En Marchet, en marchant..
Florent Marchet, 1er octobre 2011, Le Sou à La Talaudière,
Deux fenêtres sur blanc paysage de montagne. Dehors, il neige. Le feu crépite dans la cheminée et la peau de l’ours, tué depuis longtemps, s’étale devant nous. Telle est la pochette du dernier disque de Florent Marchet, tel est ce visuel de scène. Etonnez-vous alors que la première chanson soit Courchevel… Belle entrée en scène, sur cet espace finalement étroit, plus chaleureux encore.
Restons trois minutes sur Courchevel, justement, le pendant montagneux des Vacances au bord de la mer de Jonasz : un petit bijou sensible, constat de classe, admiration, envie (« Nous on restait là, on n’avait pas la chance / Ma parole, on n’avait pas les mêmes vacances ») même si Marchet est plus complexe encore et que s’y jouent dedans d’autres drames, portrait idéal sapé de l’intérieur.
Voilà donc Florent Marchet, attifé comme on ne saurait plus le faire, entre ringard et bobo : pantalon trop court et chaussettes trop rouges, jacquard sans manches d’un orange flamboyant, chemisette blanche, cravate. T’as l’look, coco ! Et sa moustache qui ferait tâche, sauf qu’on s’y fait, tant le personnage est attachant, tant l’artiste est probant, humain tant dans sa relation au public que dans ses mots, ses vers, ses portées. Il y a un peu, pas beaucoup, de Delerm en lui. En plus chaud, c’est le feu crépitant. Et beaucoup de Souchon, dans la justesse, la tendresse, retour sur soi et empathie des autres. Dans la cruauté de ce monde : « Et au fait, on t’a pas dit / La charrette t’en fais partie. » Sans être tout à fait chanson sociale, celle de Marchet saisit l’air du temps, le mal être de l’époque. C’est brillant et tout est bon. Bon comme l’est le bon pain.
Marchet c’est essentiellement pop, pop mâtinée de rock. Juste équilibre (encore que, parfois…) entre la voix portée de mots fragiles et les instruments, agréable hymen de son et de sens. Avec son lot de tubes pour qui écoute Inter (à croire qu’il est de toutes les play-listes). Comme cet Eicher inconstant, qui a des hauts, qui a des bas… De Narbonne-plage à Rio Baril, on ne voyage pas loin, Hors-pistes certes, mais on avance, c’est une évidence. Déambulations dans les vies, dans « les poubelles de l’amour fraternel », de p’tites choses sympa en grands drames. Le monde nous est familier, ici chanté avec profondeur, douceur et presque lyrisme. Rien à redire.
Après moult rappels, le concert fini, on s’en va, ravi. Comme si on portait jacquard et moustaches, pas peu fiers, en Marchet, en marchant.
Le site de Florent Marchet, c’est là.
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