Allain Leprest, 1954-2011
C’est les médias qui vont être embêtés : un grand de la chanson meurt et on n’a même pas d’images. Ou si peu. Pas pensé en temps utiles, oublieux. Allez, je rêve. Comme si radios et télés allaient en parler…
Le crabe a maintes fois lutté au corps à corps avec Leprest. Il a toujours perdu. On a vu Leprest dans les pires états et l’Allain s’en est toujours relevé. Fatigué, certes, chancelant, titubant, mais debout, digne, gracieux, l’œil vif et malicieux, comme invincible. Là, c’est lui qui a choisi de se donner la mort et ça ne pardonne pas.
Faut pourtant lui pardonner. Quand on a le palpitant trop gros on encaisse mal les coups du sort, les désillusions, les tristesses du cœur. C’est la faute à personne, c’est la faute à la vie qu’est parfois mal faite…
Nous sommes nombreux à être chagrin en ce 15 août, une part de nous se fait la belle, l’Allain et ses deux « l » s’ébattent plus haut que nous, bien plus haut. Donne le bonjour de notre part, Allain, à Gagarine, si tu le croises dans ses révolutions, dans les tiennes. Ce soir y’aura une étoile de plus dans le ciel et pas n’importe laquelle. Pas une star de pacotille, breloque de show bizness, non. Une simple et modeste loupiotte qui nous apporte un peu de sa lumière, qui de ses bras dessine des trucs de gosses, des choses de grands, des parts de rêves, des tranches de vies. Et, malgré tout, de l’espoir.
On ne fera pas ici l’éloge du défunt. On sait qui fut Leprest ou on ne le sait pas, que les disques ne restitueront qu’en partie. Si tant de ses confrères se le sont mis en bouche, c’est que son verbe était rare saveur. « Nu, je suis né nu / Nourri de vin sauvage / Et de corsages émus » : il n’était qu’émotion. Un très grand de la chanson est mort que le grand public ne sait pas. Que des fidèles, des quêteurs de chansons, fouilleurs et fouineurs de vers, des frères. Couté est mort il y a cent ans et on en parle encore, on le chante plus encore même. Leprest sera pareil, qui toujours grandira.
A-t’il choisi le lieu de son trépas, toujours est-il qu’il est mort chez Ferrat, ou presque. A Antraigues, en Ardèche. On fera désormais double pèlerinage, double ration, double peine. La Volane se chargera plus encore de larmes, au risque de sortir de son lit, de noyer le Rhône. Le chagrin est à ce prix et la chanson en grand deuil, comme rarement.
(bien d’autres billets sur Alain Leprest à lire sur NosEnchanteurs)
Bel article, merci
Oui… Merci !
Triple pèlerinage, car dans un coin du cimetière d’Antraigues repose, ainsi qu’il est écrit sur sa tombe : « Jacqueline Tanenbaum, dite Christine Sèvres »…
Que nous apprends tu la Michel. Je venais de passer un bon Week-end a bien me ressourcer et patatra. C’est impensable, nous venons de perdre un GRAND de la chanson, un avec qui j’ai beaucoup appris sur ce que texte voulait dire. Nous garderons outre ses créations, ses rires, ses émotions, ses moments que nous voulions encore et encore passer a ses côtés pour l’écouter, l’entendre, le comprendre. En Avignon, nous échangions avec son tourneur et j’envisageais son passage dans ma petite commune. Sur qu’en octobre a Prémilhat il y aura un endroit pour lui. Pour une fois Michel, je ne peux te dire merci.
ADIEU L’ARTISTE…TU NOUS MANQUES DEJA…
un média a déjà relayée l’info:
http://next.liberation.fr/musique/01012354336-suicide-du-chanteur-allain-leprest
trop ému pour l’instant.. même si les dernières nouvelles étaient très pessimistes.. pour en dire plus !
Gardons en mémoire ces dernières prestataions : pour moi Barjac 2010 et Chabeuil ce printemps
et chantons Leprest !!!
Salut l’ami, on garde tes mots bien au chaud…
Merci Michel…
Triste, triste… si triste !
Nous avions pris l’habitude de le voir chanter, accroché au pied du micro, de le voir sortir de scène, appuyé sur l’épaule de son pianiste… Léo Nissim à Chabeuil, Nathalie Miravette à Antraigues en juillet…
Il y avait les jours de fatigue et les jours où « il allait mieux »
Nous avions pris l’habitude de nous « demander de ses nouvelles », au détour d’un spectacle.
De faux bruits à son sujet circulaient à Barjac.
Des amis qui l’ont vu chanter avec Fantine, à Aizac, le 5 août, l’ont trouvé plutôt en forme
Mais quelles émotions je lui dois ! Quel immense poète c’était !
Quelle perte pour la chanson et la poésie !
C’est sûr qu’il va y avoir des hommages un peu partout, dans les lieux des chansons « de paroles » et si tu en prévois un à Prémilhat, Jean-Michel, ça serait une très bonne idée.
Francesca, qui débute ton festival 2011, pourrait peut-être s’y associer, si elle en a le courage si peu de temps après ce nouveau coup dur…
Je pense beaucoup à elle et à tous les autres chanteurs, les compositeurs, les accompagnateurs, la famille d’Allain
Après avoir été le « festival des Michel(le) » en 2010, je suggère que Prémilhat 2011 devienne le « festival des Allain »
Cat
Sûr que, de là où il se trouve, Jean Ferrat entonne à Allain :
Tu aurais pu vivre encore un peu
Pour notre bonheur, pour notre lumière
Avec ton sourire, avec tes yeux clairs
Ton esprit ouvert, ton air généreux…
Quel choc je ne peux le croire !
C’était donc la dernière fois que je le voyais, il y a quelques mois à Chabeuil ?
Il n’était pas très en forme c’est vrai, mais j’ai su par la suite qu’il allait mieux.
Je suis triste, très triste, de perdre mon Artiste.
Que dire….je l’ai vu il y a un mois lors des « Rencontres Marc-Robine » à Saint Bonnet près Riom, nous avions même convenu d’une interwiew, à la rentrée, pour 3-2-1-chansons…
Adieu l’artiste !
Michel de 3-2-1-chansons
Tristesse…. et puis j’ai peur, j’ai peur !
Oui Allain était un vrai, un grand, un beau, un fort, un putain de chien d’ivrogne comme on les aime, comme il nous manque…. et il me manque déjà.
Nous pensons surtout à Francesca Solleville ce soir. STP tiens-bon. Il en avait le droit, il a fait son choix… le reste est à toi, est à nous, est à lui.
C’est peut-être Allain, on ne le saura jamais !! Jamais on le saura !
Merci, merci, merci
Une clope et un verre rien que pour toi, Allain, ce soir
On t’aime Allain,
Martine et Valérie
Au revoir, l’Artiste. Chapeau bas, Monsieur… et merci Michel de nous apprendre la nouvelle de cette si belle manière.
Enora
On peut penser sans forcer le trait que Leprest a été tué par le système. Par l’indifférence des médias adonnés de tous temps à la prostitution audimatique. Qu’elle soit des gazettes littéraires de jadis ou des écrans plats de la platitude contemporaine.
De même que les Rimbaud, Van Gogh, Nerval ou Tim Buckley. Rien ne tue comme le silence imposé par l’indifférence mille fois pire que le mépris.
A force d’avoir le sentiment d’être pour si peu de gens, le risque est grand de la tentation de n’être plus du tout.
Et pendant ce temps Pagny, Doré, Zazie, Obispo, Raphaël, M Chédid et cie se portent bien, merci…
Merci, Michel, pour ce bel hommage. On a tellement envie d’écrire, de dire, mais quand on n’a pas votre plume, et encore moins celle d’Allain, ne faut-il pas mieux le citer, tout simplement, et se dire qu’on pourra toujours, faute de mieux, prendre de ses nouvelles à l’écoute de ses enregistrements, et penser que, tout là-bas, ou tout là-haut, il croisera Gagarine, consolera Bilou, et partagera le verre de la fraternité avec Brassens, Ferré, Ferrat, Fanon et Nougaro.
Quand on m’aura couché sous terre
Dans combien de temps ? Je ne sais !
Quand les copains seront passés
En me disant « Salut Leprest »
S’il est vrai que rien ne s’achève
Même après le dernier mouchoir
Lorsque commencera mon rêve
Qui viendra me dire bonsoir ?
Moi qui aimais la mise en boîte
Pour toujours je serai servi
J’en rirai puisque c’est la vie
Foin des paroles maladroites
Mais une chose me tracasse
Plus que la messe ou l’encensoir
À l’heure où les vivants s’enlacent
Qui viendra me dire bonsoir ?
Salut, Mec …
Ce soir, tout le monde lui rend hommage après l’annonce officielle de son décès par son producteur Didier Pascalis. Des sites comme Gala, Pure People (très bel hommage entre-nous soi dit…), Libération, le PCF, France 2, France 3 Haute-Normandie…
Annonce de son choix dans le journal de 19h00 de France-Inter et en brève dans le journal de 20h00 de la même chaîne radiophonique.
Sa renommée était à son image : discrète.
Il est parti dans une pluie d’étoiles,et il n’y a pas de mots pour dire l’indicible.. 2 L grandes ouvertes de son prénom,ont recouverts la vie de cet homme, 2 ailes si grandes que l’ombre est venue sur tous ceux qui l’aiment et pour longtemps .. Comme tellement d’autres, et depuis longtemps, j’aime vraiment cet artiste et il n’est pas question de mettre cette phrase à l’imparfait…, même s’il en a fini avec son ouvrage sur cette terre ! Il a versé sur LA Chanson, un parfum d’enfance et d’éternité, en donnant du cœur à la vie.
Certainement il n’abandonne personne, il est juste parti un peu en avance par rapport à nous, …au rendez vous, & L’amour est encore la meilleure façon d’employer le temps qui est là…
Nous continuerons à le chanter et à l’aimer ,car nous le savons bien, seul le cœur de ceux que nous aimons est notre vraie demeure.., comme une manière de séjourner auprès de ce que la vie a de plus terrible et de plus doux..
Natasha BEZRICHE (Lyon)
bel hommage, merci Michel.
J’avais eu la chance de partager avec lui une plage d’un CD dédié a Mumia Abu Jamal il y a quelques années. La générosité était ce qui le caractérisait le mieux. Je pleure avec vous tous cet ami de coeur, grand monsieur de la chanson irremplaçable.
S’il n’y avait que les médias qui étaient embêtés… Nous en parlions encore, Michel, tous les deux devant un verre amical il y a quelques semaines…
Bel article… Merci… Je viens de lire un bel hommage ici… d’un grand poète aussi…
http://www.myspace.com/parhal.parhal/blog/543955133
Good bye Monsieur Leprest
La lune éteint son p’tit lampion
Trois petits tours et puis s’en vont
Plus de Pierrot, plus de soucoupe
Le cosmonaut’ fait son plongeon
Comme un cheveu noir sur la soupe
L’été nous donne un foutu scoop
Et ce 15 août est bien funeste
Good bye Monsieur Leprest
Ses deux « L » plantées dans le dos
L’artiste a tiré le rideau
Plus de chansons à bricoler
La poésie aura bon dos
Son oiseau rar’ s’est envolé
Quelques mots pour se consoler
Comme on lâch’rait un peu de lest
Good bye Monsieur Leprest
A plus d’un tour dans votre manche
S’il fallait que le cœur s’épanche
Vos mains ont eu le dernier mot
Lundi s’habillait en dimanche
Et j’ai chialé comme un marmot
Mozart a fermé son piano
En voilà une triste sieste
Good bye Monsieur Leprest
Et si les cœurs trop généreux
A tant vouloir se mettre en deux
Vont jusqu’à se donner la mort
Plus de malic’ dans votre œil bleu
Qu’un point final dans le décor
Le poète n’a pas toujours tort
Mais la vie retourne sa veste
Good bye Monsieur Leprest
Qu’on vous donne de vos nouvelles
Mais le forçat s’est fait la belle
Aux maillons de nos chaîne(s) hifi
Et un coco dans l’eau du ciel
Nous fait un drôl’ de rififi
L’été pleut sous nos parapluies
Les yeux c’est tout ce qu’il nous reste
Good bye Monsieur Leprest
L’été pleut sous nos parapluies
Les yeux c’est tout ce qu’il nous reste
Good bye Monsieur Leprest
Philippe Thivet
(15/08/2011)
http://philippethivet.e-monsite.com/
Merci Philippe…
A vous lire tous, ici, j’ai la tête qui se renverse.
Je me souviens d’Allain dans les lointaines Cévennes, il y a longtemps déjà. Entre deux verres, il s’avançait vers une modeste scène. Nous étions face à lui émus par son regard narquois emprunt de tristesse. Et puis, sa silhouette juvénile, si touchante s’animait soudain et Allain prenait gorge. Instants inoubliables, les mots vous pénétraient par leur beauté tragique avec une touche enfantine, belle d’impertinence retenue.
Une vie hautement et pleinement d’artiste à nous offerte avec une générosité qui est l’apanage d’un prince.
Merci Allain.
Niurka
Les sources de nos larmes
J’irai arroser les fleurs de ta chaire
avec l’eau de feu qui attise les maux
en croquant tes brûlures éternelles
sur les feuilles blanches de nos éclats
Aujourd’hui
les sources de nos larmes
au fond du vide de la vie
aujourd’hui
je piétine l’acier des armes
sur les caillasses des parvis
J’irai arroser les fleurs de ta chaire
avec l’eau et le feu qui attise les mots
en versant nos larmes éternelles
sur les revers de nos gauches sans bla-bla
Demain
à l’un ou l’autre
je garderai dans la main
le regard de ton dernier dessin
Le 15-08-2011
A mon ami Allain
Parhal
Les mauvaises nouvelles arrivent jusqu’au fin fond du Québec… Bizarre de marcher seul, une bonne partie de la journée, en se disant « Allain Leprest est mort… Allain Leprest est… Allain… » Un sms à Francesca, un autre à Romain, un troisième à Vio, pour être – un peu – avec du monde.
Au Québec, Allain était connu de quelques-uns, trop peu (air connu).
A Tadoussac, Catou, qui l’avait accueilli l’an passé dans son festival, m’a parlé, longtemps, longtemps, moins longtemps que son chagrin ne durera.
Aragon le savait : « Le silence que fait un poète qu’on tue… »
Merci, Michel, pour ce que tu as écrit.
Michel B.
Je lis cet article et ses commentaires presque un an après ce foutu 15 août et j’ai l’impression de recevoir la mauvaise nouvelle à l’instant. Allain a décidé de tirer sa révérence en dépit de tout ceux(celles) qui l’aimaient tendrement et profondément. Pour lui peut-être un beau point final, un dernier battement d’aiLLes, pour nous une grande gifle; toute la journée du 15 août j’avais tant espéré que la nouvelle soit erronée et puis le 23 au cimetière d’Ivry il a fallu se rendre à l’évidence, admettre l’inadmissible, Allain sur scène, Allain fatigué, Allain avec ses trous de mémoire et La Miravette qui lui redonnait la phrase, Alain qui sortait de sa poche un hasardeux mouchoir en tissu pour étouffer une sale toux qui faisait peur, Allain qui racontait les « sms » échangés avec son frère avec les pâtes en vermicelle sur la table familiale, avant de dire bye bye à Gagarine tout ça c’était terminé! Alors maintenant il y a les hommages, oui bien sûr, mais pendant les hommages, ma pensée secrète, mon espoir fou mais improbable c’est toujours qu’Allain surgisse de l’ombre et prenne le micro…pour chanter, et je ne serais même pas étonnée, juste contente…
Michel, cette photo est créditée à tort à Francis Vernhet, en fait elle est d’Isabelle Labat-Castaing.