Clémence Chevreau, le plaisir qui le dispute à l’énigme
Clémence Chevreau, 28 octobre 2011, 5e Rencontre de la Chanson francophone, Prémilhat,
A tout le moins, la prestation de Clémence Chevreau restera et un moment fort et une énigme de cette 5e Rencontre. Chevreau est toute jeune femme et son art déjà intéressant, même s’il est à l’évidence perfectible. La voix est fragile, parfois approximative, mais il y a quelque chose en elle ou je ne m’y connais pas. Passons vite, sans irrespect, sur l’accompagnement de son frère Baptiste à la guitare. Trop léger, qui corsette sœurette en un format étroit où elle est souvent mal à l’aise. Le piano providentiel nous rend parfois justice du talent vrai de la jeune chanteuse. Qui chante autant ses propres chansons qu’autrui. Pas n’importe qui (Aldebert, Graeme Allwright, Gribouille…), pas n’importe quoi. C’est là que réside l’énigme. Comment, à son âge, 23 ans, chanter le terrible Non, tu n’as pas de nom d’Anne Sylvestre ? La jeunesse de la voix cingle plus encore le propos et paradoxalement fait naître un malaise. Comment quitter la scène (alors en duo avec Audrey Antonini), sans trac, sans peur au ventre, sur Berceuse à Bagdad de la même Sylvestre ? Remarquez, sur paroles et musiques de Clémence Chevreau, ne chante-t’elle pas Mourir enfin : « Fleurir dans la poussière / Croupir avec les vers / Ça a va être drôle vous verrez / Venez tous on va s’marrer / Pourrir dans un cimetière… » Là encore le sujet est singulier pour une si jeune artiste. Car rien de ce qu’elle chante n’est vraiment joyeux. Du reste, le récital commence par Engueulades, belle et forte entrée en matière, énergique. Que d’emblée, Clémence prend le contre-pied de tout : « Qu’est-ce qu’on s’en fout que la terre soit ronde / Peut-être que carrée elle pourrait mieux tourner / Si vous nous laissiez seulement l’imaginer. » Un regret ? Oui. Que, lors de son second passage à ce festival, lors du magnifique plateau du dimanche, Clémence ne nous ai pas régalé d’autres titres. L’occasion était pourtant belle d’aller plus loin avec elle…
En même temps c’est la petite fille d’Anne Sylvestre et elle est héritière d’une belle chanson…
Je regrette cette remarque et je crois qu’il convient d’oublier de telles références pour permettre, justement, à Clémence de s’affirmer et de progresser.selon son propre mérite, sa propre personnalité, son propre vécu.
Clémence, c’est Clémence et elle a en elle de formidables potentialités d’écriture, malgré son jeune âge et sa relative inexpérience. Elle a déjà des choses à dire et elle les dit à sa façon à elle. Il est inutile d’en appeler à la génétique pour ça, même si, effectivement, la « belle » chanson a fait partie de son vécu. Elle n’est pas la seule dans ce cas sans que ça débouche automatiquement sur une carrière de chanteuse !
Il est tellement difficile de s’affirmer dans ce métier, de prouver, à chaque prestation, qu’on est « aussi bon que », « meilleur que »… Il y a déjà les comparaisons et la lutte vers la notoriété avec tous les autres auteurs-compositeurs-interprètes de sa génération, sans devoir rajouter sur ses épaules le « poids » supplémentaire de devoir se mesurer à chaque texte qu’on écrit à une des auteures majeures de la chanson « de paroles ».
Rien de tel pour plomber toute velléité d’écriture !
Je souhaite à Clémence d’être appréciée pour elle-même et d’arriver à écrire une œuvre bien à elle… tout en profitant encore longtemps de la présence de sa famille à ses côtés, comme chacun d’entre nous peut en souhaiter la chance. Mais ça, ça fait partie de sa vie privée !
Cat
Cat, je n’ai pas dit le contraire, j’ai bien compris que Clémence c’est Clémence, mais excusez-moi, le fait qu’elle ait pour grand-mère une grande artiste telle Anne Sylvestre n’est pas étranger à son talent, à sa présence et c’est une bonne nouvelle pour le milieu de la chanson, il n’ y a aucune critique, et cela ne doit pas être pris comme un poids, bien au contraire. De plus, chaque individu est unique mais nous sommes liés les uns aux autres, pour le pire mais aussi parfois pour le meilleur…les autres nous voient, nous perçoivent, nous transforment, nous changent, nous nous adaptons à eux…
Merci beaucoup de ta réaction Catherine.