Cora Vaucaire, 1918-2011
Petit billet, en forme d’hommage, à Cora Vaucaire, décédée ce samedi. Venue de Marseille à l’âge de quinze ans dans la Capitale pour y faire carrière au théâtre, Geneviève Collin (si son premier nom de scène fut Michèle Dax, elle prendra son nom de Vaucaire en épousant Michel Vaucaire, auteur de chansons qui fut entre autres celui du « Non, je ne regrette rien » de Piaf) y est devenue la chanteuse que l’on sait, la « Dame blanche de Saint-Germain des Prés » (toute de blanc vêtue) par opposition, par contraste avec la « Dame noire » que fut Juliette Gréco. Son nom est d’ailleurs profondément associé à ces cabarets, cette mythique « rive-gauche » qui fut longtemps le lit de la chanson : le Caveau Thermidor, L’Echelle de Jacob, L’Ecluse, le Collège Inn, Chez Gilles, La Tomate et d’autres encore… De Léo Ferré à Maurice Fanon, d’Aragon à Jacques Debronckart, de Jacques Prévert à Rutebeuf, le répertoire de cette grande dame, diseuse-chanteuse d’exception, fut riche de plus de mille titres, interprétés avec le talent que l’on sait. C’est elle qui, dès 1955, inventa la formule des « Chansons à la carte » : les spectateurs cochaient les chansons qu’ils désiraient entendre en seconde partie du récital. Son dernier album – public – de 1999, « Aux Bouffes du Nord », s’organise encore ainsi, avec des titres qui souvent revenaient, tels « Madame Arthur », « La Complainte de la Butte », « La Complainte du roy Renaud », « Frédé », « Pauvre Rutebeuf », « Trois petites notes de musiques », « Le temps des cerises » ou « Les feuilles mortes ». Son dernier album studio remonte, lui, à 1976. Cora Vaucaire a reçu à trois reprises le Prix de l’Académie du disque Charles-Cros. C’est à l’évidence une figure marquante de la chanson, que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, qui a prit congé de nous hier, dans une discrétion qui n’a d’égale que sa carrière, privilégiant toujours les petits lieux aux grandes scènes.
Il y a tant de belles chansons de Cora Vaucaire… c’était une interprête, comédienne d’un immense talent. Je retiendrais une chanson que j’adore:
Mais si … Mais si …
toute une vie qui défile en 4m56s …
http://www.youtube.com/watch?v=2ef0ptD3xa4
J’ai eu la chance de la voir à plusieurs reprises dans les années 80. Au Mans, à la salle des concerts aujourd’hui disparue, et en région parisienne, pour des spectacles où Jacques Douai et elle partageaient la scène. Quelle délicieuse interprète. Grâce à François Rauber, j’avais pu la rencontrer. Nous avions enregistré une heure d’entretiens, puis elle m’avait retenu et j’avais finalement passé chez elle le reste de l’après-midi. Je me souviens qu’elle avait absolument tenu à me présenter son mari, Michel Vaucaire, décédé depuis quelques années, mais dont l’urne trônait sur la cheminée… un peu comme la boule de neige d’«Adrienne», le poème de Prévert. Malheureusement, la bande magnétique de ces entretiens est aujourd’hui presque inaudible. Je le regrette.