Disques : fournée d’automne (1)
Jour après jour, les disques s’empilent dans l’attente d’une éventuelle chronique. Désengorgeons un peu, avec une première série. Du bon et du moins bon, c’est selon…
La Chanson du dimanche, « La série. Saison 1, l’album », 2011, La Pêche production/L’Autre distribution. C’est, dit-on, un phénomène. Vas donc pour le phénomène ! La Chanson du dimanche sort son nouvel album censé être à leur image, à savoir « affranchi, éclectique et engagé ! » : ça c’est l’argumentaire de presse, qu’on peut ne pas partager. C’est pas franchement un disque, mais un produit de consommation aux couleurs qui flashent avec date de péremption très proche dans le temps. A peine entendue, la musique est frappée d’obsolescence, c’est dire. Vite écoutée, vite oubliée avant de passer à autre chose. Bon, l’exercice de La Chanson du dimanche fait très chansonnier, dans une dynamique pour le coup renouvelée (en ce domaine, un « nouveau look » ne fait pas de mal). Si vous êtes fatigué, ça pourra vous faire songer, un peu, aux Fatals Picards. Sauf que, argument fatal, nos Picards écrivent et pensent, qu’ils ont, eux, une grille d’analyse politique. Nos endimanchés, non. Ca fera l’intelligence des beaufs en fin de banquets. Sarko , Copé, Fillon et Heurtefeux peuvent dormir tranquille : cette chanson « affranchie, engagée » est leur sécurité. Rien à voir avec les indignés.
Les Sœurs Moustache, « Gribouille et Rafistole », 2010, autoproduction. Si ce n’est l’imprimeur qui a raté le livret (l’impression est plutôt pâle des g’noux), on peut raisonnablement crier au (petit) génie. Voici un disque réjouissant, tonique, le genre de truc sympa à se glisser dans l’autoradio le matin, sur la route du boulot. Elles sont trois, les soeurs Moustache, qui vraisemblablement ne s’épilent pas. Pas plus qu’elles ne font le maillot de leurs arguments.
Y’a là un petit côté vieillot, délicieusement rétro, un peu Andrews Sisters en français dans le texte. Serti d’un discours moderne, impertinent, frondeur, on n’ose dire poileur. Avec plein de ces considérations de bon sens dans un naturel et une franchise qui fait dans le frais. Succulent ! Leur site. (voir la vidéo plus bas)
Buzy, « Tous Buzy », 2011, autoproduit. Ça fait bien longtemps, bien trente ans, que Buzy (« Adrian », « Dyslexique », « Sous x », « Borderlove »…) insuffle une vraie dynamique au rock, tout en restant relativement à la marge du métier. Là, l’événement est d’importance : quinze groupes et artistes (La Bestiole, Clarika, Prohom, Nicolas Comment, Clarys, Nadj…), pas tous forcément venus du rock, font tribute non abusive à Buzy. Les amateurs du genre seront comblés, les amateurs de chanson certes intrigués mais, c’est possible, intéressés. Ce disque est vendu encarté dans un livre, « Vive le rock » signé Clément Léon R., le tout vendu, pour 8 euros, dans les bureaux de tabac. Pour y faire un tabac, surtout y faire la nique au chaud biz. Et conquérir un nouveau public : « L’esprit rock et indé est en train de tout changer » entonne l’argumentaire de cette singulière opération. Pas de panique, seul Paris et ses alentours sont pour l’heure servis. France profonde et France d’en bars devraient suivre. Le site de Buzy.
Morro duo set, « Shake ! », 2011, autoproduit. On ne mesure pas l’intérêt d’un disque au nombre de ses titres. Tant mieux ! Celui en fait cinq, largement de quoi vous frustrer. Morro pourrait être le fils caché de Batlik et Michel Jonasz, de leurs amours rythmés : en disant ça, on situe d’emblée le bonhomme, même si rien n’est simple, même si Morro est à la croisée de pas mal de musiques. Tapez son nom sur un moteur de recherche et vous trouverez mille occurrences sur un antivirus éponyme. S’imaginer que Morro est un antivirus à tout ce qu’on peut entendre ici et là est chose agréable. D’autant plus que son verbe, sa verve, sont portés aussi hauts que ses musiques, sans concessions. Sans être Zorro, Morro sait pourquoi il chante, pourquoi il prend la parole, pourquoi il est citoyen. Y’a du Batlik en lui, vous dis-je. Le myspace de Morro.
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