Les Victoires en chantant
C’est étrange comme la publication des nominations pour les Victoires de la Musique (on ne dit pas Victoires de la chanson, vous m’expliquerez pourquoi) fait paradoxalement plus événement que le déroulement même de la soirée : pas un journal ou un blog qui se respecte la passerait sous silence. Allons-y aussi…
Cette fameuse liste vient d’être publiée et… il n’y a rien ! Que l’autocélébration d’un clan, petite subdivision de la chanson, un peu au-dessus du tout venant de la variété (encore que) où, pour peu qu’on ait sortit un album dans l’année, ou fait une tournée voire un clip, ou le clip de la tournée, on y est de droit, on a son rond de serviette, à s’assoir à la table coutumière. Voyez-les : ce sont les mêmes que l’an passé ou que l’année précédente ou de celle d’avant. Camille le phénomène, Nolween la bretonne, la veuve Ringer, Zaz… Qui est Zaz artistiquement ? Un vide, comme l’est Cœur de pirate, elle aussi encore nommée. Et puis Benjamin Biolay, Julien Clerc et le désormais inamovible Thomas Dutronc, fils de. Son dernier album est insignifiant et lui vaut donc nomination. Si, tout de même, il y a Thiéfaine, nettement au-dessus. Quitte à faire, si Hubert-Félix aime les médailles et les trophées, qu’on lui en donne. Il est le seul de ce lot-là à vraiment les mériter.
Izia, Archimède, Joe Starr, David Guetta, La Fouine, Orelsan (qui ne semble plus sentir le souffre, lui), Raphaël, M et Vanessa Paradis, Christophe Maé, Mika, Laurent Voulzy et quelques autres sont aussi sur la grille, sur le grill. Rien de bien enthousiasmant…
Et Alexis HK (déjà nominé pour le mémorable clip des Affranchis il y a deux ans – voir ci-dessous en vidéo) en « artiste révélation scène » qui prouve que les membres de l’Académie des Victoires sont lents à la détente : ça fait presque quinze ans, depuis C’que t’es belle, qu’Alexis HK hante nos scènes avec un incroyable talent, avec ses vers littéraires surdimensionnés qui vont encore détonner. En le baptisant « révélation », les promoteurs des Victoires passent un peu pour des rigolos.
Retransmission en début mars dans votre poste de télévision. Le mieux, ce soir-là, c’est que vous vous trouviez un concert, un vrai, pas loin de chez vous. Ce sera alors votre victoire sur cette musique-là.
En effet, je me suis fait la même réflexion en mettant l’article sur mon espace, mais ce sont les victoires de majors et non pas de la musique ou chanson !
Merci pour vos articles pertinents que je lis chaque jour avec délice.
Ça commence fort, ce matin .. De fait Alexis HK en révélation, ça va pas crédibiliser l’esprit de découverte des gens qui organisent les victoires. Ou alors c’est de l’humour… Si ça se trouve, il y a des gens du métier qui ont découvert Leprest après le 15 Août 2011… (ah oui ? il y en a ??)
Je ne sais pas si on connait qui sont les sélectionneurs, mais il me semble qu’il y a quelques années, Foulquier, après 20 ans de Pollen et autres Chanson dans l’air, n’était pas dans la liste des professionnels de la profession. Mais il y a « des employés des maisons de disques »… Bon.
Que le jury soit plus que discutable, c’est un fait. Qu’il surfe plus ou moins sur l’air des chiffres de ventes c’est bien possible. Que ce soit des gens qui vadrouillent dans les salles, là je doute. Les deux fois où j’ai vu Coeur de Pirate en direct, ce fut… comment dire ? consternant… Je me suis dit qu’en studio pour l’album dont j’avais entendu des extraits en play list, il y avait eu un ingé-son Merlin l’Enchanteur qui faisait des miracles.
En revanche, les deux fois où j’ai vu Zaz en concert, elle a emballé le public. La première fois c’était il y a 3 ou 4 ans, dans un spectacle collectif, la seconde fois c’était aux Muzik’Elles en 2010, et elle a mis le feu; comme dit l’autre. Donc si j’ai trouvé le coeur de pirate très insignifiant en scène, Zaz a du coeur à l’ouvrage et ça déménage (oui, c’est facile…). Dans le même ordre d’idée, les artistes de scène qui maitrisent avec brio le show, avec le fond et la forme, Carmen Maria Vega, qui devrait être une des révélations de l’année si les « découvreurs » mettaient un peu le nez dehors. Dans les festivals ou les salles de spectacles, au lieu de se nourrir de dossiers de presse, c’est l’impression que ça donne souvent.
Il y a aussi le cas Izia, qui m’a beaucoup agacé dans ses premières prestations rock agité, mais son second album So much trouble est très différent et beaucoup plus intéressant. Ce qui m’incite à aller la voir en concert un de ces jours, et ce n’était pas le cas avec son premier album et sa première victoire. C’est pas que je sois gronchon, mais je l’avais vue, Izia, dans un duo avec papa Jacques, il y a sept ou huit ans, elle était extraordinaire, et je n’ai rien retrouvé dans ses premiers tours de rock, sinon beaucoup de bruit sans beaucoup de fond. Mais So much trouble, oui. Une question en suspens, quelle forme prendra l’hommage à Leprest lors de la cérémonie ? Le pire n’est jamais sûr, et un miracle est toujours possible, celui qui confierait à Didier Pascalis ou Romain Didier trois minutes pour cet hommage. Oui, je rêve…
Mêmes pensées que Mr Delemarquette Patrick, on reste dans l’institution des majors. Merci également pour la qualité et la pertinence de vos articles !
Les victoires de… (quoi que ce soit) ne doivent pas être le baromètre de la chanson française. Vous le dîtes d’ailleurs très bien. Untel inconnu hier reçoit un prix aujourd’hui et tout à coup, changeant de camp, devient douteux… Je ne les regarde jamais ces victoires et ce n’est pas mon baromètre. Bien sûr il est difficile alors, dans le cas où les gens ne sont pas diffusés, de connaître tout le monde… Je ne suis pas du métier et si je veux rencontrer, même virtuellement, un maximum d’artiste, comment faire ? A nous de trouver des solutions et de sortir de l’ombre de nouveaux vrais talents.
A quoi bon gagner une Victoire puisque tous ces gens là on déjà perdu la Guerre… celle qu’ils livrent contre l’effondrement d’une industrie et le train de vie qui va avec…
C’est pas Coluche qui disait… dans les milieux autorisés… des gens qui s’autorisent des choses entre eux… Pour moi ce sont les Victoires de l’Industrie « officielle » de la Chanson, donc des Majors, donc des actionnaires des Majors. Et quand tu donnes une médaille à quelqu’un, tu l’alourdis aussi d’un poids… tu en fais en quelque sorte ton esclave… A chacun sa vision des choses. Je ne regarde plus ces émissions promotionnelles depuis bien longtemps, autant au Québec qu’en France.
Comme vous avez raison d’écrire que pour célébrer la musique et plus particulièrement la chanson, plutôt que de rester le cul sur son canapé à regarder cette distribution de hochets entre artistes industrialisés, mieux vaut se glisser sous un manteau et se déplacer pour aller écouter dans une petite salle, un bar ou un petit théâtre, quelqu’un ou une qui va nous offrir un menu de produits frais préparés dans une tambouille acoustique artisanale, tellement plus digeste pour la foi de l’esprit et le tempo du coeur.
Le dernier article et le seul d’ailleurs, que j’ai consacré aux victoires de la musique remonte au 4 mars 2006. C’est sous la forme d’une lettre à Claude Nougaro que j’ai choisi de m’exprimer. Pour la saine curiosité, je vous en communique le lien si le coeur vous en dit :
http://aldocampo.blogs.sudouest.fr/archive/2012/01/02/lettre-a-claude-nougaro.html
Je profite de l’occasion pour vous féliciter pour votre combat artistique et votre plume acérée à la veine si riche que je suis et conseille de suivre désormais. J’ai inséré le lien de votre blog sur le mien, comme celui de Floréal qui ne manque pas d’épices libertaires.
Résister pour exister ou l’inverse, qu’importe… mieux vaut être l’aveugle qui pisse par la fenêtre que le farceur qui lui a fait croire que c’était l’urinoir !
amusicalement
Pourquoi s’efforcer à détruire ? Bien sur on peut rêver à une victoire de la chanson, plus qu’a une victoire de la musique; Bien sur que les victoires de la musique ne sont qu’un spectacle organisé par ceux qui, dans leur microcosme Parisien, entourés de paillettes, ne voient l’artiste que si celui-ci fait gagner de l’argent aux producteurs. Bien sur, personne n’est dupe, surtout pas nous. Alors pourquoi érailler ceux qui en font parti de ce système ? ce qu’ils font plait à certaines personnes, et c’est tant mieux. Derrière eux, il y a toute une entreprise, techniciens du spectacle, attachés de presse, régisseurs, spécialistes en tout genre qui vivent grâce a ces artistes. Que leur musique ne plaise pas, c’est simple, il suffit de ne pas écouter. Moi, j’ai même pas la télé, parce que je sais que je n’y verrais jamais ce que j’aime. Enfin, il ne faut pas tomber dans le piège de se dire que parce qu’un artiste est dans le système, il est à jeter. Camille, je l’ai croisée, j’ai travaillé avec elle. C’est une artiste inventive, qui chante du soir au matin, qui cherche tout le temps, qui ne fait pas de la musique, elle est musique. Et elle est d’une grande exigence avec les gens qui travaille pour elle. Son grand mérite : elle est adorée ou détestée. C’est pas ça la preuve d’une personnalité ???
Soyons positif, et occupons nous à faire connaitre ceux qu’on aime, c’est plus utile que d’érailler vainement un système qui ne changera que si nous nous réussissons à changer.
Malheureusement, tout le monde n’a pas accès (et pour cause…) à cette autre chanson qui nous nourrit. Le commun des télespectateurs et auditeurs n’ont accès qu’à cette sélection qui tourne en boucle sur TOUS les médias.
Alors, pour ces publics, à quoi bon les surprises, pourquoi des problèmes, Tous les nominés leur sont bien connus.
Le scandale, c’est le gouffre béant qu’ont creusé ces « majors » entre le public le plus populaire et cette chanson que nous tentons de mettre en lumière. Un spectateur sortant d’un spectacle de Rémo Gary que nous avions organisé nous à invectivé : « Pourquoi je n’ai jamais entendu cet artiste ? C’est de la rétention d’information ! »
Merci Michel de travailler inlassablement à remettre à l’endroit nos accès à une information diverse et multiple.
Chris Land
A Christian : En ce qui me concerne, il ne s’agit pas de détruire, ni de s’aveugler dans l’aigreur, mais d’appliquer une bonne dose de raillerie en réponse au mépris du « microcosme » que tu décris plus haut. S’attaquer à ces gens qui se placent au-dessus du panier pour se congratuler à qui mieux mieux, ça donne quand même bien envie de mettre un coup de pied dans la fourmilière. Sinon, j’aime beaucoup la force de création de Camille, l’originalité est bien là. Je ne fais pas de différence entre les artistes produits et les autres et me laisse guider par la même émotion devant ce qu’il m’est donné de voir et d’écouter. Mais c’est vrai que si l’on dispose que d’une télé et d’une radio nationale, c’est globalement toujours les même qu’on entend. Et il y a des jours où l’agacement supplante tout le reste, et un bon petit coup de gueule crisse sous la plume. Avec le talent de Michel, c’est percutant, pertinent, et à y bien réfléchir, plutôt bâtisseur d’une autre philosophie de la vie. Mais ça, tu le sais déjà depuis longtemps
à Norbert:
Pour avoir vu et entendu Zaz, aux découvertes d’Alors Chante, à Montauban, je souhaite mettre un bémol à ton point de vue.
Certes,
elle « déménage » sur 2 ou 3 chansons, dont le « tubesque » « Je veux »,
elle « emballe » le public avec un discours démago de « jeune adolescente » !!
Public,
« matraqué », en 2010, sur les ondes radiophoniques et télévisuelles,
par le sempiternel « Je veux ».
A Montauban, les 10 premières minutes, (3 chansons), m’avaient, presque emballées…
…la suite,
35 longues minutes, de « chansons »,
(les mêmes sujets que les 3 premières),
de telles pauvretés textuelle et musicale,
qu’on les aurait pu croire écrites
par Oldelaf,
(en fait, non !
Olivier écrit bien mieux, et lui, il le fait exprès !!!).
Bien sûr,
pour emballer le « tout »,
vide,
elle nous avait gratifié du:
« Tous debout, frappez dans vos mains … » !!!
Tic ou TOC,
de « l’artiste » très proche de son public.
Quitte à faire dans le tous debout,
je préfère, MéliSsmelL,
démago certes,
mais avec ses tripes !!!
Cordialement,
Christophe.
Juste envie de reprendre les mots de Claude Lemesle prononcés le 23 Août 2011 a la fin de son au revoir à Allain LEPREST : « Je ne leur en veux pas de ne pas t’avoir accueilli dans leur hit-parade dont tu n’avais rien à foutre, je leur en veux d’avoir empêché le chauffeur de taxi qui m’a amené ici de te connaitre. Mais l’histoire n’est pas finie, elle commence … »
C’est juste pour ça que l’évènement que j’organise, FESTIV’ART en Ariège, avec une poignée d’autres bénévoles, fait la courte échelle à ceux qui sont ,de fait, interdits d’antenne et d’écran en offrant un festival « Découvertes » de 4 jours d’entrée libre et gratuite … C’est petit mais c’est là … depuis bientôt 10 ans … J’ai toujours préféré les actes aux discours …
Pour sur qu’il la mérite sa Victoire … et plutôt trois fois qu’une !
J’ai regardé les Victoires en me demandant si, à cette occasion, la mémoire d’Allain Leprest serait saluée…
Non, trois hommages ont été rendus. Un premier à Dalida (pour les 25 ans de sa disparition), un autre à Barbara (15 ans) et le dernier à Michel Berger (20 ans). Allain Leprest figurait dans la liste des décès de l’année, avec un prénom écorché d’un L.
Quant à Ricet Barrier, après un important travail de recherche, le préposé à la rubrique nécrologie a préféré lui redonner son prénom de naissance, ou plutôt un prénom approchant « Maurice » au lieu de « Maurice-Pierre » et lui attribuer la photo de l’acteur Maurice Barrier…
A part ça, je me suis réjoui pour H-F Thiéfaine.