Melissmell, la voix pour armer nos luttes
La mélisse, c’est, dans sa lointaine Ardèche, pour soulager les maux des femmes… Melissmell, elle, pose son chant sur les maux de nos existences, de notre société (et c’est qu’il y a du dégât à présent !…). De sa voix elle fait pharmacopée et, plus sûrement encore, armes. Convenons que douze titres, c’est déjà une armurerie, un dépôt de munitions. Nombre de commentateurs, qui sans vergogne se copient les uns les autres, ont voulu voir en cette jeune femme un Cantat au féminin, une cantate donc. Mes confrères manquent cruellement de références. Car, au berceau de ce premier et étonnant opus, on a surtout envie de convoquer pêle-mêle toutes celles qui, peu ou prou, ont fait de leur voix instrument de lutte : les Colette Magny, Francesca Solleville, Catherine Ribeiro, Mama Béa et autres encore. Il y a un peu de ces dames en Mélissmell : des mots précis et accusateurs, des propos d’adultes. Et un souffle de vie qui vous emporte. Avec cependant une voix de presque enfant, Gavroche au féminin galvanisant de son chant les révoltes nécessaires : « Quand les cœurs saignent, bas ton tambour. » Il est beau, très beau, ce chant. Il y a de l’hymne en elle, qui prélève un peu à chaque époque, à tous ceux qui ont osé élever la voix pour chanter autre chose que de la ritournelle, de la savonnette. Il y a une colère qu’elle a voulu légère, qui n’en est pas moins féroce grondement. En cela, Mélissmell est une des plus belles surprises qui soit, presque un doigt d’honneur à une chanson médiatisée qui chaque jour s’étiole plus encore dans son insignifiance, sa bêtise, son inutilité. Même si, à bien regarder, à bien écouter, elle n’est pas la seule loin s’en faut dans une chanson aussi engageante qu’engagée, l’« enfant de la crise » qu’est cette jeune artiste participe à redonner à la chanson sa fonction sociale et politique première, son lustre, son honneur, son mordant. Ce disque est exemplaire !
Melissmell, Ecoute s’il pleut, 2011, Discograph ; le myspace de Melissmell c’est par ici.
(ce billet est la version longue d’une chronique préalablement publiée sur le Thou’Chant)
J’ai découvert Melissmell en regardant le programme de Montauban 2009, elle y a finit deuxième du prix du jury et deuxième du prix du public derrière Carmen Maria Véga mais devant karimouche.Jo Masure l’a réinvitée trois fois en 2010. Une voix incroyable à faire trembler les vitres des salles ! Je pense qu’elle sera nominée aux victoires de la musique où elle aura une victoire. Elle est de la descendance de Ferré. Une récompense méritée pour toute l’équipe qui l’accompagne
Cantat ? Why not. Mais tant qu’à jouer au jeu des ressemblances, c’est quand même avec Mano Solo que la comparaison s’impose, non ?