Les Grandes Bouches : chanson rebelle, républicaine

Bon adn ne saurait mentir : le trio-là, désormais quatuor, nous vient des collectifs toulousains « 100% Collègues » et « Motivés ». Rien que ça en dit long sur ce qu’ils nous chantent…
Ça swingue, ça dépote, ça déménage, ça bouge, ça vit. Toutes ces musiques qui ont pu un jour véhiculer des mots, des joies et des souffrances, des révoltes, des occupations d’usines, qui ont pu simplement nous distraire ou séduire des belles aussi, sont là, à ce Bal républicain : polka piquée comme charleston, fox trot comme valse ou ballade, rigodon et farandole, marche, slow ou tarentelle. De toutes époques presque, de tous horizons sociaux. Rien que ça est plaisant. Rien que pour ça, il faut les entendre. Mais mieux encore, il faut les écouter. Quitte à se saisir d’un micro, Anne-Laure (chant, batterie et percus), Rémi (Chant et guitares), Philippe (chant et contrebasse) et Didier (accordéon), font dans le gros, le rebelle, la critique sociale, la reconstruction. Pas une seule de leurs chansons n’échappe à la colère, même s’ils chantent et jouent dans l’extrême gaieté, presque l’insouciance. Celle des notes, graciles, légères ; pas des mots. « Ils nous ont dit / N’aie pas peur, tout est normal / Mais le problème, tu vois / C’est qu’il y a trop de social / Ils nous ont vendu le bout du tunnel / Même osé Jaurès, Jaurès ! comme modèle / Les menteurs ! Les menteurs ! » Ce boulot qui nous tue, ce chômage qui nous tue aussi sûrement, ce travailler plus pour gagner moins, cette retraire toujours reculée, ce combat des Molex à Toulouse, ces hommes politiques « 2 goche (mais pas trop) » prêts à se damner pour un ministère (Besson ou Kouchner, ou ceux à venir ?), ces vies sans débouchés, sans horizon, ces services publics à remiser au grenier des vieux souvenirs, ces tartuffes du politiquement correct qui musèlent les libertés… à gros traits c’est ce que chantent nos Grandes Bouches. C’est une chanson de combat, la petite musique des indignés, celle qu’on aimerait pour plateforme politique d’une gauche qui respecte son rang social et ne tourne pas le dos à ses origines. Il semble que le terme de « chanson engagé » soit passé de mode : comprenez que ça fait ringard, à ce qu’il parait. Moi je ne trouve pas de terme plus beau, plus juste aussi, pour dire le bien que je pense de ces Grandes Bouches. C’est engagé, c’est engageant. Mine de rien, à travers les luttes, ça nous parle de lendemains qui chantent. Qui plus est sur l’air de La Carmagnole.

Les Grandes Bouches, Le Bal républicain, 2011 (sortie en bacs le 5 décembre), distribution Mosaïc Music. Le site des Grandes bouches c’est ici.