L’Espoir Williams : un poing, c’est tout !
L’Espoir Williams, 17 octobre 2011, 11e festival « Attention les feuilles ! », Auditorium du CRR à Annecy,
J’ai le souvenir d’un journaliste qui déteste qu’on chante le poing levé. Utge-Royo et Paccoud sont ipso facto, par lui, honnis. Solleville aussi, sans doute. ‘Doit pas aimer non plus L’Espoir Williams, le collègue : le poing s’y lève à chaque chanson, à mesure de l’indignation, de la révolte. Le poing et le coude, tant il vaut mieux lever ça que baisser les bras. Cette chanson-là, c’est bien plus Mélenchon se mettant en gosier des vers de rouge qu’Aubry et Hollande se disputant le pâle rosé d’un futur Elysée. Bouchery et Gaillard disent chanter « des vertes et des pas mûres » : je ne sais s’ils parlent aussi de Joly et d’Hulot…
Dominique Bouchery et Emmanuel Gaillard, donc. Bouchery à l’accordéon, et le grand Gaillard faisant le poing. Comme deux presque pochtrons, dans un bar, rue du Colonel-Fabien. Ils devisent sur l’économie et se refont les cours de la bourse, d’autant que les leurs sont vides et qu’en plus madame est partie : « Quand se fissure le ciment / Quand l’amour perd son fondement / Un seul remède : le divorce ! » Une de perdue… On en trouvera d’autres, même s’il faut fureter chez les thons, y exhumant La beauté des laides.
Amour donc, un peu, mais j’y reviens : économie. De moyens certes (ici c’est pas la scène du prix Constantin) mais soucis d’en parler et de comprendre. De décrypter ce monde fou même s’« il n’est pas de bon ton / d’avoir des opinions. » Ils nous feront même une chanson sur le P.I.B. Ça pourrait être de cette philosophie de bout de comptoir chère à Jean-Marie Gourio. Mais ça va plus loin. Très loin des pages saumon du Figaro, nos deux compères décryptent à tout va à l’aune de leur bon sens. Donnez-leur Bercy qu’ils l’enchanteraient ! Bercy beaucoup.
Bouchery et Gaillard chantent et commentent. Sur la mondialisation, le pacifisme, sur ceux qui héritent et quelque peu irritent, sur ce Japon qui à nouveau irradie de bonheur, sur ce désargenté qui vit dans son Car sweet car, sur ces fous de Dieux (« Que de crimes / Ne commet-on pas / Pour un dieu / Qui n’existe pas… »), quitte, au comble de l’horreur, à faire un méchant et fort injuste sort au Lipton Yellow. Ces deux anarchisants ne respectent rien. Ou pas grand’chose. Si, et encore, quand ils nous présentent leurs oncles adoptés, leurs oncles adorés, leurs oncles incarnés, avec Brassens au-dessus du panier, de la mêlée. L’Espoir Williams, c’est ça. C’est l’espoir, ténu, de remettre le monde dans le bon sens. Rien que des propos simples et rien de simpliste. C’est aussi prendre la chanson pour ce qu’elle est, ou ce qu’elle devrait être, intelligente et responsable. Citoyenne. Y’a pas besoin de grand renfort de showbiz pour ça, pas même de micro. Seulement d’un accordéon, d’une caisse de bois qui fera résonance, et de deux forts en gueule et doux en mélodie… Elle est pas belle, la vie ?
Le site de L’Espoir Williams, c’est ici. Lire aussi, sur NosEnchanteurs : « Bouchery fine et poire Williams »
Dommage qu’il ne soit pas possible d’avoir un aperçu sonore de ce qu’ils font.
La lecture des textes (http://lespoirwilliams.musicblog.fr/r46561/CHANSONS/) donne envie de faire plus ample connaissance.
Je viens d’aller sur le site des appétissantes « poires williams », espérant écouter quelques extraits à boire et entendre !
Mais connaissant déjà Mr Bouchery dans son excellent « Entre 2 caisses », je vais commander les yeux et les oreilles fermés, ce cédé des plus alléchant !
En espérant qu’il passeront bientôt dans ma région, car sur scène cela doit être quelque chose !
Sur le site, non plus je n’ai pas vu leur agenda à venir…
Réponse : Pour Pierre, pour Odile et tous les autres : voilà du son ! pour mieux encore déguster de telles poires… MK
Merci Michel,
Philosophie de comptoir, tout un programme !
Je vais pouvoir les boire et entendre, il passe chez l’habitant, pas très loin de chez moi, le 25 Novembre.