Anne Baquet, on ne s’en lasse pas
De passage au off d’Avignon, en juillet dernier, Catherine Cour nous a entretenu d’Anne Baquet. C’est au tour d’une de ses amies, Felice Olivesi, de revenir sur cette artiste pour le compte de NosEnchanteurs.
La dernière fois que je suis allée au Ranelagh, à Paris, c’était pour voir Les enfants du Paradis. J’étais alors en troisième. Je ne me souvenais pas de ce magnifique décor de bois sculpté ! Même sans spectacle, ce théâtre vaut à lui seul le coup d’œil.
Pas longtemps. Le noir se fait et le rideau s’ouvre sur une immense silhouette, dans la pénombre de la scène. Une voix off, profonde, avenante, celle des contes de Noël (Jacques Frantz), nous raconte le début de l’histoire, tandis que notre héroïne nait devant nos yeux attendris, sous les injures de sa mère…
« Elle était une fois… » est une histoire complète, égrenée par les chansons. Anne Baquet voltige entre tous ses personnages, avec une incroyable force d’évocation. On a l’impression d’avoir une foule sur scène, bigarrée qui plus est… On suit l’héroïne à travers le temps et les lieux : une chambre d’enfant, un concert de rock (« Jaaaason !! »), les cours de théâtre, de danse, de chant, les planches de Deauville…
Le spectacle m’a totalement fascinée, comme le précédent. Difficile à expliquer. Il y a à la fois énormément de générosité et de délicatesse. Une façon de raconter les choses en regardant les faits droit dans les yeux, et en laissant les émotions suivre en conséquences imprévues. Ces émotions qui arrivent sans prévenir n’en sont que plus fortes ! Les épisodes de la vie de l’héroïne sont drôles et poignants, difficiles mais enthousiasmants, ridicules et attendrissants… Le cœur tourbillonne dans tous les sens avec les personnages de l’histoire. Et la mayonnaise prend.
Le public est proprement emballé par une artiste qui sait très bien nouer les rubans autour d’une salle entière. Peu à peu, les applaudissements semblent plus encourager l’héroïne, vaillante artiste en devenir, que féliciter la chanteuse accomplie qui l’incarne… Nous sommes dans l’histoire jusqu’au cou. On y est bien.
C’est toujours un peu triste quand ça s’arrête, non ? … alors reprenons-en une petite part !
Le pianiste, Damien Nédonchelle, du genre « flegmatique exalté » (mais si ! ça se peut) est ab-so-lu-ment génial. Bien sûr, il ne fait pas que jouer du piano : il chante, il danse, il montre un entrain joyeux à gambader autour du piano… il est… divin !
Anne Baquet est plus fée que jamais. D’un geste léger, d’une étincelle dans le regard, d’un mouvement du pied, elle crée ses personnages, plus solides que le réel, devant les yeux émerveillés des spectateurs. Les oreilles de ces derniers s’émerveillent tout pareil au(x) son(s) de la (des) voix qui sortent du joli gosier de notre chanteuse (mais combien sont-ils, là-dedans ?). Des trémulations de la chanteuse russe arrosée de vodka aux douces intonations de l’enfant qui s’endort, Anne Baquet, l’air de rien, fait ce qu’elle veut de sa voix, et en « rit, de se voir si belle… » !
Rythme, virtuosité, rires et serrements de cœur, temps suspendu en plein vol…. il y aussi tout ça dans le spectacle. Le tout est enveloppé dans les élégantes lumières de Jacques Rouveyrollis, qui ponctuent phrases et apparitions de personnages avec beaucoup d’efficacité.
C’est tous les vendredis et samedi à 19h, et les dimanches à 11h30, jusqu’en mars prochain.
Qu’en dire d’autre ? Ah oui : j’y retourne !
Felice Olivesi.
(vidéo d’un précédent spectacle au Ranelagh)
Vue et entendue à Barjac… Enchanteresse, en effet !