Drôle de Pellerin qui nous vient du Québec…
Il a la tronche d’Harry Potter (d’Eva Joly aussi pour les lunettes), un peu le timbre de Gilles Vigneault et l’accent pire encore, comme Richard Desjardins. Il est québécois et son répertoire est à cent mille lieux de Garou et Céline Dion, à cent mille pleurs de Lynda Lemay. Condamné à être inconnu, donc ? Ben, non. Fred Pellerin vient en France chaque année, dans sa capitale (au Théâtre du Rond-point en 2009, à L’Européen l’année suivante), dans quelques autres villes aussi, comme s’il préparait le terrain, repérait les lieux pour l’assaut final. Et chaque année gagne en audience. A cause d’un irrésistible je-ne-sais-quoi qui met en branle un bouche à oreilles épatant. C’est un chanteur, un peu. Et un conteur, beaucoup. Dans notre esprit, un conteur est un vieux monsieur au coin du feu, cheveux poivre et sel, barbe de rigueur, la sagesse et l’expérience qui vont de mise, un peu Jean-Pierre Chabrol. Lui c’est un jeune, sous les projos de la scène. Fred Pellerin raconte les truculences de la vie et l’imparable mort au bout de toutes choses. Apte à faire rire. Et pleurer l’instant d’après, de tout aussi bon cœur.
On court le voir, l’entendre, mais il n’est pas sûr qu’on le comprenne tout à fait, cause au débit, à sa rythmique « à faire frémir », au vocabulaire de chez lui et – j’y tiens – à son accent amidonné.
Il déparle et délire : « Le mal parler français des gens de son village est pour lui fontaine de jouvence. Il aime tant sa langue québécoise bougeante et remuante qu’il la veut plus mutante encore. Il la réveille et la tourmente, la lance et la fait rebondir, la fait valser dans tous les sens, casse les phrases en morceaux, les récolte de travers, ouvre le ventre des mots jusqu’à leur faire livrer leurs plus intimes secrets, sur le champ, au gré de l’improvisation » lit-on sur son dossier de presse. Rien de plus tentant donc que d’aller découvrir ce jeune sorcier du mot. Après une grosse dizaine de dates dans l’Hexagone en octobre et novembre, il termine par Paris. Si vous avez l’occasion…
A L’Alhambra, à Paris, les 1er, 2 et 3 décembre. Pour entrer dans « Le monde de Fred Pellerin » c’est par là.
Courez y vite ! On pleure de rire, on est ému, tourneboulé par les inventions de langage. Et finalement, on comprend tout !
Formidable découverte, Merci NOS Enchanteurs. Merci Cousin Fred et poursuivez votre pélerinage jusqu’à nous.