Lola Lafon, la belle errance
Deuxième album, après Grandir à l’envers de rien de 2005 chez Label-bleu, pour la jeune femme de lettres qu’est aussi Lola Lafon (qui sort en quasi simultanée le roman – son troisième – Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce, chez Flammarion). On sera étonné, subjugué, par la proximité de la voix de cette artiste avec, celle, tirée désormais du lointain, de Danièle Messia : ça saute à l’oreille. Une voix claire, précise, puissante et mélodieuse. Et tout aussi sucrée.
Tout est séduction en cet opus. Musicalement, c’est comme le mariage entre pop, folk-song, des accents de l’Est et une lointaine tradition chanson française. Et les vers taillés dans l’émotion, même s’ils sont parfois mal taillés, trop ou trop peu de pieds…
Ce disque est itinérance, « Aux chemins de traverse / Aux tout petits cailloux / Aux orages sous la nuit », liberté qu’on vole, Vie de voleuse, silences vagabonds, road-movie pédestre, fuite : « Une vie pour errer / Une autre pour rien en faire / Pour s’inquiéter du ciel comme on s’inquiète d’un frère. » Les entrées sont multiples :ça peut être le choc de cette voix sûre et douce sur Aux prochaines minutes : « Je crois au bruit que ça fait la vie / Je crois à ce qu’on partage / Nos Horizons déglingués / Et la tête des nuages que tu traduis pour moi. » ; ça peut être aussi d’avancer pas à pas dans cette errance, au fil des plages, au hasard des chemins ; ça peut être par l’appel d’un titre offert par Dominique A (L’Abandon). Tout est proposition, tout est séduction en cette auteure compositeure interprète de premier plan, en un monde étonnement lointain, évidemment proche, fuite et recherche à la fois. Un disque pleinement maîtrisé, étrange bonheur chaque fois réitéré. Indispensable.
Lola Lafon, Une vie de voleuse, 2011, Le Chant du Monde. Le site de Lola Lafon. (ce billet est la version augmentée d’une chronique parue précédemment dans le Thou’Chant)
Belle découverte ! Merci…