Prémilhat, comme sur un plateau…
Dimanche 30 octobre, 5e Rencontre de la Chanson francophone, Prémilhat,
Tout un après-midi, trois heures de concert, neuf artistes qui se succèdent pour chacun cinq chansons. Prémilhat n’est pas un tremplin, seulement un plateau de découvertes. Ça fait drôle de parler « découverte » en désignant Michel Grange. Mais lui est le fidèle d’entre tous, le permanent de Prémilhat, qu’on redécouvre chaque fois. Tout aussi drôle de coller ce terme à Eric Guilleton et ses déjà 28 ans de chanson. L’époque veut ça qu’un (superbe) artiste peut passer entre les (grosses) mailles du filet de la reconnaissance publique. Cet homme est impressionnant de talent et on ne le sait pas.
Deux chanteurs sur cette scène. Et sept chanteuses. Avec à nouveau Clémence Chevreau, mais sans rien de nouveau par rapport à l’avant-veille, quand elle s’était produite en première partie du récital Solleville. Ça, c’est grand dommage, presque faute. Passons, les découvertes ne faisant pas défaut.
Avec d’emblée un grand bravo pour Audrey Antonini, au piano, petit bout de femme qui vous transporte littéralement par son chant, par son regard qui ne vous quitte pas. Et, hésitante, savourant son succès comme grand cadeau, ne sait vraiment quitter la scène… Ce fut un des très beau moment. Que ce soit par le choix de ses reprises (Maria Szusanna, pour ne citer qu’elle) ou par ses propres chansons, Caroline Personne ne chante pas par hasard. Cette belle personne met sa voix au service de dénonciations, de revendications (comme cette chanson sur les charters d’étrangers, où elle en appelle à Saint-Exupéry). Tout n’est pas toujours convaincant mais la voix est là, forte et sensible. Efficace. Garance, petite chanson qui s’insinue bien en nous, agréable et pétillante, accompagnée d’une seule guitare : un p’tit bonheur en soi qui ne demande qu’à être plus encore travaillé.
Jean-Michel Tomé (le boss de Prémihat) nous avait présenté Anne Sila avec des qualificatifs rares. On connaît Anne, un peu. Notamment par ses remplacements chaque fois qu’une des dames du groupe vocal Evasion attend un enfant. Là, on va plus loin. Entre piano et violoncelle, Sila est pur brio. Même quand elle reprend Barbara. C’est à l’évidence le choc, sinon de cette Rencontre (encore que) au moins de cet après-midi.
Les cinq titres que Flavia Pérez s’est mis en bouche ont tout de l’humour trempé d’acide, qui vitriole le temps présent et en font ressortir le cynisme, l’absurdité. C’est ma foi impressionnant, qui plus est drôle. Et ce n’est qu’une des facettes de Flavia : vite, on a envie de découvrir le reste.
Et, pour bien finir en bouche, Pauline Paris. Bis repetita pour cette parisienne qui, déjà, l’an passé, était là. Que dire de plus de cette réjouissante gouailleuse sinon qu’elle sait désormais évoluer sur scène, avec une aisance ravissante, jouant de son corps et de celui de son guitariste. Ce fut bon, c’est désormais très très bon !
Bon, on s’en doute, un tel plateau mérite un final. Ou au pire un discours. D’un Jean-Michel Tomé ému, de tous les chanteurs sur scène improvisant un « C’est la mère Michel » pour célébrer et remercier ce « festival des Michel ». Rarement un festival n’a su présenter autant de promesses de chanson à la fois, Le sens de la découverte est ici réalité et nul n’est besoin de s’en convaincre à la lecture d’un dossier : il suffit de le vivre en direct. La plus grande réussite de Prémilhat est là. Une autre serait d’y faire venir un public plus important. L’an prochain si tout va bien ?
La réponse de l’équipe est MERCI à tous les intervenants, artistes et musiciens, journalistes, conférenciers, dédicaçeurs, spectateurs d’un jour ou de toujours. Merci aux partenaires, parraineurs, financeurs de tous niveaux. 2012 aura bien lieu, reste simplement a trouver le financement manquant pour non partenariat de la SACEM et d’un autre organisme civil.
On aime la chanson, on aime les gens et on aime les rapprocher.
Bises a tous et merci encore pour ces quatre jours qui seront cinq l’an prochain.
Jean-Michel Tomé