Barjac (11) : Frasiak et Piton en valeurs sûres
Sauvé dans Catherine Cour, En scène, Festivals
Tags: Barjac, Eric Frasiak, Jean-Michel Piton
De notre envoyée spéciale, Catherine Cour… dans la cour du château,
Mercredi 3 août, en soirée :
Un rapide sprint (en montée : ce sont les plus difficiles !) en direction du château, la survie au passage du laminoir de la grille et je m’installe pour suivre la deuxième partie de la journée : Éric Frasiak suivi de Jean-Michel Piton. Deux de mes « valeurs sûres », vues et revues avec toujours le même plaisir !
Éric Fraziak
Éric Frasiak? il ne fait que s’améliorer au fil des ans et des spectacles. Je regrette qu’il ne tourne (pour l’instant) pour 80 % de ses dates que dans l’Est. Il fait de rares incursions à Paris, encore moins souvent dans le Sud (et je ne parle pas du sud-est !), mais j’espère que son passage et son succès à Barjac, qui constitue une superbe « carte de visite » pour les programmateurs, lui permettra d’augmenter le nombre de ses prestations (et pas que dans le Sud).
J’aime beaucoup la façon dont il écrit, les sujets qu’il aborde. Mine de rien, il en est à son septième « vrai » CD (sans compter le « live » de 2008). Ses inspirations sont nombreuses et les musiques qu’il écrit sont fortes et dépaysantes, sur des rythmes variés? et puis la qualité d’écriture est égale à la qualité humaine du Monsieur ! Il met en application ce qu’il dit dans une de ses chansons, « Parlons-nous, parlons-nous » (paroles et musique : Éric Frasiak) : « Parlons-nous, parlons-nous / De rien, de tout, un rêve fou / Ça change tout, parlons-nous / Dans ce monde qui pleure / Quand il manque de l’eau / Aux marées de nos coeurs / Laissons monter nos mots / Dans ce monde à l’étroit / Où c’est chacun sa chance / Réchauffons de nos voix / Nos belles différences / Parlons-nous, parlons-nous. » Et moi, je dis : écoutons-le !
Il y a des indignations, des révoltes mais aussi des trésors de gentillesse, d’humanité, de douceur dans cette grande carcasse et ce look de rocker? au grand coeur ! Le public a été conquis et lui a fait une ovation amplement méritée.
Jean-Michel Piton
Entracte, puis c’est le spectacle de Jean-Michel Piton. Il nous avait déjà chanté quelques unes de ses nouvelles chansons, en septembre, quand je l’avais vu à Saint-Maximin la Sainte-Baume (une tentative de création d’un « Festival d’hiver de la chanson de parole », qui n’aura pas réussi à trouver un public lui permettant d’être pérennisé). Depuis j’avais reçu le CD et l’avais fait tourner en boucle plusieurs jours de suite. Théoriquement, je ne pouvais donc pas être « surprise » par ses nouvelles chansons.
?Ouais? « théoriquement »,? parce que « pratiquement », j’ai quand-même reçu le choc de son interprétation en plein coeur ! Il y a un monde entre écouter un CD et assister à un spectacle « vivant ». C’est ce qui fait tout son attrait et me pousse chaque samedi sur les routes (et plus souvent, si affinités !). Là, la voix, le souffle, l’émotion, « le plaisir fou qu’[il] prend en pleine lumière » (comme le chante si bien Anne Sylvestre) emporte le public de Barjac tout entier.
Le spectacle ne fait pas que proposer des nouvelles chansons : il reprend aussi ses « classiques », que je n’avais pas eu le plaisir d’écouter « en live » depuis longtemps : « La gosse », « Les mômes de Syracuse », sa version personnelle de « La tirade des nez » de Cyrano de Bergerac? la plus récente, « L’homme qui a fait fuir ses rêves »? et puis les nouvelles chansons où visiblement Jean-Michel met en application le titre de son nouvel album : « J’me régale » ! son bonheur d’être là fait plaisir à voir et sa voix? c’est du miel et du velours sonore qui coule dans les oreilles ! Parce qu’on peut dire que c’est un des rares « chanteurs à voix » de la scène française actuelle ! Quel souffle ! Quelles notes il est capable de tenir !
Il est difficile de comparer avec des souvenirs vieux de plus de quinze ans, mais je dirais que sa présence sur scène et son registre vocal se sont encore améliorés, amplifiés depuis qu’il a dû rééduquer sa voix et son souffle, à la suite du très grave ennui de santé qui a bien failli nous priver de sa présence, il y a à peine quelques années.
Il a des trouvailles et des beautés fulgurantes dans ses textes. Voici quelques emprunts à ses dernières chansons : « Je vais vous dire quelque chose de louche / Je crois que j’ fais un métier d’ bouche / Rien qu’ d’y penser, ça m’ fout la dalle » (J’me régale) ; « Dans la poudreuse nos pas font comme / Le bruit d’un couteau dans la pomme / Et les semelles des passants / Y laissent des traces de dents (dedans !) » (Sous la neige) ; « Qu’ils bouquinent ou cruciverbent / Pourvu que l’artiste en herbe / Fiche la paix un instant » (Ragounite – c’est le nom d’une plage en Vendée -) » ; « Il en faut tourner des pages pour découvrir, étonné / Le pétale qui partage un livre par la moitié / Pour qu’aussitôt, dans la plaine, des milliers de fleurs coupées / Viennent parfumer un visage oublié » (Le rideau de perles).
Son plaisir et son émotion d’être à nouveau là, Jean-Michel a réussi à les faire passer à tout le public. Lorsqu’il décide de terminer son spectacle et de sortir de scène, c’est une « standing ovation » de TOUT le public qui l’y rappelle, encore, encore et encore ! De longues minutes d’applaudissements qui récompensent ce grand artiste de tous les efforts passés et actuels et qui lui disent « Bravo, et merci pour le partage, et c’était si beau, et à bientôt, et continuez, et on vous aime, et merci, merci, merci ! » (enfin, c’est ce que MOI, j’ai mis dans les miens !). Pour moi, cette soirée a été le point d’orgue du festival « Chansons de parole 2011″. (lire aussi l’article « Piton se régale, nous aussi » sur NosEnchanteurs)
Et puis il y a eu un deuxième point d’orgue : celui de la scène ouverte du mercredi soir !
La soirée était chaude et j’étais encore installée à une table, dehors à prendre le frais, boire un verre d’eau et grignoter quelques biscuits tout en tapant le compte-rendu du spectacle de Gérard Morel, quand? une silhouette s’arrête à côté de moi. Je lève la tête? je lève encore (il est très grand !) et je reconnais Laurent Berger ! Je le croyais occupé à enregistrer le futur CD dont je vous ai parlé il y a peu : les papiers de la souscription venaient juste d’arriver sur la table TDS ! Il s’accordait quelques jours de vacances et venait voir des amis à Barjac. Je ferme mon ordi, rentre sous le chapiteau et j’assiste à la prestation du jeune canadien bénévole de l’association. Il a chanté presque tous les soirs et c’est très bien ! il a plein d’humour, ce garçon-là. Puis c’est Laurent Berger, accompagné par Nathalie Fortin, comme sur ses disques.
Quand Laurent quitte la scène c’est Anne Sylvestre elle-même qui lui succède. On assiste même à une séance de travail entre Nathalie et elle, sur une nouvelle chanson (que nous n’entendrons pas jusqu’au bout). C’est ensuite Martine Scozzesi (une chanteuse du Sud-est que je connais un peu et avec qui je corresponds), Michel Boutet et enfin Marie d’Epizon, la jeune chanteuse que Paco Ibañez avait invitée à chanter avec lui sur scène et qui avait suscité une belle émotion sur une chanson de Barbara : « Dis quand reviendras-tu ? » Plein de gens en ont parlé. Dommage que ce ne soit pas allé jusqu’à l’achat de son CD ! Éric Nadot en avait une pile à vendre et il n’en a vendu que deux (dont le mien). C’est la fin de la dernière scène ouverte de l’année.
Merci de tous ces beaux et vibrants comptes-rendus de Barjac. Bravo !
Bonjour Cat !
Merci et bravo pour tous vos pts papiers que je lis depuis le début de ce festival…
C’est comme si on y était !
Enfin pas tout à fait, car je redis avec conviction cette phrase que vous citez plus haut : « il y a un monde entre écouter un CD et assister à un spectacle vivant ».
J’ai beaucoup apprécié votre sincérité avec vos coups de Cœurs et vos déceptions.
Pour ceux que je connais, j’ai partagé votre avis, pour les autres j’espère un jour avoir l’occasion et le plaisir de les voir sur scènes, car c’est vrai que pour les joindre ces talentueux il faut en faire des Km !
Musicalement vôtre!
Bonjour !
Quel régal, pour le fana (fada ?) que je suis, de chansons françaises « signifiantes », de lire tous les comptes rendus passionnés et passionnants de Catherine ! Grand merci et bravo !
En même temps, ça me fait bien regretter de ne pas avoir pu être à Barjac.
J’aurais aimé rencontrer Rémy Long, bien qu’il n’ait pas chanté je crois, pour me faire dédicacer ses disques que j’ai découverts il n’y a pas si longtemps et pour lesquels j’ai eu un vrai coup de coeur.
Et il y en a bien d’autres qui mériteraient d’être connus.
Battons nous pour ces artistes là, faisons les connaître !
Cordialement.
Merci pour ce si juste commentaire du récital de Jean-Michel. Rien à ajouter. Et l’émotion reste : je suis encore incapable de raconter cette soirée. Je vais donc renvoyer à votre commentaire. Michel Boutet.
Merci à VOUS, Michel, pour le partage « impovisé » de ces deux chansons à la scène ouverte ! Je n’en croyais pas mes yeux ! Je ne connais pas beaucoup d’endroits en France où peuvent se succéder, comme ça, gratuitement et juste pour le plaisir de faire plaisir, une telle palanquée de talents !
Je tiens à préciser que la « scène ouverte » est à la fois ouverte à tous ceux qui souhaitent s’y produire (il suffit de s’y inscrire) mais aussi à tous ceux qui veulent y assister, même sans avoir acheté un seul billet du festival. C’est juste un endroit de partage, de cadeaux mutuels… J’apprécie énormémént le fait qu’il existe encore de tels endroits où l’argent n’entre pas en ligne de compte.
Merci aussi à Chant Libre pour ces moments
Cat
Frasiak m’a plus que touchée/émue: Bien ! bien ! bien !
Quant à Piton que je connaissais des années précédentes pour ses participations aux scènes ouvertes, que dire de plus que toi ? C’est un grand, un TRES grand et l’ovation debout avec les multiples rappels était plus que méritée !
La scène ouverte a le mérite (pas que celui là…) de mêler amateurs et professionnels plus ou moins aguerris. Ce soir là a été effectivement un très bon cru, avec aussi Michel Boudaud qui n’a humblement chanté qu’une seule -très jolie- chanson Ce soir là, je me suis couchée à 4h 1/2 et j’en connais qui ne se sont pas couché(e)s du tout.