Leprestissimo !
Retour sur ce spectacle collectif créé en début de cette année sur la région Rhône-Alpes, joué cette fois-là lors du festival Les Poly’Sons à Montbrison… L’article original a été publié, sous le titre « Leprest en paquet cadeau » dans le Thou’Chant de février 2011,
Offrir un (somptueux) écrin aux chansons d’Allain Leprest, tel est pour beaucoup l’objet de ce Leprestissimo. Des copains se sont cotisé pour ce cadeau-là, ne ménageant ni leur temps et leur (évident) talent.
Oh, ils ne sont pas seuls, d’autres avant eux ont eux-aussi additionné leur art pour se faire interprètes de cet (immense) auteur. De Gérard Pierron à Anne Sylvestre, d’Adamo à Jacques Higelin, de Jamait à Clarika, ils furent nombreux à rendre hommage au maître. Et la liste est longue des autres postulants dans la file d’attente. Hommage, le mot est lâché. Qui plus est du vivant de Leprest. De l’inédit en ce métier où il faut d’abord passer par la case trépas, troquer le vin pour la bière, pour se voir (enfin) célébrer. Il y a donc eu ces disques. Et puis le spectacle collectif Le bonheur est dans Leprest. Mais rien n’étanche cette soif de tels et mythiques vers. Et Gérard Morel et Romain Didier ont voulu, à leur tour, mettre en scène Leprest. Dont voici les mots sertis en Leprestissimo.
Sur scène, cinq personnages. Non en quête d’auteur, ils l’ont et c’est le dessus du panier. En quête d’ivresse et d’amour sans doute. Dans le grand livre des portées d’Allain, ils ont chacun tiré quelques textes et nous les offrir, parfumés plus encore, enrubannés, endimanchés. Avec de ces duos qui seront autant de souvenirs mémorables, que fixent les pixels de dizaines d’appareils photo.
Il y a Gérard Morel, avec son ventre ou son accordéon, c’est selon. Et Romain Didier, le compositeur, l’ami de toujours s’il en est, ici devant son long piano noir. Il y a Katrin Wal(d)teufel, la « cello woman show », frêle femme-violoncelle, cheveux et sourire ébouriffés. Et Elsa Gelly, dont on ne connaissait alors la voix que par les chansons de Roca. Il y a enfin Hervé Peyrard, le chanteur du groupe Chtriky, guitare et saxo. Et quatre grands gaillards qui astiquent les cuivres et soufflent dedans. « C’est pour l’amour, pas pour la gloire, qu’on vient vous voir. » À Peyrard et Morel l’entame, le prime vers : Où va le vin quand il est bu. Puis Elsa Gelly : « Nue, j’ai vécu nue / Sur le fil de mes songes / Les tissus du mensonge / Mon destin biscornu. » Dès le début, on sait le bonheur de cette soirée-là, le don de ces interprètes. Cinq artistes et de multiples combinaisons qui, parfois, envisagent des textes d’anthologie en d’autres facettes, par de nouveaux éclairages. Quand Katrin se fait rockeuse, quand Gérard évoque la maman de Sarment que nous ne connaissions que par le truchement de Francesca Solleville ou d’Anne Sylvestre…
J’en reviens aux duos car ce sont ceux-là qui marquent plus encore. Quand Wal(d)teufel et Gelly, un peu à la manière des demoiselles de Rochefort, chantent ensemble Le Ferrailleur. Quand Didier et Gelly évoquent La Retraite. Quand tous, sentencieux, graves, se font SDF. Quand, quand… autant de chansons, autant de souvenirs forts. Duos, trios, parfois quintet de chanteurs sur Adieu les hirondelles ou Mont Saint-Aignan… Tout est bon, vraiment…
Tant que, Leprest ne m’en tiendra sans doute pas rigueur, il ne manque pas : il est là, au mitan de ses mots et c’est presque pareil. Il est démultiplié dans les mains d’Hervé Peyrard, le sourire toujours malicieux de Gérard Morel ; il est dans les tuyaux du Quatuor Panam, sur les touches de Romain Didier, la guitare électrique d’Elsa Gelly et l’archet de Katrin Wal(d)teufel. Comme le sucre, invisible et de partout, dans le pousse-café. Et en nos cœurs.
Ultime (? !) représentation du Leprestissimo le 7 octobre au Théâtre de Bourg-en-Bresse (Ain)
Oui, c’est tout à fait ce que j’ai ressenti, puisque j’ai eu la chance et le plaisir d’assister à ce magnifique spectacle, au Train Théâtre de Portes les valence, il y a 6 mois.
Merci Michel de nous l’écrire aussi joliment !
J’espère que nous aurons encore des spectacles en son hommage, et des gens comme vous pour nous en parler.