refrains inoubliables s’entrelacent dans une sarabande dont on imagine combien elle a dû être pesée et pensée ; le tout ponctué par les aphorismes savoureux et profonds d’un Georges de Cagliari en pleine forme. Il faut dire aussi que tous ces interprètes sont vraiment mis en valeur par les régisseurs techniques de cet écrin magnifique qu’est le Vingtième Théâtre, heureusement bourré à craquer en ce lundi de fin janvier. Sans oublier de citer, pour leur présence et leur performance, ces complices-instrumentistes de haut vol que sont Nathalie Miravette, Nathalie Fortin, Denis Uhalde, Charles Tiessier (piano), Jennifer & Jessica Quillet (trompette et trombone), Yorfela (multi-intruments), Pablo (guitare) et Serge Duchesne dit Glops (cor).
Dans ce type de proposition de co-plateau où se succèdent autant de fortes personnalités si singulières, deux des principales difficultés résident dans l’articulation du programme et dans les enchaînements d’un univers à l’autre. Ici, la question de savoir si telle chanson est bien a sa place ou si telle autre n’est pas superflue ne m’a jamais effleurée. L’ennui n’a en aucun cas pu trouver sa place au cours d’une soirée, certes longue sans être parfaite, mais qui, grâce à sa pulsation, à ses différents niveaux d’énergie et à sa logique interne a su prendre par la main le spectateur que je suis pour l’entraîner dans son sillage, en toute confiance.
J’ai ainsi vécu un grand nombre de petits bonheurs durant cette parente thèse en chantée. Mille excuses à ceux qui ne seront pas cités ici (mais que je n’oublierai pas de sitôt pour autant !) mais, faute de place, je ne soulignerai que trois grands moments de cette soirée magique.
Le « C’est peut-être » de Leprest, par le comédien Guillaume Orsat et la funambulesque Nathalie Miravette, fut d’une tension incroyable, presque insoutenable : je parle là d’une alchimie qui, du fait de l’émotion, de l’arythmie, de la présence (physique et scénique) du bonhomme et d’une immense musicienne ô combien à l’écoute, a transformé l’oeuvre du grand Allain en un moment unique. J’ai alors compris à quel point Leprest, s’il avait fini de vieillir, n’avait certainement pas fini de grandir…
Le deuxième moment fort fut un duo entre Romain Lemire et Pierre Margot sur une chanson de celui-ci intitulée « De loin ». Outre l’amitié manifeste entre ces deux-là, ce qu’elle raconte et la façon dont ils l’ont découpée et interprétée lui donnent l’étoffe d’une grande chanson. « Les gens, de loin, se ressemblent tous / Faut s’approcher, un brin s’avancer / Pour distinguer le marin du mousse / Pour distinguer le contour des frimousses. / Alors les gens deviennent quelqu’un. » Si elle bénéficie de l’écho qu’elle mérite, je ne serais pas étonné qu’elle fasse un jour partie des standards de cette chanson tant aimée…
Mais, revenons plutôt sur cette histoire d’amitié. Il semble bien que ce soit le vrai fil conducteur de cette soirée peu commune : en effet, Pierre Margot pratique visiblement la (con)fraternité avec intelligence, harmonie et grâce. Sinon, comment expliquer que autant de talents et de voix viennent prêter leur concours à ce type d’exercice ? Interpréter une chanson qui n’est pas forcément de son cru sans avoir le temps de se mettre dans le bain et dans un état de concentration optimal relève du cadeau empoisonné et peut s’avérer « un tantinet casse-gueule »… Certaines imperfections vont même jusqu’à révéler des pans entiers de cette humanité qui constitue le terreau de ce mode d’expression si touchant que peut être la chanson. Les trous de mémoire deviennent alors de véritables cadeaux du moment présent : en survenant au détour d’un texte sublime, ces petites faiblesses passagères offrent à l’oeuvre une dimension nouvelle, prenant en compte et à revers un public qui se fige en même temps que le temps suspend son vol. Cet instant fut juste d’une capillo-érectililité incroyable : rien que d’y penser, j’en ai encore les poils érigés !
Le troisième temps de grâce que je voudrais mettre en exergue (mais, je le redis avec fougue, il y en eut moult autres !), fut celui qui clôtura ce spectacle mosaïque (mais cohérent) de plus de 3H20. Claire Guyot, l’invité principale de Pierre Margot, qui nous avait jusqu’alors fait montre de ses multiples possibilités vocales dans des genres très différents (bossa, opéra, variété, très belles interprétations de Ferrat, chants du monde,…) m’a alors littéralement subjugué avec une chanson qui devrait faire partie d’un spectacle musical basé sur « La Locandiera » de Carlo Goldoni. L’émotion qui se dégagea alors de son interprétation me toucha jusqu’au plus profond de mon être. Lorsqu’elle termina cet hymne à la liberté de la femme par ces paroles d’une touchante simplicité « Miranda Mirandoline / Ma vie, ma joie, mon opaline, / Libre, je ne te veux que libre. / Apprivoise ce mot qui vibre, / Ma reine de Locanda, / Accroche bien ton bras / Au bras de celui-là / Qui fera de toi La Locandiera », j’eus la sensation rare qu’elle avait le coeur au bord des lèvres, totalement habitée par cette Locandiera à venir, mais déjà tellement présente en elle.
Bref, vous aurez compris que cette « première nuit de la pleine lune » a illuminé mon séjour parisien et je suis prêt à parier qu’elle va m’éclairer pendant encore longtemps. Moi qui, de loin, le voyais comme une icône inatteignable, j’ai alors compris pourquoi l’humain à mains nues qu’est l’(en)chanteur me touche autant : en effet, quoi de plus proche que quelqu’un qui vous raconte votre intimité à l’oreille ?…
Oh que c’est cruel cet article !! J’ai raté cette soirée, pourtant attendue depuis longtemps, je suis presque inexcusable… Un détail en passant, c’est ANNICK Roux et pas Aline; (c’est Christophe qui appelle Aline, nous c’est Annick, comme Cisaruk, ou Annick Roux, deux interprètes de très haut niveau.)
Et tous ces invités croisés au hasard de scène multiples sont des gens de scène absolument formidables. S’il y en a qui passent près de chez vous, ne les ratez pas.
Merci pour cette » Nuit de pleine lune » qui éclabousse de ses échos enchanteurs le paysage blanc et gris de ce matin d’hiver : « Faut s’approcher, un brin s’avancer », « alors les gens deviennent quelqu’un » . . . Dommage qu’il n’y ait pas d’échos sonores .
Bon, on est bien content de savoir que Frank Halimi a pris son pied, c’est un témoignage, très bien, mais à quoi ça sert ? Ces exercices d’admiration béate, y compris devant les trous de mémoire qui donnent à l’oeuvre une dimension nouvelle (!), servent-ils vraiment la chanson dite de qualité ?
Ne faudrait-il pas publier des articles où l’esprit critique s’exerce vraiment, histoire de faire avancer un peu les choses ? Si lire ce blog se résume à lire une prose consacrée à des artistes forcément « immenses » (chacun ayant le ou les siens) et des déclarations d’amour à la chanson en général (pourvue qu’elle soit méconnue) je crois que je lirai autre chose.
Réponse : Je prends cette intervention comme une preuve d’exigence autant que d’attachement à ce blog. Comme commentaire d’un premier papier, c’est néanmoins un peu sévère mais ça pose un cadre utile, de référence. Je profite de cette « réponse » pour dire combien je suis content que NosEnchanteurs puisse s’ouvrir à de nouvelles collaborations, de nouvelles plumes qui vont s’affiner plus encore, qui vont et iront chercher la chanson là où elle se trouve, qu’elle soit méconnue ou pas. MK
Oui, ce blog est intéressant, et l’ouvrir à de nouvelles plumes est une bonne chose, mais la chanson, si on l’aime vraiment, mérite qu’on s’interroge sur elle et qu’on la soumette à l’épreuve critique, qu’on appuie là où ça fait mal, pour lui donner une chance d’exister et plus solidement encore face à la chanson industrielle. J’aimerais lire des témoignages ou articles qui posent davantage de questions, et ne se limitent l’expression d’un amour immodéré pour tel ou telle artiste.
Allez-y prenez vous la tête… Seul ce qui nous émeut restera. La critique est aisée à qui n’écrit pas. Chaque prestation d’art est un petit miracle, quelqu’en soit les sentiments qu’ils engendrent. Le parfait n’existe pas et n’existera pas, ce sont nos défauts qui affirment notre humanité.
L’écrit de Franck Halimi me touche. Certains vivent le fiel au bord des lèvres, d’autres le coeur au fil des mots.
Que cela fait du bien de lire un article comme celui là !
Quel chance d’avoir pu voir et entendre tout ce beau monde !
Merci de nous faire partager si joliment votre émoi…
Et moi et moi j’aurai bien aimé être là !
Oui, Pierre Delorme, « la chanson, si on l’aime vraiment, mérite qu’on s’interroge sur elle et qu’on la soumette à l’épreuve critique ».
Pour autant, quand on vit un spectacle comme j’en ai ressenti les pulsations et l’intensité, le 30 janvier dernier au Vingtième Théâtre, l’enthousiasme est la moindre des justices à rendre à ceux qui l’ont initié et mené de main de maître.
En effet, ce n’est pas rien que de parvenir à rassembler une mosaïque de personnalités aussi singulières ! Et la façon dont Pierre Margot a mené la danse est suffisamment remarquable pour que l’on en souligne l’enjeu et la réalisation.
Ensuite, concernant « l’expression d’un amour immodéré pour telle ou tel artiste », je n’ai pas écrit combien les Francesca Solleville, Anne Sylvestre, Nathalie Miravette et autres Gérard Morel (présents ce soir-là) ont construit mon désir de chanson (ce qui est pourtant le cas). En effet, d’autres l’ont suffisamment fait ici et ailleurs depuis des lustres (et j’espère bien que ça continuera encore longtemps) pour qu’il n’y ait nul besoin que j’en rajoute une couche, si personnelle soit-elle.
En revanche, j’ai bel et bien décrit avec émotion des instants d’une telle intensité qu’ils m’ont en même temps bousculés et caressés. Et ce pied que j’ai pris et qui m’a pris, je l’assume avec conviction ! Ces moments sont des chocs dus à la découverte d’artistes que je ne connaissais pas (Claire Guyot et Guillaume Orsat) ou mal (Romain Lemire) : et comme je pense ne pas être le seul dans ce cas, j’ose espérer que certains lecteurs auront la curiosité de se pencher sur ce qu’ils sont et ce qu’ils font (et ça, Pierre Delorme, ça peut servir à quelque chose, au-delà de l’admiration béate dont vous m’affublez…).
Après, que certains critiques plein d’esprit me reprochent mon manque d’esprit critique, cela fait partie du jeu et de l’esprit du jeu.
Et j’en accepte d’autant plus volontiers les effets que les dites critiques sont argumentées et contribuent à l’élévation du débat.
Ensuite, je ne suis pas un bisounours et, sans ressentir nullement le besoin de me justifier, j’ose espérer que j’aurais prochainement l’opportunité de démontrer que je sais aussi ne pas aimer bêtement; ni benêtement et encore moins béatement.
Enfin, merci à Roger pour son « coeur au fil des mots ».
Musicamicalement vôtre.
Comme je vous l’ai écrit ailleurs, je ne mets pas en cause bien évidemment la qualité de vos émotions, ni leur sincérité. Ce qui me gêne dans ce genre de témoignage est l’absence de référence à des données un peu plus précises, la couleur des voix, le style du phrasé, le style des mélodies et les couleurs de l’accompagnement, etc. D’où sortent ces gens, quel chemin suivent-ils, à quelle influence ou quel courant peut-on les rattacher…j’en passe!
Personnellement je ne sais rien de Pierre Margot et à la fin de votre texte je ne sais toujours rien, à part qu’il vous a beaucoup plu. Comment chante-t-il?
Au fil des blogs, nombreux sont les amateurs à dire leur amour de la chanson (chacun à sa manière) mais hélas, j’ai l’impression que nous avons bien du mal à en parler, de cette pauvre chanson!
Peut-être faut-il se laisser aller à la simple délectation alors? Se passer de mots, tout est dans l’émotion et le coeur! Surtout pas de questions et ne pas se prendre tête comme dirait Roger..ma foi, pourquoi pas, chacun fait comme il veut. Nous aimons sans doute tous la chanson, mais de manière tellement différente, que nous ne parlons pas, je crois, finalement de la même chose.
Pierre Delorme, c’est vrai qu’il y a plusieurs catégories d’amateurs de chansons, certains aiment en techniciens et peuvent parler de la couleur d’une guitare, de la tessiture d’une voix, des influences musicales et bien d’autres choses, d’autres aiment plus les paroles que la musique, ou sont des inconditionnels d’un certain style, et puis, il y a ceux ont juste envie de parler de l’émotion personnelle que leur a donné un spectacle, une chanson, et cette émotion peut être communicative , au fond, même si on est pas des spécialistes, on peut aimer, apprécier , être touchés par tel ou tel interprète, par telle ou telle chanson, par telle ou telle voix . Si Franck Halimi ne parle pas en spécialiste, il sait si bien faire partager ses émotions que je ne lui en veux nullement . Mais peut être avez vous raison, nous ne parlons pas tous de la même chose et de la même façon …Et heureusement, c’est ce qui fait la diversité .
merci pour cet article, c’est une incitation à venir voir ces artistes (dont plusieurs me sont inconnus), sur une scène, là où ils explosent leur talent.
Dans vos propos, je vois beaucoup d’enthousiasme et l’ambition de la partager. Pour ce qui me concerne, c’est réussi.
Mr Delorme, ne croyez vous pas que la meilleur façon de connaître la chanson c’est de l’écouter.
Vous dites » d’où sortent ces gens, quel chemin suivent-ils, quelle influence, quels courants peut-on les rattacher.. »
Franchement ce n’est pas très important.
Je suis allé sur le site de Pierre Margot, et j’ai lu son parcours, j’ai appris que c’était un comédien, musicien, et j’ai écouté des extraits de son dernier spectacle « Kamaïeu », et c’est très beau ce qu’il chante.
Merci encore à Mr Halimi pour cette découverte.
Oui, Pierre Delorme, j’entends cette façon que vous avez d’envisager un écrit critique. Elle a, bien évidemment, sa raison d’être et offre des critères de perception et de compréhension tangibles pour celui qui veut en savoir plus sur l’artiste, l’oeuvre, les couleurs, la technique…
Mais, vous aurez compris que ce n’était pas mon angle pour ce papier-là : j’ai juste été cueilli par des émotions fortes qui ont fait que, porté par ces découvertes saisissantes, j’ai laissé de côté ces données,
Je crois que nous parlons de la même chose, mais sous des angles de vision différents, ce qui fait que, effectivement, à l’arrivée nous pouvons avoir le sentiment de parler de choses différentes.
Je pense que nous aurons certainement l’occasion de creuser cette question qui m’intéresse (au même titre que d’autres en la matière, d’ailleurs), à l’avenir.
Dans l’attente, mon propos n’était juste pas celui que vous attendiez.
Quant à moi, lorsque je lis ce type de prose, je ne me demande pas comment j’aurais abordé le sujet : je me laisse juste porter par les choix d’écriture de l’auteur.
Après quoi, je peux ne pas aimer ou bien apprécier, mais c’est une autre question…
Voili.
Musicamicalement vôtre.
Je pense, comme Danièle Sala, que nous parlons tous de la même chose, mais chacun avec notre approche, notre point de vue, notre vécu, notre sensibilité.
Il faudrait surtout savoir pourquoi nous parlons ici de la chanson
Est-ce pour l’étudier ? Est-ce pour la partager ? Est-ce pour donner envie aux autres de découvrir certains auteurs, certains interprètes ?
Autant de buts, autant de langages, autant d’approches différentes
N’y autait-il que les « spécialistes », les « techniciens », les « professionnels » qui auraient le droit de parler de la chanson ?
Moi, je suis incapable de « disséquer » la prestation d’un chanteur que je découvre au cours d’un spectacle. Bien sûr, je peux dire comment il chante, à qui il me fait penser… mais je me garde bien d’en faire état, chacun se voulant « unique », même s’il accepte parfois d’appartenir à une « famille », s’il reconnaît ses influences. Mais « la couleur des voix, le style du phrasé, le style des mélodies et les couleurs de l’accompagnement, etc. »… non ! Je ne sais pas faire et ce n’est pas le genre d’infos qui me décideraient à aller voir un spectacle. Et puis il y a maintenant, grâce à internet, suffisemment de moyens pour écouter l’artiste dont on parle pour se faire aisément sa propre idée. Moi, ce que j’attends d’un article, c’est justement qu’il me donne envie de faire cette première démarche : aller l’écouter !
Et puis je ne suis qu’une simple spectatrice ! Je n’ai pas accès aux chanteurs dont il m’arrive de parler ici. Souvent je ne sais rien d’eux. Au mieux, j’ai un ou deux disques… une biographie sur un site… Je ne me vois pas, à la sortie d’un concert, aller voir le chanteur et lui dire « Je vais publier un compte-rendu sur ce que je viens de voir et d’apprécier sur un site internet. Pouvez-vous m’accorder une heure d’entretien pour que je puisse l’argumenter ? ». Je ne suis pas journaliste. Je me ferais rire au nez… Ça n’est pas ce que vous feriez, Pierre, si ça vous arrivait ?
Alors ne parler que des artistes dont on sait « d’où ils sortent, quel chemin ils suivent, à quelle influence ou quel courant on peut les rattacher… », ça limiterait beaucoup les sujets de conversation !
Mon but, en faisant ces comptes-rendus, ici où là, c’est de donner envie aux lecteurs d’aller voir l’artiste dont je parle. Alors je le fais de la façon qui me motiverait, moi !
Et je ne me sens pas le droit moral de critiquer publiquement un chanteur (débutant ou confirmé). Bien sûr, il m’arrive de ne pas aimer une voix, d’être déçue par une prestation, bien sûr… et je peux parfois dire pourquoi, mais pas toujours. Alors je n’en parle pas. Ou à mes amis, par téléphone. Mais il m’arrive de lire des commentaires dithyrambiques sur des chanteurs que je n’ai pas aimés. Tant mieux pour eux ! Je me dis que « tous les goûts sont dans la nature » et « Si vous n’aimez pas ça, au moins, n’en dégoûtez pas les autres ! »
Moi, j’essaye de découvrir un chanteur quand quelqu’un dont je connais les goûts m’en dit du bien. J’ai, comme ça, cinq ou six personnes dont je suis les conseils. Je regrette rarement de l’avoir fait. J’en ai cinq ou six autres dont le fait qu’ils apprécient tel ou tel chanteur me fait éviter de l’approcher. Je sais nos goûts trop différents. C’est valable pour les critiques de cinéma, de littérature, comme pour ceux de la chanson.
Je pense qu’en ouvrant ce blog à d’autres sensibilités que la sienne, Michel Kemper va nous permettre de nous faire une idée sur nos goûts mutuels, et que lorsque Franck Halimi aura publié une vingtaine d’articles, nous saurons le genre de chanson qu’il apprécie. Pareil pour vous (ici ou sur votre site). Et que lorsque Franck parlera d’un artiste que je ne connais pas, je saurai si je devrai guetter son passage dans ma région… ou pas ! Pareil à mon sujet, d’ailleurs…
C’est ce que j’attends d’un blog consacré à la chanson et ce que je trouve ici
Merci Michel !
Cat
Juste un peu d’empirisme.
Amoureuse de la chanson française, je ne connaissais pas Nathalie Miravette (et mon ignorance n’a pas de limite). Un jour, un homme, semble t-il séduit par le talent de la demoiselle m’a vivement conseillé de la découvrir. Les arguments de cet homme étaient qu’il n’en avait pas, ou presque: juste des yeux pétillants et une sorte de conviction de cœur. Bien peu de choses me direz-vous. Et bien, contre toute attente, cela a suffit à convaincre l’ours (avide d’arguments concrets) qui dort en moi.
Moralité: Il suffit de presque rien pour transmettre un désir, une émotion. Ça s’appelle l’alchimie humaine.
Conclusion: Moi, en lisant l’article de Mr Halimi, je me dis: « Merde, le con, qu’est-ce qu’il a bien pu voir pour se mettre dans cet état! » Et ça devient mon impulsion première. Alors, bravo pour ce partage de vibrations.
Conseil (qui n’engage que moi): Attention à ne pas trop techniciser la chanson française. Trop d’objectivité tue l’émotion.
Bien à vous,
Laura
Hé bien, beau débat, judicieusement argumenté, joliment troussé souvent …oui, tous ces commentaires relèvent de la belle écriture et ce point là me ravit, personnellement…Alors, si de surcroît les artistes qui sont cités y trouvent un peu plus d’éclairage, on ne peut que s’en réjouir !
Continuons !
Claude
Tu noteras, mon cher Michel, que j’ai encore donné de la plume pour contribuer à faire « vivre » ce blog, quitte à provoquer un peu (mais à peine!) Cependant si je suis toujours seul à m’y coller, je vais finir par me lasser et un peu de renfort ne serait pas de refus!
Ah bon c’était un jeu !!! Alors que vivent les interprètes et les chansons!
Roger
Mille excuses à Jennifer Quillet !
En effet, elle est uniquement citée en tant que trompettiste dans le papier, alors qu’elle est également la pianiste inspirée de Nathalie Miravette dans leur spectacle « Cucul, mais pas que… ».